LE MUR, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme
Durée : 52 minutes
Langue disponible : Français, sous titres en français, anglais, espagnol, italien, russe, allemand, suédois, danois, portugais, hollandais, hébreux.
Le MUR, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme expose le point de vue psychanalytique sur l’autisme, par la bouche de dix psychanalystes et d’un pédiatre proche des cercles lacaniens. Pour la première fois, ces professionnels expriment leurs théories dans un langage accessible aux profanes. Devant la caméra de Sophie Robert, ils exposent longuement leurs convictions intimes sur les causes de l’autisme : une psychose (folie) induite par une mauvaise relation maternelle, et les perspectives offertes par la prise en charge psychanalytique de ce trouble : le nihilisme thérapeutique, avec pour conséquence l’enfermement à vie en établissement psychiatrique.
Le MUR, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, a été réalisé en 2011 par Sophie Robert, et produit par OCÉAN INVISIBLE PRODUCTIONS, en partenariat avec AUTISTES SANS FRONTIÈRES. Cette association, présidée alors par Vincent Gerhards, milite pour la scolarisation des enfants autistes.
Les pays francophones ont plus de 40 ans de retard dans l’accompagnement de l’autisme par rapport aux autres pays développés. Une situation qui a valu à la France d’être condamnée à cinq reprises par le Conseil de l’Europe pour ses manquements graves à l’égard des personnes avec autisme. Ce film de 52 minutes explique pourquoi.
Dans ces territoires, la psychanalyse domine encore très largement la psychiatrie, or les psychanalystes y revendiquent une position hégémonique, alors que leur pratique se fonde sur des théories ascientifiques, qui n’ont pas évolué depuis un siècle.
Ce film a permis de lever la chape de plomb qui pèse sur la prise en charge des troubles envahissants du développement en France, en Suisse romande et en Belgique francophone.
Diffusé en septembre 2011 sur le site d’Autistes Sans Frontières, le MUR ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, s’est répandu en quelques jours de façon virale dans le monde entier, avant d’être poursuivi en justice par trois des psychanalystes interviewés, censuré pendant deux ans, et intégralement réhabilité par la cour d’appel de Douai le 16 janvier 2014.
Le MUR a été complété d’un deuxième long métrage consacré à la théorie sexuelle des psychanalystes le Phallus et le Néant, sorti en salles en 2019.
Les psychanalystes sont une exception française : ils ont pratiquement disparu dans le reste du monde, mais revendiquent dans l’hexagone une forme d’omnipotence et de toute puissance sur le traitement des pathologies mentales. Et pourtant bien peu de français sont en mesure de décoder leur jargon et de comprendre leur façon de penser, protégée par un discours particulièrement opaque, tissé de multiples contradictions qui exercent un effet de sidération sur leur interlocuteur.
Fruit de quatre années d’enquête auprès de 52 psychanalystes, ce travail d’anthropologie psychanalytique fait un état des lieux de la psychanalyse telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Elle va permettre de comprendre comment, ayant échoué à devenir une thérapie, la psychanalyse est devenue au fil des décennies une secte dont l’idéologie se transmet à travers une lecture de plus en plus fondamentaliste des textes des « pères fondateurs ».
Une œuvre documentaire pour comprendre, se questionner et débattre tous ensemble : ce préalable est en effet indispensable au débat national qui doit avoir lieu sur la psychanalyse en France, eut égard à son influence considérable sur la psychiatrie, le médico-social, et la justice (experts judiciaires).
CHRONOLOGIE D’UNE CONTROVERSE JUDICIAIRE ET PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE
7 septembre 2011 : LE MUR, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, est diffusé en avant première au cinéma l’Entrepôt à Paris et simultanément sur le site Internet de l’association Autistes Sans Frontières qui organise l’événement. Aussitôt, parents et associations s’enflamment autour du film qui tend un miroir à leur vécu douloureux. Le Collectif Egalited, le site Autisme Infantile animé par Nathalie Hamidi et Béatrice Bolling, et une constellation d’associations diffusent le film tous azimuts sur les réseaux sociaux de l’autisme.
Deux parents bilingues, Karina et Laurent Alt, le sous titrent en espagnol et en anglais afin de lui assurer une plus large audience. En quelques jours, le MUR se répand comme une trainée de poudre sur la toile, dans les réseaux de l’autisme des pays francophones ainsi qu’à l’étranger.
La blogueuse Magali Pignard, maman d’un petit garçon autiste, elle-même diagnostiquée syndrome d’Asperger, interpelle les psychiatres, chercheurs et personnalités du monde de l’autisme au sujet des propos tenus par les psychanalystes dans le MUR. Le professeur Travis Thompson sera le premier à réagir dans une lettre qui sera traduite en français et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Des célébrités de l’autisme : Temple Grandin, Donna Williams, Pr Tony Atwood , et Judy Baron lui emboîtent bientôt le pas.
5 Octobre 2011 : un huissier de justice fait irruption au siège de la société Océan Invisible Productions dans le but de saisir les rushes des interviews des psychanalystes réalisés par Sophie Robert. Trois des onze psychanalystes interviewés dans le MUR sont à l’origine de cette requête: Alexandre Stevens, Eric Laurent et Esthela Solano-Suarez, tous trois membres de l’Ecole de la Cause Freudienne, dont la figure de proue est Jacques Alain-Miller, gendre et exécuteur testamentaire du plus célèbre psychanalyste français Jacques Lacan. Esthela Solano a accueilli pendant 25 ans des enfants autistes dans son cabinet. Alexandre Stevens est le psychiatre en chef d’une institution pour enfants autistes située en Belgique près de la frontière il y a une trentaine d’années. Le Courtil accueille aujourd’hui près de 250 enfants, majoritairement français dans une orientation strictement psychanalytique. Dans un extrait de son interview Alexandre Stevens rapporte que les seules formations autorisées au Courtil sont la psychanalyse lacanienne et la philosophie.
Le document (ci après intitulé « ordonnance TGI Lille 18/10/2011) autorise l’huissier à venir accompagné d’un commissaire de police afin d’interroger la réalisatrice sur la localisation des rushes. Ceux-ci ne seront pas saisis car ils se trouvent chez son avocat. Néanmoins, Sophie Robert fournira à l’huissier des DVD contenant les extraits des interviews des trois psychanalystes dans leur très large contexte (3 heures de rushes sur 6 heures d’interviews).
27 octobre 2011 : Sophie Robert, la société Océan Invisible Productions, Vincent Gerhards, et l’association Autistes Sans Frontières sont informés d’une requête pour Assignation à jour fixe. La procédure d’urgence, fixée au 8 décembre 2011 (ci après intitulée « assignationàjourfixe08122011″) se tiendra au TGI de Lille. Les trois psychanalystes de l’ECF à l’origine de la procédure, Alexandre Stevens, Eric Laurent et Esthela Solano-Suarez, demandent que leurs propos soient censurés du film car ils estiment que le montage les a dénaturés, afin de les faire apparaitre ridicules et dogmatiques. De surcroit, ils réclament à Sophie Robert, Océan Invisible Productions et l’association Autistes Sans Frontières 290 000 euros chacun au titre de dommages et intérêts pour atteinte à leur réputation. Les trois psychanalystes de l’ECF ont pour avocat Maître Christian Charrière-Bournazel. Vincent Gerhards et les membres de l’association Autistes Sans Frontières sont défendus par Maître Laetitia Benard, du cabinet Allen & Overy. Sophie Robert et Océan Invisible Productions sont défendues à l’époque par Maître Benoît Titran.
Des psychiatres, psychologues, chercheurs en neurosciences et sciences cognitives et personnalités du monde de l’autisme prennent alors publiquement position pour soutenir Sophie Robert et l’association Autistes Sans Frontières : Brigitte Axelrad, Pr Yehezkel Ben-Ari, Olivier Bousquet, Pr Mikkel Borsch-Jacobsen, Pr Thomas Bourgeron, Fabienne Cazalis, Serge Christin, Pr Jean Cottraux, Dr Charlie Cungi, Pr Esteve Freixa i Baque, Pr Nouchine Hadjikhani, Dr Jean-Pierre Ledru, Dr Jean-Pierre Luauté, Dr Frederique Petit, Franck Ramus, Michael Reber, Pr Jacques Van Rillaer, Vinca Rivière, Pr Bernadette Roge, Dr Igor Thiriez, Pr Laurent Vercueil, Tiziana Zalla.
En parallèle Sophie Robert et Vincent Gerhards reçoivent le soutien de nombreuses associations, dont Autisme France, Autisme Europe, et d’innombrables attestations de parents et de personnes avec autisme (le PDF du dossier est consultable ici), à commencer par celle de l’écrivain Hugo Horiot, auteur de « l‘Empereur c’est moi« .
Novembre 2011 : Les trois psychanalystes auteurs de l’attaque judiciaire contre le MUR expérimentent « l’Effet Streisand ». Ce procès pour censurer leurs propres propos produit l’effet inverse d’attirer l’attention des médias sur le film et sur les controverses qui entourent la prise en charge de l’autisme en France. Articles de presse, interviews radio et télévisés s’enchainent, dont France 5, RUE 89, L’Express, le Nouvel Observateur, l’International Herald Tribune et le New York Times.
(Pour la revue de presse détaillée, se reporter à l’onglet « les médias en parlent » en bas de cette page).
Devant le juge des référés de Lille, Sophie Robert et son avocat Me Benoît Titran protestent contre la décision d’accorder aux plaignants l’accès aux rushes et la brutalité du procédé. L’avocat des trois psychanalystes se présente à l’audience en ces termes « Mes clients sont des gens respectables, des notables ». Les magistrats contraignent Sophie Robert à remettre l’intégralité des rushes de leurs interviews aux trois plaignants et contestent sa propriété sur ces interviews (la décision du TGI de Lille est consultable ici). De leur côté, les trois psychanalystes préparent leur riposte. Ils prétendent être co auteurs de leurs interviews, et qu’en conséquence, le film qui en est tiré ne saurait exister sans leur plein accord, même s’ils ont signé au préalable une autorisation de droit à l’image en bonne et due forme.
Dans un communiqué officiel, Hervé Rony, directeur de la SCAM, organisation professionnelle des documentaristes, s’émeut de la situation et apporte son soutien à la réalisatrice, soulignant le risque que ce procès fait peser sur l’ensemble de la profession.
25 novembre 2011 : Vincent Gerhards/Autistes Sans Frontières et Sophie Robert/Océan Invisible Productions donnent une conférence de presse au cinéma L’Entrepôt, à Paris.
Depuis sa diffusion en septembre 2011, le MUR produit un effet libérateur dans le monde de l’autisme. Sophie Robert est assaillie de courriels, messages téléphoniques et facebook de parents qui, chaque jour, du matin au soir, lui décrivent « la double peine » : avoir un enfant autiste, avoir un enfant autiste en France. La réalisatrice découvre l’autre côté du MUR, les conséquences concrètes des propos tenus par les psychanalystes dans l’existence des familles : le surhandicap lié à l’absence de prise en charge adaptée, l’énorme difficulté à scolariser les enfants et leur fournir un accompagnement éducatif, la culpabilisation des parents et en particulier des mères accusées d’être responsables de l’autisme de leur enfant. Cette culpabilisation est fréquemment assortie d’enquêtes sociales préalables à l’ouverture d’une procédure judiciaire de retrait d’autorité parentale pour « défaut de soin » dès lors que les parents remettent en question la prise en charge psychiatro-psychanalytique de leur enfant autiste. De nombreuses institutions pratiquent ainsi un quasi « rapt d’enfants ». Des personnes autistes de haut niveau sont souvent internées de longues années et placées sous camisole chimique au motif qu’elles seraient psychotiques, sans aucune réponse vis à vis de leurs difficultés sociales. Des psychiatres, psychologues, éducateurs et infirmiers psychiatriques témoignent eux aussi de la difficulté à exercer leur métier au sein d’une institution qui récuse le référentiel scientifique et médical au motif que ce qui touche à l’esprit humain obéirait à d’autres lois que celles de la nature.
3 décembre 2011 : L’association Autisme France invite Sophie Robert à son congrès annuel, Porte Maillot à Paris. C’est l’occasion pour la réalisatrice de recevoir un hommage vibrant de l’assistance de l’amphi bleu du Palais des congrès et de rencontrer des personnalités du monde de l’autisme. Sophie Robert fait la connaissance de David Heurtevent, ancien étudiant de l’université de Georgetown, diagnostiqué asperger. Il lui propose de mettre à profit la médiatisation du procès intenté par les trois psychanalystes de l’Ecole de la Cause freudienne pour attirer l’attention des journalistes français et étrangers sur le scandale de la prise en charge psychanalytique de l’autisme en France.
Décembre 2011 : Le premier ministre François Fillon attribue le label Grande Cause Nationale 2012 à l’autisme. Le Collectif Autisme, coalition d’associations œuvrant pour une meilleure prise en charge de l’autisme en France est ainsi créé. Son premier président est Vincent Gerhards, fondateur de l’association Autistes Sans Frontières.
8 décembre 2011 : L’audience pour assignation à jour fixe se déroule devant la troisième chambre du TGI de Lille, à 14H dans une ambiance tendue. Devant le tribunal, une centaine de parents d’enfants autistes manifestent leur soutien à Sophie Robert et l’association Autistes Sans Frontières. Au même moment, 150 parents d’enfants autistes se réunissent pour manifester à Paris devant le siège de l’École de la Cause Freudienne (vidéo). Deux reportages photos sont également visibles ici et ici.
7 janvier 2012 : Choquée par l’affaire du MUR, Brigitte Axelrad, psychosociologue, spécialiste des manipulations de la mémoire, réunit autour de Sophie Robert un groupe de réflexion (psychologues, psychiatres, chercheurs et membres d’associations) ayant en commun le désir d’échanger et de promouvoir les thérapies fondées sur les preuves dans le domaine de l’autisme. De fil en aiguille, ce think tank informel intitulé Lesmuriens, va former le KOllectif du 7 janvier, à l’origine du Manifeste pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves scientifiques, publié le 7 mars 2012.
Des psychologues et éducateurs spécialisés rapportent à Sophie Robert l’émoi suscité par le MUR dans leurs établissements. Des réunions sont organisées pour en parler.
Le 18 janvier 2012: l’ANHDJ Association Nationale des hôpitaux de jour organise une projection du film et de son bonus (exposé de la neuro psychiatre Monica Zilbovicus relatant l’état des connaissances scientifiques de l’autisme). Deux mamans d’enfants autistes s’invitent à cette projection et relatent le débat éloquent qui a suivi.
20 janvier 2012 : Le député Daniel Fasquelle est à l’origine d’une proposition de loi controversée, visant à « interdire l’usage de la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme ». Evelyne Friedel vice présidente d’Autisme Europe lui apporte son soutien. Evelyne Friedel, avocate et maman, est à l’origine de la première plainte déposée devant le Conseil de l’Europe ouvrant la voie au Premier Plan Autisme, de 2005 à 2007.
26 janvier 2012 : Sophie Robert est invitée par Dr Diane Fraser et Pr Travis Thompson à présenter le MUR au cours du congrès annuel de l’ABAI, association de psychologues comportementalistes, à Philadelphie. (Précisions : Sophie Robert n’a pas touché un seul cent de l’organisation ABAI ou toute autre pour sa présentation du MUR aux États-Unis: avion, hôtel, restaurant et frais de doublage en anglais se sont fait aux frais exclusifs de sa société de production. ABAI n’a contribué financièrement à aucun de ses films. Les organisateurs d’ABAI ont souhaité gratifier la réalisatrice du titre de « bienfaiteur de l’ABA », ce que Sophie Robert a refusé pour ne pas entrainer de confusion sur le sens de son travail d’anthropologue de la psychanalyse).
A cette occasion, elle séjourne également à New York en compagnie de Magali Pignard et David Heurtevent. A New York, où David Heurtevent a organisé une conférence de presse le jour du verdict, Sophie Robert fait la connaissance d’Alex Plank, réalisateur du site « Wrong planet » dédié au syndrome d’Asperger, de Richard Pollak, journaliste auteur de la célèbre biographie de Bruno Bettelheim « The creation of Dr B. ainsi que de Stuart Schneiderman, ancien psychanalyste membre de l’Ecole de la Cause Freudienne dans les années 80. Sophie Robert se trouve au siège de l’association Autism Speaks lorsque tombe le verdict du TGI de Lille.
Les magistrats relaxent l’association Autistes Sans Frontières et condamnent les trois psychanalystes à lui verser 2000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive. Par ailleurs le tribunal refuse aux trois psychanalystes la qualité de co auteurs du documentaire.
En revanche, Sophie Robert est condamnée à retirer du film les interviews d’Alexandre Stevens, Esthela Solano-Suarez et Eric Laurent ce qui revient à censurer le film en l’état. La réalisatrice et sa société de production sont condamnées à verser aux trois plaignants 25 000 euros de dommages et intérêts assortis de 9000 euros de publication judiciaire (voir les détails du jugement dans le document intitulé « jugementtgilille26012012.pdf ») Cette condamnation est assortie d’une astreinte supplémentaire de 100 euros par jour tant que le film restera visible. Afin de garantir la censure immédiate du film, les magistrats ont assorti cette décision d’un « effet immédiat » à titre exceptionnel (l’appel étant normalement suspensif).
Sophie Robert annonce sa décision de faire appel et rentre aussitôt en France.
Trois jours après (poster lien pdf document) un huissier fait irruption au siège de la société Océan Invisible Productions pour exiger la remise de 25 000 euros de dommages et intérêts à échéance d’une semaine.
La défense de Sophie Robert est désormais assurée par Maître Stefan SQUILLACI , assisté de maître Nicolas Bénoit pour la partie relative au droit de la presse, ce dont elle leur sera éternellement reconnaissante.
Consécutivement au jugement du 26 janvier 2011, la situation professionnelle de Sophie Robert et sa société Océan Invisible Productions devient extrêmement difficile. Du jour au lendemain les subventions sont refusées, les dossiers ne passent plus, les rendez-vous sont annulés, les interlocuteurs ne répondent plus au téléphone. Nombreux sont ceux qui cautionnent le jugement et lui reprochent d’avoir trahi la confiance de ses interviewés. Les personnes qui lui sont favorables attendent que la situation s’apaise, et que justice lui soit rendue, or il faudra attendre deux ans. L’extrême médiatisation du procès est très préjudiciable à Sophie Robert car il est impossible à ses interlocuteurs d’ignorer la situation. Même si la décision du TGI de Lille ne concerne que trois interviews du MUR, elle fait peser une menace très concrète sur les partenaires potentiels des autres volets de la série documentaire sur la psychanalyse, interdisant de fait Sophie Robert de poursuivre son travail. Le procès a des conséquences sur les films en développement qui n’ont rien à voir avec la psychanalyse ou l’autisme. Des personnes refusent d’être interviewées de peur que leurs propos soient déformés.
Cependant, la réalisatrice reçoit le soutien sans faille de Vincent Gerhards/Autistes Sans Frontières, ainsi que les dons de nombreux parents, associations et chercheurs/psychiatres. Ce soutien financier bienvenu est accompagné d’un soutien moral sans précédent de parents et de professionnels : « Il y aura un avant et un après le MUR » « Vous m’avez ouvert les yeux, je ne les refermerai plus jamais ». Chaque jour d’inombrables messages de reconnaissance et de gratitude confortent la réalisatrice sur la portée sociologique et historique de son travail. Les parents d’enfants autistes ont pris ce procès comme le leur et la décision de justice comme un déni cinglant de leur propre souffrance.
Les soutiens abondent également de l’étranger : Pr Uta Frith, Pr Dorothy Bishop, Pr Joachim Fuentes, Dr Maria Callias, Pr Margot Prior, Pr Anita Tapar, Pr Charles A. Nelson III, Dr Peter Vermeulen, Pr Eric Taylor, prennent officiellement position pour soutenir le MUR, ainsi que l’organisation Autism Speaks.
4 mars 2012 : L’École de la Cause Freudienne organise une conférence de presse à l’hôtel Lutetia, pour défendre la prise en charge psychanalytique de l’autisme. Aucun journaliste ne figure dans l’assistance, la presse n’étant pas conviée à cet événement car les journalistes « ne posent pas les bonnes questions » selon Jacques-Alain Miller qui se chargera donc de le faire pour ses collègues. Alexandre Stevens et Eric Laurent figurent parmi les orateurs.
6 mars 2012 : Après deux années de consultations et de travaux, la Haute Autorité de Santé émet des recommandations sur la prise en charge de l’autisme qui placent la psychanalyse et sa version institutionnelle au rang des thérapies non recommandées (dans la première mouture du document) puis non consensuelles (page 27 de la mouture définitive). Malgré un lobbying intense, Le Nouvel Obs, et Libération font état du désaveux officiel qui pèse désormais sur la prise en charge psychanalytique de l’autisme.
Mars 2012 : Journaliste au magazine Le Cercle Psy, Jean-François Marmion, interviewe successivement tous les protagonistes de l’affaire. Après Sophie Robert, viendront Alexandre Stevens le 7 mars, puis Eric Laurent et Esthela Solano-Suarez le 14 mars. Dans son entretien, Esthela Solano-Suarez se défend vigoureusement d’avoir jamais culpabilisé les mères d’enfants autistes, affirmant qu’il ne serait pas éthique pour un psychanalyste d’agir ainsi. Pourtant, le 24 mai 2012, l‘Express publie la retranscription d’un extrait de l’interview de la psychanalyste qui ne figure pas dans le MUR : pendant 8 longues minutes elle affirme qu’un trouble de la relation maternelle est bien la cause de l’autisme de l’enfant, consécutif d’un « laissé tomber profond » « une faillite au niveau de l’amour ». Dans son édition du 30 mai 2012, Jean-François Marmion (« Le MUR : un rush compromettant pour la psychanalyse ») revient sur le double discours de Madame Solano, et note qu’elle n’a pas souhaité répondre à ses nouvelles questions.
11 avril 2013 : Le psychiatre-psychanalyste Jean-Robert Rabanel, membre de l’École de la Cause Freudienne, se produit au cours d’une conférence sur l’autisme à l’Institut du Travail Social d’Auvergne. Devant un public d’éducateurs spécialisés, il se moque des difficultés d’élocution des personnes avec autisme, préconise de laisser les enfants autistes livrés à eux-mêmes « moins on en fait mieux ils se portent », voire de « les laisser dans des recoins des bâtiments toute la journée ».
Mai 2012 : Maître Stefan Squillaci défend Sophie Robert et Océan Invisible Productions en audience de référé devant la cour de Douai. Il obtient la levée de l’exécution provisoire des dommages et intérêts au titre de l’article 524 du code civil.
Quelques jours plus tard, faisant fi de la décision des magistrats, les trois psychanalystes tentent de saisir 25 000 euros sur le compte de Sophie Robert. La lettre de la banque est consultable ici.
Les trois parties se préparent désormais pour l’audience du procès en appel. Bien qu’ils aient été condamnés en première instance à verser 2000 euros de dommages et intérêts à Autistes Sans Frontières pour procédure abusive, Eric Laurent, Alexandre Stevens et Esthela Solano-Suarez décident de poursuivre à nouveau l’association selon la procédure dite d’appel incident, à l’occasion du procès en appel.
Au cours des mois qui suivent, les avocats des trois parties répondent à leurs conclusions respectives. Puis de multiples incidents vont repousser de mois en mois l’audience de l’appel.
2 mai 2013 : Dans une dépêche AFP ici transcrite par le journal Le Monde, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées annonce le Troisième Plan Autisme, au cours d’une déclaration qui accuse frontalement l’hégémonie psychanalytique en France. Rappel : Les condamnations de la France par le Conseil de l’Europe ont donné lieu au Premier Plan Autisme (2005) puis au Deuxième Plan Autisme (2008) à la suite duquel 28 établissements dits expérimentaux ont été créés. Ces établissements offrent aux enfants autistes une autre prise en charge que la psychanalyse institutionnelle, au bénéfice d’un accompagnement éducatif de type TEACCH ou ABA. Ces 28 établissements accueillent entre 11 et 15 enfants chacun. On estime donc qu’en France à l’heure actuelle seulement 400 enfants autistes sévères sur 250 000 bénéficient d’un accompagnement adapté. Les autres bénéficient soit d’un accompagnement inadapté surhandicapant, soit d’aucun accompagnement. A titre de comparaison, l’établissement le Courtil, créé par Alexandre Stevens accueille à lui seul 250 enfants.
8 novembre 2013 : Près de deux ans après l’audience pour assignation à jour fixe du TGI de Lille, l’audience du procès en appel se déroule devant la troisième chambre de la Cour d’Appel de Douai. Les trois psychanalystes de l’École de la Cause Freudienne sont défendus par Maître Christian Charrière-Bournazel. Vincent Gerhards et l’association Autistes Sans Frontières sont défendus par Maître Laetitia Benard, du cabinet Allen & Overy. La défense de Sophie Robert et Océan Invisible Productions est assurée par Maître Stefan Squillaci (Cabinet Squillaci-Dupont Moretti) assisté de Maître Nicolas Bénoit (cabinet Lussan) pour la partie relative au droit de la presse (le compte rendu de l’audience est consultable ici).
16 janvier 2014 : La troisième chambre de la cour d’appel de Douai remet sa décision (se référer au document intitulé « decisioncourappelDouai16012014″). Statuant sur le fond, les magistrats observent que si le travail de montage avait simplifié les propos des trois psychanalystes, ceux-ci n’avaient été « ni dénaturés ni ridiculisés ». Les juges indiquent dans leur arrêt, page 12, que : « Les psychanalystes ont cependant, comme démontré ci-dessus, librement accepté que leur image et leur voix soient reproduites par extraits et sans contrôle sur l’oeuvre finale et ne peuvent donc reprocher à un réalisateur d’exprimer son opinion personnelle, même s’ils n’ont pas eu connaissance dès l’origine de cette intention, qui a d’ailleurs pu naître en cours de réalisation. Il s’agit là du principe fondamental de respect de la liberté d’expression des auteurs notamment cinématographiques, comme des journalistes d’investigation. Dès lors, seule la preuve d’une faute au sens de l’article 1382 du code civil pourrait constituer un abus de ce droit si était rapportée la preuve de la volonté délibérée de la réalisatrice de nuire aux personnes filmées, par une dénaturation manifeste de leurs propos et/ou une présentation tendant à les ridiculiser. »
Par conséquent, les psychanalystes, qui ont demandé l’interdiction du documentaire, sont condamnés :
« Condamne Esthéla SOLANO-SUAREZ, Eric LAURENT et Alexandre STEVENS, in solidum, à payer à Sophie ROBERT et à la SARL OCEAN INVISIBLE PRODUCTIONS la somme de cinq mille euros (5.000 €) à titre de provision à valoir sur leur préjudice, outre la somme de cinq mille euros (5.000 €) sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile, pour les frais irrépétibles d’appel ;
Condamne Esthéla SOLANO-SUAREZ, Eric LAURENT et Alexandre STEVENS, in solidum, à payer à l’association AUTISTES SANS FRONTIÈRES la somme de cinq mille euros (5.000 €) sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile, pour les frais irrépétibles d’appel« .
Dans un entretien accordé à la Voix du Nord, l’avocat de Sophie Robert, Maître Stefan Squillaci s’est déclaré pleinement satisfait « C’est une victoire totale ». Réaction lisible également sur le site de FRANCE 5.
Février 2014 : Madame Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées apporte le Haut Parrainage du Ministère au nouveau film documentaire de Sophie Robert Quelque chose en plus. Ce film est consacré à la prise en charge éducative, comportementale et développementale de l’autisme.
5 février 2014 : Le Conseil de l’Europe condamne la France pour la cinquième fois consécutive pour ses manquements graves relatifs à l’éducation des enfants autistes. Aux États-Unis et chez nos voisins européens non francophones, 90% à 100% des enfants autistes sont accueillis à l’école, ordinaire pour la plupart, spécialisée pour les autres. En France moins de 20% des enfants autistes sont accueillis à l’école de la République. Un chiffre d’autant plus éloquent que sur ces 20% la plupart ne sont que tolérés dans les petites classes quelques heures par semaine jusqu’à ce que ce surhandicap ne les exclue définitivement du système. Au collège le % des enfants autistes accueillis parmi leurs pairs tombe à moins de 2%. Les parents qui engagent un rapport de force avec les établissements scolaires pour exiger le respect de la loi de 2005 sont fréquemment victimes de signalements aux services sociaux pour « information préoccupante » et menacés de procédure judiciaire de retrait d’autorité parentale.
Mars 2014 : Les trois psychanalystes à l’origine de la procédure, Alexandre Stevens, Eric Laurent et Esthela Solano-Suarez, renoncent à se pourvoir en cassation.
11 avril 2014 : Sophie Robert présente son nouveau film « Quelque chose en plus » en avant première officielle, en compagnie de ses partenaires de la Fondation Autisme (Bertrand Jacques). La séance se déroule à l’hôtel de région Ile de France en présence de Jean-Paul Huchon, président de région, et de Guillaume Blanco représentant du ministère chargé de l’application du Troisième Plan Autisme.
Le MUR ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme a été sous titré bénévolement par des parents, aspies et psychologues bilingues. Le film aujourd’hui disponible en dix langues est connu dans le monde entier.
9 mars 2018 : Le TGI de Paris condamne les trois psychanalystes Eric Laurent, Alexandre Stevens et Esthela Solano-Suarez à verser à Océan Invisible Productions et Sophie Robert 37 000 euros au titre de dommages et intérêts pour le préjudice des deux années de censure du film « le MUR la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme ».
Les trois psychanalystes n’ont pas fait appel.
30 août 2018 : Le documentaire de long métrage « Le Phallus et le Néant » nouvel opus de Sophie Robert consacré au décryptage de la théorie sexuelle des psychanalystes obtient son visa d’exploitation en salles.
CONSULTER LES DOCUMENTS JURIDIQUES
–Ordonnance TGI Lille 18/10/2011
–Assignation à jour fixe 08/12/2011
–Jugement TGI Lille 26/01/2012
–Conclusions Me Christian Charrière-Bournazel
–Conclusions Me Stefan Squillaci – Me Nicolas Bénoit
–Décision Cour d’Appel de Douai 16/01/2014
LES MEDIAS EN PARLENT
AUTISME INFO 31 Interview de Sophie Robert par Céline Courty 26/09/2011
VIVRE FM Interview de Sophie Robert par Vincent Lochmann 12/10/2011
SCEPTICISME SCIENTIFIQUE épisode #132 : psychanalyse et autisme Octobre 2011
RUE 89 Autisme : le docu qui dérange des psys français 04/11/2011
VIVRE FM Interview de Sophie Robert par Anne Voileau 06/11/2011
MEDIAPARTBLOG Autisme: quand les psychanalystes font mur 10/11/2011
TF1 NEWS Des psychanalystes veulent interdire un documentaire sur l’autisme 15/11/2011
LE PARISIEN Des psychanalystes veulent interdire un documentaire sur l’autisme 15/11/2011
LA VOIX DU NORD Bras de fer juridique autour d’un film 16/11/2011
FRANCE 3 NORD PAS DE CALAIS Sujet dans le 19/20 du 16/11/2011
JEAN-MARC MORANDINI BLOG Des psychanalystes veulent interdire un documentaire sur l’autisme 16/11/2011
SCIENCES ET AVENIR Autisme, un documentaire met la psychanalyse à l’épreuve 17/11/2011
RTBF Pr Jacques Van Rillaer parle du MUR (cliquer sur l’Envers des médias, 17/11) 17/11/2011
RMC Brigitte Lahaye interviewe Pr Jean Cottraux qui parle du MUR 17/11/2011
EUROPE 1 Laurent Ruquier Émission On vas’gêner 17/11/2011
RUE 89 Autisme : les psys en guerre contre le film le MUR 19/11/2011
L’EXPRESS Autisme : des psychanalystes attaquent en justice une documentariste 21/11/2011
LE COLLECTIF DES DÉMOCRATES HANDICAPES Le CDH soutiens le MUR 22/11/2011
LE CERCLE PSY Sophie Robert : la psychanalyse doit débattre de l’autisme 23/11/2011
JOURNAL INTERNATIONAL DE MÉDECINE 23/11/2011
FRANCE 5 MAGAZINE DE LA SANTE Sophie Robert invitée du jour émission du 23/11/2011
LE CANARD ENCHAINE L’autisme c’est fou! 30/11/2011
LA CROIX Des psychanalystes veulent faire interdire un documentaire sur l’autisme 29/11/2011
DE STANDAARD Is psychoanalyse een pseudowetenschap? 03/12/2011
THE HUFFINGTON POST French Psychoanalysts Take Legal Action to Ban Film ‘The Wall’ About Autism
PSYCHOLOGY TODAY Judge to Hear Request to Ban Film About Autism 07/12/2012
FRANCE CULTURE Les idées claires de Caroline Elicheff (psychanalyste) 07/12/2012
LIBERATION Autisme : dogmatismes en duel au tribunal de Lille 08/12/2011
20 MINUTES Un documentaire sur l’autisme attaqué par des psys 08/12/2011
LA UNE RTBF L’envers de l’info 08/12/2011 (cliquer sur le 8 décembre)
LA VOIX DU NORD Épilogue ou rebondissement jeudi dans un film judiciaire sur l’autisme 08/12/2011
LE MONDE Un documentaire sur l’autisme suscite la controverse dans le milieu de la psychanalyse 09/12/2011
NORD ECLAIR Mic Mac psychiarique 09/12/2011
L’HUMANITE Un film ravive la guerre sur la prise en charge de l’autisme 09/12/2011
LE NOUVEL OBSERVATEUR Autisme : feu sur la psychanalyse 10/12/2011
FRANCE 3 Nord Pas de Calais Interview du 14/12/2011
REFORME Autisme : un documentaire polémique 16/01/2012
WRONG PLANET Autism in France : psychoanalysis, packing and other travesties 17/01/2012
INTERNATIONAL HERALD TRIBUNE Furor over treating autism in France 20/01/2012
NEW YORK TIMES A french film takes issue with the psychoanalytic approach to autism 20/01/2012
WBUR’S COMMON HEALTH Autism Treatment In France: Retro, Controversial And Featured In Film, ‘Le Mur’
HAD ENOUGH THERAPY? BLOG STUART SCHNEIDERMAN Autism and french psychoanalysis 21/01/2012
REVUE AFIS PSEUDO SCIENCES Autisme, les délires scientifiques des psychanalystes Janvier 2012
TELEGRAPH Ed West parle du MUR et de l’autisme en France 24/01/2012
BBC WORLD Autism in France 25/01/2012
OUEST FRANCE Un documentaire sur l’autisme devant le tribunal 26/01/2012
NORD ECLAIR Autisme : il faut tourner la page de la psychanalyse 26/01/2012
LIBERATION Un documentaire sur l’autisme condamné 27/01/12
HAD ENOUGH THERAPY? Stuart Schneiderman : An army of mothers 27/01/2012
SCIENCE ET AVENIR Autisme la réalisatrice du film le MUR condamnée 27/01/12
L’EXPRESS Un documentaire sur l’autisme interdit 27/01/2012
LA CROIX La justice interdit en l’état la diffusion d’un film controversé sur l’autisme 27/01/12
RUE 89 Autisme le documentaire le MUR condamné par la justice 27/01/2012
FRENCH CONNECTIONS A documentary denouncing the treatment of autism in France censored in court
FRENCH MORNING Sophie Robert dos au mur 29/01/2012
TEMPS REEL/LE NOUVEL OBS Pourquoi les psychanalystes ont perdu 14/02/2012
RUE 89 Sophie Robert : ce que je retiens de la théorie sur le dragon maternel 25/02/2012
OUEST FRANCE Autisme : faisons évoluer les choses ensemble 27/02/2012
LE CARNET PSY Le Mur et les mains sales N°159 2012
GRAZZIA Autisme une honte française 02/03/12
LE CERCLE PSY Alexandre Stevens : pourquoi j’ai porté plainte contre Sophie Robert 07/03/12
LIBERATION Autisme : les psys réduits au silence 09/03/12
EUROPE 1 Emmanuel Maubert La psychanalyse est une théorie dépassée et sexiste 09/03/2012
LE CERCLE PSY Eric Laurent : le MUR n’est pas un documentaire mais un pamphlet 14/03/2012
LE CERCLE PSY Esthela Solano : derrière le MUR c’est la haine qui est à l’œuvre 14/03/2012
LE NOUVEL OBS – LE PLUS Les psychanalystes, premières victimes de la psychanalyse? 16/03/2012
LE NOUVEL OBSERVATEUR Faut-il brûler la psychanalyse? 18/04/2012
LE CERCLE PSY Autisme : la guerre est déclarée juin/juillet/août 2012
L’EXPRESS.FR Quand une psychanalyste rend les mères responsables de l’autisme 25/05/2012
SANTE INTEGRATIVE Dossier le mur la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme mai/juin 2012
A PART ENTIERE, journal de la FNATH Dans le mur mai/juin 2012
SLATE Autisme : la psychanalyse touche-t’elle le fond? 26/05/2012
LE CERCLE PSY Le mur : un rush compromettant pour la psychanalyse 30/05/2012
PARLEMENT BRITANIQUE Le MUR est évoqué au cours d’une allocution sur les droits de l’enfant juin 2012
ROSELYNE BACHELOT A feu et à sang, journal de campagne (chapitre autisme) Juin 2012
METROPOLITAINE Il semblerait que nous les femmes soyons de plus en plus phalliques 12/09/12
JOURNAL EN NOIR ET BLANC Perles de psys 12/09/12
AUTISMO DIARIO Autismo y psicoanalisis en Francia 19/11/2012
LA VOIX DU NORD Interdit par la justice il y a 2 ans le MUR autorisé en appel 16/01/2014
VIVRE FM Le film de Sophie Robert sur l’autisme validé par la justice 16/01/2014
RUE 89 Le « mur » film sur l’autisme finalement libéré par la justice 16/01/2014
LE MONDE Le MUR la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme a nouveau libre de diffusion 16/01/2014
20 MINUTES Censure levée pour un documentaire sur le traitement de l’autisme 16/01/2014
BOOKS N°50 « Comprendre l’autisme » janvier 2014
MEDIAPART BLOG LA FAUCILLE ET LE LABO Une belle nouvelle : fin de la censure contre le MUR 16/01/2014
COLLECTIF SOUTENONS LE MUR Victoire! La censure contre le documentaire Le MUR est enfin levée 16/01/2014
SUPPORT THE WALL Victory! Censorship againts the documentary THE WALL is lifted 16/01/2014
L’EXPRESS.FR THE AUTIST Fin de la censure du film le Mur la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme 16/01/2014
LE PARISIEN (AFP) Le MUR documentaire controversé sur l’autisme autorisé par la cour d’appel de Douai
FRANCE 3 NORD PAS DE CALAIS Sujet dans le journal de midi 17/01/2014
L’EXPRESS Le MUR documentaire controversé sur l’autisme autorisé par la justice 17/01/2014
FRANCE 5 Le documentaire LE MUR la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme pourra être diffusé 17/01/2014
AFIS Psychanalyse et autisme : levée de l’interdiction du documentaire le MUR 18/01/2014
ESTEVE FREIXA I BAQUE Tous les murs finissent par tomber ou l’honneur retrouvé de Sophie Robert 18/01/2014
MEDIAPART JL RACCA La victoire de Sophie Robert une défaite cinglante pour la psychanalyse 21/01/2014
KNACK Documentaire le MUR nagelt psycoanalyitici aan de schandpaal 22/01/2014
KOLLECTIF DU 7 JANVIER Psychanalyse et autisme : levée de l’interdiction du documentaire le MUR 25/01/2014
CLINT.BE Le scandale de l’autisme en Belgique 28/01/2014
FRANCE TV INFOS BLOG DANS VOS TETES L’autorité des psychanalystes à l’épreuve de l’autisme 29/01/2014
LE MONDE L’autisme sous l’objectif 30/01/2014
CONNEXION H Deuxième épisode 10/02/2014
SPAZIO ASPERGER Tutti i colori dello spettro 13/06/2014
TEMOIGNAGES Pour la cause de l’autisme 03/07/2014
STUART SCHNEIDERMAN Livre « The last psychoanalyst » (chapitre 24) juillet 2014
ECO DES PAYS DE SAVOIELutte contre l’autisme, projection unique à Annemasse 05/09/2014
FRANCE 2 Toute une histoire Sophie Davant 09/12/2014
LE CERCLE PSY Sophie Robert « On m’attaque parce que je suis porteuse de mauvaises nouvelles » 28/10/2015
TRANSCRIPTION INTEGRALE DU FILM
S1 : COMMENTAIRE D’INTRODUCTION SUR FOND NOIR
00 00 Commentaire : Depuis plus de trente ans, la communauté scientifique internationale reconnait l’autisme comme un trouble neurologique entrainant un handicap dans l’interaction sociale. Tous les autistes présentent des anomalies dans une zone du cerveau, le sillon temporal supérieur, identifiée en l’an 2000 par le Dr Monica Zilbovicius. En France, la psychiatrie, qui est très largement dominée par la psychanalyse, ignore résolument ces découvertes. Pour les psychanalystes, l’autisme est une psychose, autrement dit un trouble psychique majeur résultant d’une mauvaise relation maternelle. 00 33
S2 ALEXANDRE STEVENS
00 33 AS : Je pense que l’autisme c’est un mode de réaction du sujet qui est évidemment très tôt dans son histoire logique si je puis dire, c’est quand même qu’au fond en réponse à ce qui vient d’envahissement du monde et de l’autre, il se ferme. Il se ferme, il se met dans une bulle et il refuse au fond d’entrer dans les mécanismes de la parole. Mais encore que certains autistes parlent, n’est-ce pas donc c’est lus que de la parole, dans les mécanismes subjectifs. C’est-à-dire parler d’accord, mais sans y être impliqué.
Banc titre :
DR ALEXANDRE STEVENS
Psychanalyste ECF
Psychiatre en chef de l’institution pour enfants le Courtil, Tournai
SR : est-ce que vous faites une distinction structurale entre psychose et autisme ?
Alexandre Stevens : non. Pour ma part, non.
SR : les autistes sont psychotiques ?
AS : Oui. C’est à dire si vous voulez au fond l’autisme est une situation extrême de quelque chose qui est dans le cadre de l’ensemble des psychoses. 01 27
S3 PIERRE DELION
01 28 PD : La distinction structurale qu’on peut faire entre l’autisme d’une part et la psychose de l’enfant d’autre part qui est véritable sur le plan de la description et de la structure sous jacente, en fait ne résiste pas à une analyse dans la continuité entre cette première structure et la deuxième. Il me semble qu’il y a des passages entre la structure autistique et la structure psychotique et la structure dysharmonique. Maintenant si on dit ça on fâche beaucoup les associations de parents d’enfants autistes qui pensent qu’il n’y a rien à voir entre les autistes et les psychotiques. A mon avis c’est une erreur je pense qu’il y a beaucoup de choses à voir. 02 04
Banc titre :
PROFESSEUR PIERRE DELION
Psychanalyste
Chef du service de pédopsychiatrie du CHU de Lille
S4 GENEVIEVE LOISON
02 04 : GL : C’est le crocodile ! Voilà le crocodile ! Alors le crocodile nous indique tout de suite de quoi il s’agit, ils jouent avec et quand ils mettent la main dedans, je suis inquiète, ou un objet dedans, je suis inquiète ; quand ils se mettent dessus et quand ils tapent dessus je suis rassurée !
SR : pourquoi, qu’est-ce qu’il raconte le crocodile ?
GL : ils se battent !
SR : qu’est-ce que ça veut dire le crocodile ?
GL : le crocodile c’est le ventre de la mère, les dents de la mère. 02 28
Banc titre :
DR Geneviève Loison
Psychanalyste lacanienne
Pédopsychiatre référente, Lille
S5GENERIQUE
02 29 (les arbres et le ciel qui tournent + apparition du mur)
Titre : LE MUR
Sous titre : La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme 02 45
S5 GENEVIEVE LOISON
02 46 SR : c’est ce que Lacan appelait la mère crocodile ?
GL : oui, alors tout le but de notre travail c’est de lui interdire de manger… voilà…
SR : De manger l’enfant ?
GL : on lui met une barre, voilà. Voilà. Voilà. Et alors l’enfant quand il commence à sortir de ça, il met parfois sa main ! Parfois il met une figurine dedans.
SR : et ce crayon il représente quoi ?
GL : ben ça c’est, voilà tu ne peux plus, c’est la barre.
SR : c’est le phallus paternel ?
GL : voilà, tu ne peux plus !
SR : c’est la loi du père ?
GL : oui.
SR : qui barre l’enfant à sa mère ?
GL : voilà.
SR : et qui interdit à la mère de détruire l’enfant.
GL : voilà, et de le dévorer.£
SR : est-ce que ça concerne aussi les autistes ?
GL : mais oui. Mais oui. Les autistes, c’est une question de stade, voyez on prend les enfants à un stade, voyez parfois. Les autistes voyez c’est eux qui prennent souvent, ils nous mettent l’enfant là dedans. Ils se mettent là dedans. Là on est assez inquiet hein 03 40
S5 TRIBU NORMANDE
03 48 Guillaume : Bonjour, je m’appelle bonjour je m’appelle Guillaume, je suis autiste de 80% et mon problème c’est que j’ai des troubles de comportement de temps en temps. J’ai essayé d’en faire le moins possible. Mes deux frères s’appellent Julien et Gabriel. Un qui est hyper actif, Julien, il a des troubles de comportement comme moi. Il fait des crises. Et Gabriel qui est « fou ». Qui est fou… hey !!! Et Gabriel qui… Et Julien qui vient m’embêter. Aïe Julien ! Et ils font ça, ils arrêtent pas de me faire tomber !
SR : tu peux nous présenter Julien ? Le grand Julien ?
G : Grand Julien c’est un frère qui est autiste comme moi mais qui ne parle pas. C’est pas mon frère. C’est le frère de Florian. … Sinon il parle pas. …. Au secours ! 04 51
S6 DANIEL WIDLOCHER
04 52 SR : par rapport à aussi bien la psychose que l’autisme il y a une explication qui est traditionnellement utilisée c’est qu’une dépression maternelle pendant la grossesse ou dans les premiers mois de la vie aurait altéré la relation mère enfant et pourrait être responsable de ces troubles graves.
Banc titre :
PROFESSEUR DANIEL WIDLOCHER
Psychanalyste – APF
Ancien chef du service de psychiatrie – Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
DW : alors c’est ce que des collègues sérieux nous disent, par conséquent moi je les écoute. 05 14
S7 ALEXANDRE STEVENS
05 15 AS : ça peut-être le cas, quand l’enfant arrive dans des conditions où l’autre, son premier autre, la mère, est très déprimée, c’est à dire va être absente à lui, va être dans un autre regard sur lui, dans un autre type d’accroche sur lui, que ça puisse l’occasion faire que l’enfant choisisse plutôt de se retirer. Parfois quand la mère est déprimée, in utéro enfin pendant qu’elle est enceinte, ou à la naissance, ça peu, parfois l’enfant peut être autiste. 05 45
S8 GENEVIEVE LOISON
05 46 GL : Hou là, on en vu plusieurs hein, je me souviens c’est quand j’étais en hôpital de jour, hein que je les ai surtout vu. J’ai vu des choses massives, des vides massifs, des troubles… j’ai vu des mères abandonnées. J’ai vu… A chaque autiste il y avait si j’ose dire une cause différente. J’ai vu pas mal de mères abandonnées en fin de grossesse. Et l’enfant… les mères dépressives aussi, les mères dans le baby blues après, abandonnées en fin de grossesse qui font un baby blues après l’accouchement, qui sont elles-mêmes dans le vide et qui mettent l’enfant dans le vide relationnel 06 24
S9 DANIEL WIDLOCHER
06 24 DW : Par exemple une grande carence. Par exemple une maman qui pour des raisons de dépression ne s’occupe absolument pas de son enfant, reste muette devant lui, figée, alors que l’enfant est là en train de s’accrocher à elle, de chercher des contacts, etc. ça peut, si ça dure longtemps dans l’enfance, avoir des conséquences chez le jeune adulte qui va rester très froid, très inhibé sur le plan affectif parce que quand il était petit il a eu le malheur d’avoir une maman très froide si vous voulez 06 58
S10 GENEVIEVE LOISON
06 58 SR : est-ce qu’il y a une plus grande incidence de cas de psychose ou d’autisme dans les pays en guerre, dans les favelas de rio, dans toutes ces circonstances où les mères ont de bonnes raisons d’être déprimées ?
GL : je suis pas au courant, je n’arriverai pas à répondre, je ne peux dire que ce que je vis au cabinet. Voyez je… 07 15
S11 TRIBU NORMANDE
07 16 Sabrina : Là il fume. Il adore faire la fumée donc euh… Il aime beaucoup être dehors.
Banc titre :
SABRINA CAVRET
Maman
S : Donc là c’est la période de l’année qu’il aime le moins parce que ben évidemment il peut pas sortir. … ben manger, et… sinon euh c’est vrai qu’il sait pas s’occuper tout seul, donc c’est se promener, manger, bouger beaucoup, faire du…, alors à l’IME il fait du vélo mais ici bon je peux pas l’emmener parce qu’il sait pédaler mais il sait pas en fait freiner et regarder donc, ce serait risqué. Il fait du roller aussi. Mais selon le revêtement il faut que ce soit très lisse. Donc c’est en salle. 08 05
COMMENTAIRE
08 10 SR : Curieusement, pour justifier de la toxicité maternelle à l’égard de l’enfant, les psychanalystes n’hésitent pas à recourir à la biologie. 08 15
S12 ALEXANDRE STEVENS
08 17 SR : Comment est-ce qu’on peut expliquer qu’une dépression maternelle puisse rendre un enfant autiste ? A commencer par in utero ?
AS : donc tout d’abord in utero il se passe déjà des choses, je ne suis pas spécialiste de l’in utero, mais il se passe des choses in utero : l’enfant bouge, les mères en parlent, les mères lui parlent et réagissent à un certain nombre de stimuli. En effet qu’est-ce que les enfants savent du lien à l’autre in utero ? Ca ne passe pas complètement par le langage, mais ça passe par tout l’environnement des sons corporels. Et… au fond est-ce qu’une mère déprimée quand l’enfant est là in utero, l’enfant en ressent quelque chose ? ça je suis parfaitement incapable de vous le dire n’est ce pas mais en soit moi ça ne me paraît pas une étrangeté que de le penser. 09 08
S13 ALDO NAOURI
09 09 AN : eh bien la plupart du temps le symptôme de l’enfant n’est ni plus ni moins que le symptôme qui lui est imparti d’avoir par l’inconscient maternel principalementparce que les enfants sont dans une relation très très très perméable dans la communication avec leur mère. La gestation conditionne un enfant et le formate, et et et et et et vraiment lui donne quelque chose d’entièrement fabriqué sur le corps, qui lui vient du corps de sa mère ; ça fragilise le terrain c’est-à-dire que ça met l’enfant dans un état où justement sa résistance est altérée par les conditions qui lui sont faites de son environnement. 10 01
Banc titre :
DR ALDO NAOURI
Pédiatre – analyste – essayiste
S14 BERNARD GOLSE
10 02 BG : Parce que le bébé il a une partie, la moitié de ses gènes, de ses chromosomes viennent de la mère, l’autre moitié du père.
Banc titre :
PROFESSEUR BERNARD GOLSE
Psychanalyste – APF
Chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker, Paris
AN : Donc il y a une partie qui est comme la mère, celle là elle pose pas de problème, mais il y a une partie qui est comme le père et qui pose immédiatement un problème et d’ailleurs dès que le bébé est conçu l’organisme maternel va immédiatement secréter une vague d’anticorps très forte pour expulser ce bébé qui est à demi étranger pour le corps de la mère. C’est un peut triste à dire si on veut le dire comme ça mais finalement la première chose que biologiquement la mère ne supporte pas chez son bébé c’est la partie qui vient du père. Alors ce qui est anthropologique là dedans c’est le double non. Hein « non » je ne reconnais pas ce bébé je veux l’éjecter, mais tout de suite un non au non. Ce qu’on va retrouver dans le langage. Il y a toute une question intéressante et dans le langage on va retrouver aussi des doubles négations de ce type là. On a ça au niveau de la biologie. 10 53
S15 TRIBU NORMANDE
10 56 Un joyeux bordel qui fuse dans tous les sens… 11 47
S16 DANIEL WIDLOCHER
11 48 SR : Pourquoi est-ce que les autistes profonds ne parlent pas ?
DW : Je sais pas. Ma première idée c’est qu’ils ne parlent pas parce qu’ils ne sont pas stimulés à la parole. De même que les enfants qui sont très peu entourés par un bain de langage ont quand même souvent des difficultés de langage même s’ils ne sont pas autistes, par conséquent il y a une stimulation dans le langage, une stimulation parentale, de l’environnement, qui est tout à fait importante. 12 15
S17 ALEXANDRE STEVENS
12 17 AS : On n’est pas câblé neurologiquement pour le langage. La psychanalyse s’inscrit pas là si vous voulez… on n’est pas câblé pour le langage, bien sûr il faut avoir les capacités de parler mais l’essentiel est que le langage justement il est hors de l’organisme. 12 33
S18 GENEVIEVE LOISON
12 34 GL : Pourquoi voulez-vous qu’ils communiquent ils sont en fusion. Ils communiquent sans parole, il y a pas de raison d’acquérir la parole. La parole suppose l’accès au symbolique hein, l’accès au père. Ben je ne suis pas qu’avec ma mère. Il existe un père qui m’a créé à l’origine, qui a été le fondateur, avec sa puissance paternelle, qui a créé un enfant. L’enfant ne découvrira que progressivement ça.
SR : En quoi le père incarne–t-il le symbolique ?
GL : ah c’est difficile ça, euh, c’est l’accès à l’abstraction, l’accès à la distance. L’accès, il faut bien parler quand on n’est plus collé. Il vient s’interposer, entre la mère et l’enfant. 13 21
S19 BERNARD GOLSE
13 21 BG : parler à l’autre veut dire qu’on n’est plus confondu avec l’autre. Je veux dire, tant qu’on n’est pas séparé, tant qu’on est confondu dans l’autre, tant qu’on est fusionné dans l’autre, ce qui est le problème des enfants autistes justement, pour qui d’ailleurs l’autre n’existe pas, mais après quand l’autre commence à émerger ils sont encore dans une distance tellement pathologique qu’ils ne peuvent pas parler à l’autre. 13 39
S20 GENEVIEVE LOISON
13 40 SR : Les enfants autistes on dit que leur mère n’arrive pas à capter leur regard ?
GL : ben oui, ils sont pas dans la relation du tout, ils sont restés dans un œuf.
SR : ils fuient la mère parce qu’ils sont fusionnés à la mère ?
GL : ils n’ont pas décollé du tout, moi ce que j’en dis, ils sont restés dans l’œuf, dans l’utérus. Ils sont restés dedans pourquoi voulez-vous qu’ils regardent ou qu’ils parlent ? 14 00
S21 BERNARD GOLSE
14 01 BG : On ne peut penser à l’autre, on ne peut parler à l’autre que si on a pris du champ. Tant qu’on est encore inclus, interpénétré, fusionné avec l’autre on ne peut ni penser à l’autre ni parler à l’autre, c’est presque un truisme. Si le langage nous touche tout au long de notre vie à ce point là et la psychanalyse passe par le langage, c’est que le langage ne parle que de séparation. Ça c’est une vision… très très euh… c’est une vision du développement extrêmement spécifique de la vision psychanalytique des choses. 14 36
S22 TRIBU NORMANDE
14 42 Sandrine : Concrètement c’était quand on l’appelait il nous regardait pas, il répondait pas, tout simplement. Il ne parlait pas, il ne jouait pas avec les autres enfants, aucun centre d’intérêt enfin il ne jouait pas avec les autres enfants, il se mélangeait pas.
Banc titre :
SANDRINE GUY & STEPHANE MOERIS
Maman Papa
Stéphane : retard pour la marche.
Sandrine : c’était Guillaume à deux ans, 18 mois, deux ans, 2 ans et demi même encore. Et c’est vrai qu’il alignait tous les objets, les bouteilles d’eau, les paquets de cigarette, il prenait tout il alignait, il jouait avec les lumières, « jour-nuit-jour-nuit-jour-nuit. C’était assez sympa quoi. Donc pas mal de stéréotypies. Beaucoup de mal à tous les changements en fait. Si on changeait de chemin pour aller à un endroit ça pouvait être une crise, si on passait devant un endroit où il aimait bien aller mais qu’on na s’arrêtait pas, si on passait juste devant, c’était une crise aussi. On faisait frissonner un papier de bonbon, il arrivait en courant, par contre c’est vrai qu’il était à trois mètres de nous, on l’appelait : Guillaume ! Il se retournait pas. Donc c’est vrai que là il y avait des signes assez importants quoi. 15 35
S23 ESTHELA SOLANO
15 43 SR : Le psychisme il évolue pas indépendamment du cerveau, il se promène pas tout seul dans le vide. Si on a d’un côté un enfant normal avec un cerveau qui fonctionne bien et de l’autre un enfant autiste avec un cerveau qui fonctionne pas bien, est-ce que ça ne fait pas une différence fondamentale dans sa capacité à communiquer avec le monde extérieur ?
Banc titre :
ESTHELA SOLANO
Psychanalyste – ECF
Psychologue clinicienne
ES : Cette façon de concevoir la causalité de l’autisme est très réductrice. Ce que nous pouvons constater lorsque nous nous occupons des enfants autistes c’est précisément que les autistes sont malades du langage. Que l’autisme est une façon de se défendre de la langue. 16 30
S24 TRIBU NORMANDE
16 38 SR : Qu’est-ce tu as ressenti quand tu as compris que Guillaume était autiste ?
Sandrine : euh… un coup de massue sur la tête. Enorme. C’est « qu’est-ce qu’il nous arrive ? » qu’est-ce qu’il lui arrive, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ? On se pose vraiment toutes ces questions, on passe par des phases de peur, de colère, de culpabilité. On passe par toutes ces phases, donc et puis on se bouge les fesses et puis on avance après quoi, on se dit ça sert à rien de s’apitoyer, on va trouver ce qu’il faut pour le faire avancer. Pour l’aider à grandir correctement, du mieux possible quoi. S’intégrer aux autres. Donc voilà et on a fait toutes les démarches d’associations et qu’on a appris qu’il avait des méthodes éducatives pour leur apprendre à communiquer, à se développer et diminuer leur angoisse. Donc à s’ouvrir au monde quoi ? Tout simplement.
SR : c’est la méthode PECS ?
Sandrine : PECS, ouais et ça a très bien marché avec Guillaume.
SR : c’est-à-dire concrètement c’est des images ? c’est communiquer avec des images ?
Sandrine : ouais, tout à fait, ouais, c’est-à-dire que pour me demander un verre d’eau ; avec lui j’ai commencé avec une carte parce qu’il prenait de l’eau, il crachait l’eau par terre. Et euh j’ai dit bon, je commence tout de suite avec ça ou, parce que là il va en faire un jeu, je fais tant pis j’essaye, pour me demander l’eau, je lui ai appris à me donner la carte, comme ça dès qu’il me donnait la carte il avait l’eau. Et au bout de deux trois fois il a compris que pour avoir de l’eau il fallait qu’il me donne la carte, donc ça a marché comme ça pour l’eau au début, après ça a continué pour les aliments, et pour plein d’autre choses, et au bout de combien de temps ? Au bout de deux trois mois de PECS il commençait à dire ses premiers mots, et au bout de six mois il utilisait plus le PECS parce qu’il faisait des phrases.
SR : à quel âge ?
Sandrine : il avait presque 4 ans. Donc pour ça, ça a été très bénéfique pour lui. Son langage s’est développé à une vitesse grand V avec le PECS. … Une sacrée victoire ça aussi.
Stéphane : oui.
Sandrine : le premier « maman » : bouh ! On tombe par terre ! 18 33
S25 BRUNO BETTELHEIM
18 37 Commentaire : Le psychanalyste austro-américain Bruno Bettelheim a été le précurseur du traitement psychanalytique de l’autisme. Bettelheim comparait les enfants autistes aux prisonniers des camps de concentration nazis qui se balançaient d’avant en arrière, sidérés de terreur, dans l’attente d’une mort imminente. Raisonnant par analogie, il était convaincu que les autistes étaient victimes de parents tortionnaires, de mères glaciales qui avaient désiré la mort de leur enfant. Les travaux de Bettelheim ont été largement récusés aux Etats-Unis depuis plus de trente ans. Mais qu’en est-il en France ? 19 08
S26 PIERRE DELION
19 09 PD : Bruno Bettelheim est une victime de l’injustice de l’histoire contemporaine. Je pense que il a fait un travail a une époque ou personne il faut bien le dire ne s’intéressait aux autistes, un travail de pionnier tout à fait exemplaire. Il s’est intéressé aux autistes parce que lui sortait d’une expérience de carence artificielle qu’il avait traversé dans les camps de concentration. Il est arrivé dans cette planète autistique en se disant finalement voilà des enfants qui ont peut être souffert de carences d’une façon tout à fait comparable à ce que j’ai vécu comme propre expérience, je vais essayer de les traiter à partir de cette hypothèse c’est-à-dire en les séparant des parents. 19 49
S27 GENEVIEVE LOISON
19 50 GL : Il y avait pas de lien du tout. Des mères qui les ont, si peu de liens, même pendant la grossesse, et après, il y a pas de lien du tout, et l’enfant est abandonné on se demande même comment il a pu être conçu, mais ils sont conçus quand même. Il est complètement dans le vide, la grossesse n’est qu’organique, l’enfant n’existe pas en tant que personne. Il est complètement dans le vide relationnel. Et ça ça donne ce que dit Bruno Bettelheim oui bien sûr. 20 16
S28 YANN BOGOPOLSKY
20 16 YB : Non non, Bruno Bettelheim a dit bien d’autres choses que ça, ça c’est la caricature, je dis pas ça pour vous mais pour ceux qui… euh… il ne s’agit pas d’ailleurs que des mères, il s’agit aussi de la place du père dans le désir de la mère. Et il s’agit d’un certain nombre de données, ne serait-ce déjà que celles avec lesquelles l’enfant est venu au monde, et du lien qui s’est créé ou des désirs de mort que telle mère a pu avoir effectivement pour cet enfant nouveau né, mais toutes les mères qui ont des désirs de mort pour leur enfant, touts ces désirs là ne vont pas faire que leur enfant va être psychotique pour autant ! 21 05
Banc titre :
YANN BOGOPOLSKY
Psychanalyste kleinienne
S29 TRIBU NORMANDE
Transition en images.
Sous titrer l’inscription sur le panneau de la barrière : « ROUTE BARREE »
S30 JACQUES LACAN
21 34 Commentaire : A la fin des années 60, la psychanalyse commence à décliner un peu partout dans le monde, mais elle connait un essor phénoménal en France sous l’impulsion d’un psychiatre ambitieux et charismatique. Pour Jacques Lacan, les enfants psychotiques et autistes sont victimes de l’aliénation à une mère psychogène, une femme qui refuse d’abandonner sa grossesse parce qu’incapable de se séparer d’un enfant substitut d’un pénis quelle n’a pas reçu a la naissance. 21 57
Banc titre :
JACQUES LACAN
Psychiatre – Psychanalyste
S31 YANN BOGOPOLSKY
21 58 YB : Au début l’enfant pense qu’il est le phallus de la mère, c’est-à-dire qu’il est cet objet qui viendrait tout donner, combler la mère, la faire jouir complètement. 22 08
S32 GENEVIEVE LOISON
22 08 SR : l’autisme donc c’est la fusion maternelle ?
GL : Attendez là il y a toutes les théories hein. Pour moi j’ai soit la fusion soit l’abandon complet et le vide. Soit l’un soit l’autre, les deux pôles. C’est pas pareil. Mais quand ils sont complètement dans le vide, mais moi ce que je rencontre ici, dans le cabinet, c’est plutôt une fusion, les abandons complets je les vois pas ils vont en institution. 22 30
SR : Bruno Bettelheim dit que les autistes sont victimes de mères trop froides et d’un autre côté on a Jacques Lacan qui théorise la psychose et l’autisme par la fusion maternelle, par une espèce de relation quasi incestueuse entre la mère et l’enfant ?
Banc titre :
DR Geneviève Loison
Psychanalyste lacanienne
Pédopsychiatre référente, Lille
GL : OUI ! oui, oui. tout à fait.
SR : Donc de l’autre côté on a une mère trop chaude ?
GL : oui, trop chaude ou trop froide ça va pas, il faut une mère comme dit Winnicott suffisamment bonne, ni trop bonne, trop chaude, ni trop vide complètement évidemment. Si il y a rien, si il y a pas de relation ça donnera rien.
SR : comment expliquer que deux attitudes, deux comportements totalement opposés puissent donner le même résultat ?
GL : c’est des mécanismes différents, nous c’est notre travail de remettre entre les deux. 23 08
S33 DONALD WINNICOTT
23 09 Commentaire : Le pédiatre analyste anglais Donald Winnicott est l’auteur du concept de « mère suffisamment bonne » selon lequel une mère qui veut trop bien faire est toxique pour son enfant. Il affirme que la maternité ferait passer les mères et les nourrissons par un stade de folie transitoire, prototype de tous les troubles psychiques à venir.
INSERT GENEVIEVE LOISON brandissant une grosse araignée jouet: « Inconsciemment voilà ce que tu me fais, dans tes pattes ! »
Commentaire : Avec Winnicott la boucle est ainsi bouclée : la maternité est psychogène par nature. 23 38
S34 ALEXANDRE STEVENS
23 44 SR : vous êtes d’accord avec la notion de folie maternelle ? Que toute femme toute mère traverse les premiers mois après l’accouchement une phase de folie qui peut s’avérer problématique pour le nourrisson si elle se prolonge ?
AS : Oui oui, mais ça ne me gène pas du tout le terme de folie maternelle.
SR : Vous êtes psychiatre, la folie c’est quand même très connoté, de manière assez négative, quand même.
AS : ah pas pour moi. 24 06
S35LAURENT DANON BOILEAU
24 08 LDB : Il y a cette idée qu’on appelle familièrement la folie maternelle des premiers temps, c’est-à-dire grosso modo il y a un moment donné où la mère est tellement contente d’avoir son lardon qu’elle fait un tout avec le lardon et qu’il n’est pas question que quiconque intervienne.
SR : pourquoi appeler ça folie d’ailleurs ?
LDB : Parce que il y a l’idée d’une espèce de totalité qui serait, qui donne une espèce de toute puissance, il y a l’idée qu’à partir du moment où on a fait quelque chose comme ça, on est tout puissant, rien ne peut vous atteindre, etc, etc. 24 41 -dire grosso modo il y a un moment donné où la mère est tellement contente d’avoir son lardon qu’elle fait un tout avec le lardon et qu’il n’est pas question que quiconque intervienne.
Banc titre :
LAURENT DANON-BOILEAU
Linguiste MODYCO CNRS-Psychanalyste SPP
Centre Albret Binet, Paris
SR : pourquoi appeler ça folie d’ailleurs ?
LDB : Parce que il y a l’idée d’une espèce de totalité qui serait, qui donne une espèce de toute puissance, il y a l’idée qu’à partir du moment où on a fait quelque chose comme ça, on est tout puissant, rien ne peut vous atteindre, etc, etc. 24 41
S36 GENEVIEVE LOISON
24 42 GL : Vous savez la folie, oui en c’est le premier mois de la vie. Mais le tout, on a tous été fous, hein, et puis, enfin ou presque…
SR : Pourquoi qualifier cet instinct, cette relation, cette capacité hors langage pour la mère à décrypter et comprendre le comportement de son enfant hors langage, pourquoi qualifier ça de folie ?
GL : ben parce que si on en restait là l’enfant irait dans la folie, la folie c’est justement ce que vous demandiez tout à l’heure pour l’autisme, ils en sont restés là. 25 10
S37 LAURENT DANON BOILEAU
25 11 LDB : La folie maternelle, est-ce que la folie maternelle est un obstacle majeur à l’émergence du langage ? Dit sous cette forme là bien entendu que oui ! 25 17
S38 ALDO NAOURI
25 18 AN : La mère se situe du côté de la nature, et de ce côté-là elle est animale si vous voulez, tandis que le père lui a été celui qui a fondé la culture. Ce qui fait dire d’ailleurs à Claude Lévi Strauss cette magnifique définition quand il parle du couple, il dit c’est l’union dramatique de la nature et de la culture. D’accord ? Quand le droit soutien la culture, en disant il y a du père, il dit nous sommes dans la culture, le retour à la nature ne doit pas se faire. 25 50
S39 TRIBU NORMANDE
25 57 Sandrine : On avait refusé qu’il fasse une psychothérapie de groupe, et du coup ils l’ont mis en psychothérapie individuelle, donc on avait oublié de préciser que c’était les deux qu’on refusait quoi en fait. Et là on a eu un rapport, qui a été fait par rapport à l’intervention sur Guillaume, et wouah on est restés verts quoi. C’était des trucs complètement délirants, phobie sexuelle, qu’il se liquéfiait, des termes hallucinants et puis ça nous a fait peur quoi. Donc on a rencontré la psychothérapeute et on a cessé tout de suite ça. C’était du texte de Lacan et on avait mis Guillaume dedans en fait, en gros c’est ça. Et ça fait peur quoi.
Stéphane : et puis ça ressemblait pas à Guillaume ; c’est-à-dire que alors voilà par rapport au miroir, soit disant qu’il avait peur de son image dans un miroir alors que au quotidien il passe devant ça ne pose aucun soucis donc je pense qu’il a aussi joué. Il avait une stéréotypie donc il se mettait par terre et il faisait un peu la feuille. Donc elle a inventé des délires : corps mou sur un sol dur…
Sandrine : ouais, mettre son tout mou sur du tout dur. Franchement… ! 27 06
27 07 Commentaire : Mère trop froide, mère trop chaude, mère trop bonne ou pas assez, mère mortifère, mère fusionnante, mère toxique par nature…
Guillaume : Attention il va y avoir du bruit ! Je vous le signale tout de suite !
Sabrina : gros câlin à sa maman. Il a entendu du bruit, il a peur.
Sandrine : il a peur ?
Sabrina : je crois, hein Juju ? Tu as entendu un gros bruit ?
Commentaire : Il restait pourtant un dernier pas à franchir : Au cours des repérages, plusieurs psychanalystes m’ont affirmé que l’autisme était la conséquence d’un inceste maternel. 27 36
S40 ALEXANDRE STEVENS
27 35 AS : La fonction paternelle consiste à intervenir de deux façons, d’une part à un « dire que non » à la fusion de la mère et de l’enfant, le père est celui qui interdit la mère.
SR : qui interdit sexuellement ? C’est ça ?
AS : qui interdit la jouissance de la mère, c’est-à-dire, c’est-à-entendre dans son équivoque, qui interdit aussi bien que l’enfant jouisse exclusivement de la mère que le fait que la mère jouisse exclusivement de l’enfant. 28 01
S41 JACQUELINE SCHAEFFER
28 02 JS : A la naissance d’un enfant il y a une lune de miel, hein ? Quelque fois c’est pas si lune de miel que ça, ça peut être dramatique, mais il y a une lune de miel, il y a une fusion, il y a une extraordinaire, bon alors quand vous dites euh ne faire qu’un, bien sûr il y a cette fusion, mais en même temps il y a un grand plaisir pris ensemble. Le bébé très rapidement, bon, il y a ce que l’on peut dire, il y a quand même, il y a pas de différence des sexes mais il y a un grand plaisir érotique pris ensemble. 28 29
Banc titre :
JACQUELINE SCHAEFFER
Psychanalyste – SPP
Enseignante formatrice en psychanalyse
S42 YANN BOGOPOLSKY
28 30 SR : Le fait qu’une mère s’occupe de son enfant comme d’un être humain et considère son enfant comme un être humain, c’est pas sexuel ?
YB : eh bien parce que si, la sexualité au départ ce n’est pas au sens où les adultes l’entendent comme sexualité génitale. C’est tout ce qui pour Freud, puisque c’est lui qui a théorisé cela, va être les endroits du corps qui vont donner du plaisir à l’enfant. Donc le corps de l’enfant et le corps de la mère sont là dans une étroite unisson et même le nourrisson qui vient au monde ne sait pas qu’il est séparé du corps de la mère. Il pense ne faire qu’un. Enfin, il pense, on lui attribue cela, il pense ne faire qu’un avec la mère. Donc c’est un travail de séparation des corps et le plaisir que l’enfant va avoir dans le rapport à l’autre, qui est d’abord la mère va se faire 1) dans un corps à corps et 2) les plaisirs vont avoir trait aux différents orifices du corps. 29 34
S43 LAURENT DANON BOILEAU
29 34 LDB : Il y a des psychanalystes qui il y a très longtemps ont parlé de quelque chose qu’ils ont appelé la censure de l’amante. ça veut dire une chose très simple, ça veut dire que quand la mère est en train de changer le nourrisson, et puis que tout d’un coup elle prend un peut trop de plaisir à son propre goût dans le toucher qu’elle a du nourrisson, et elle se dit mais oh là là c’est bizarre, c’est pas logique, là je le traite pas comme…
SR : un truc incestueux ?
LDB : un truc un peu incestueux, qu’est-ce qu’il se passe ? Eh bien elle va penser à l’homme avec lequel elle l’a conçu, en d’autres termes à son amant et du coup ça va créer une distance entre elle-même et le nourrisson en question, c’est ce qu’on appelle la censure de l’amante.
SR : il faut qu’elle ait un homme dans la tête pour qu’elle soit pas dans une relation incestueuse avec son enfant ?
LDB : C’est pas il faut que, c’est qu’on ne peut pas y échapper ! 30 28
S44 JACQUELINE SCHAEFFER
30 29 JS : Dans les soins maternels la mère peut très bien exciter le pénis d’un petit garçon, je veux dire, les soins maternels, et les petits garçons ne s’en privent pas, on a beaucoup de petits garçons qui quand ils sont langés, quand ils sont… voyez, nettoyés par la mère, euh le petit pénis réagit. 30 45
S45 YANN BOGOPOLSKY
30 45 YB : Le père est là pour dire l’interdit et en même temps protéger l’enfant. C’est-à-dire protéger l’enfant du désir incestueux de la mère.
SR : vous pensez que toutes les mères ont des désirs incestueux envers leur enfant ?
YB : ah oui, qu’elles en aient conscience ou pas ! Oui.
SR : D’où vous vient cette conviction ?
YB : Oh bah déjà des écrits psychanalytiques, je veux dire le désir il n’est pas interdit c’est sa réalisation qui l’est.
SR : Mais que l’amour d’une mère pour son enfant est un désir incestueux, c’est….
YB : eh bien oui parce que déjà elle a beaucoup de mal à se séparer de son enfant qui est né, il y a là une unité qui se fait qui si le père de l’enfant, ou celui qui occupe cette place, qui n’est pas forcément le géniteur, ne vient pas dire à la mère que la jouissance, ça se passe entre eux, ne vient pas rappeler son désir à la mère et la jouissance qu’elle va pouvoir avoir par le truchement de ce désir qui les lie tous les deux, la mère va avoir une jouissance à caresser son enfant à pouvoir l’avoir sur le corps toute la journée, que sais-je enfin, et va jouir… et c’est pour rappeler votre question de tout à l’heure que le corps en cela que la sexualité pour autant qu’elle ait à voir avec la jouissance que donne le corps, et qui est reprise par le langage, est d’emblée présente dans les questions des psychanalystes. 32 20
Commentaire :Dans ce cas pourquoi la grande majorité des incestes sont-ils perpétrés par des hommes ? 32 25
S46 ALDO NAOURI
32 26 AN : d’abord il faut vous signaler une chose c’est que l’inceste père fille est infiniment plus fréquent que l’inceste mère fils. Et pourquoi est-ce qu’il n’a pas ou plus d’inceste mère fils ? Pour une raison simple c’est que l’attitude maternelle à l’endroit des enfants qu’ils soient garçons ou filles est une attitude d’essence incestueuse spontanément. Le rêve de toute mère c’est que son enfant ne manque de rien, la disposition maternelle à l’endroit de l’enfant est une disposition incestueuse, donc elle n’a pas besoin de passer à l’acte. Dans son attitude, il y a déjà suffisamment de choses, elle ne passe pas à l’acte. 33 07
Banc titre :
DR ALDO NAOURI
Pédiatre – analyste – essayiste
S47 JACQUELINE SCHAEFFER
33 08 JS : L’inceste paternel ça fait pas tellement de dégât. Ça rend des filles un peu débiles, mais l’inceste maternel ça fait de la psychose. C’est-à-dire des, c’est la folie. Il ne peut pas y avoir d’inceste maternel, d’un garçon avec sa mère, sans qu’il y ait un énorme trouble mental, c’est pas possible. A cause justement de cette fameuse barrière, mais la fille avec le père, elle est pas issue du père, hein, elle a pas été dans le ventre du père ; donc il y a quelque chose voyez c’est un inceste secondaire, moi je dirais ça. Alors que l’inceste primaire, le véritable, c’est la mère. C’est de pénétrer la mère. Et les garçons qui pénètrent leur mère ils sont psychotiques. Alors que la fille non. Les filles peuvent, on a beaucoup d’expérience de filles avec un inceste paternel, se débrouillent pas trop mal. Bon, on ne peut pas dire que ça va très très bien. Il y en a qui sont très très mal, il y en a qui sont moins mal, et puis il y en a qui se débrouillent en… autrement. Ce que je disais, un petit peu débiles. Mais c’est… c’est très différent. 34 10
S48 TRIBU NORMANDE
34 14 Commentaire : Pour les psychanalystes le père est lui aussi coupable : coupable d’être absent ou transparent, coupable d’être soumis à sa femme, coupable d’avoir été incapable de s’interposer entre l’enfant et l’ogre maternel. 34 44
S49 GENEVIEVE LOISON
34 47 GL : Il a pas pu ! Hein, souvent vous savez combien de fois on voit des pères qui auraient voulu et c’est ce que bon on appelle la forclusion. La forclusion du nom du père.
SR : qu’est-ce que ça veut dire ?
GL : bonne question ! ça veut dire que le père en termes simples a fait l’enfant mais qu’il n’existe pas, on le nie, on nie son existence.
SR : la mère nie son existence ?
GL : nie, euh, sa fonction, son existence, il n’y a que elle et l’enfant qui compte, le père n’existe pas, il est peut être là pour apporter un peu d’argent, il est là comme un figurant. Il n’a pas la fonction d’un mari, aimé, considéré, dans sa parole. Hein quand la mère considère la parole du père, l’enfant découvre la parole.
SR : si l’enfant ne parle pas c’est que la mère déconsidère la parole du père ?
GL : ben il y en a pas beaucoup ici c’est surtout en hôpital psychiatrique, en hôpital de jour que j’avais les gros autistes profonds. 35 40
S50 ESTHELA SOLANO
35 40 ES : Fondamentalement la fonction du père c’est une fonction symbolique. Et des fois le père réel ne porte pas cette fonction symbolique. Il peut être absolument adorable et gentil et néanmoins l’enfant se trouve confronté à une carence symbolique du côté de la fonction paternelle. 36 03
Banc titre :
ESTHELA SOLANO
Psychanalyste – ECF
Psychologue clinicienne
S51 GENEVIEVE LOISON
36 04 GL : Ou alors il n’a pas de place et alors il n’existe que dans la violence, ou il est lui-même violent.Parfois on se rend compte qu’il est violent pour pouvoir exister, et qu’il force les portes en quelque sorte, quand on ne les lui ouvre pas ! 36 20
S52 ESTHELA SOLANO
36 22 ES : Quand on parle de fonction paternelle on parle de quelque chose qui oriente dans la vie, c’est comme une sorte d’autoroute, une boussole.
SR : Pourquoi est-ce que la mère en tant que femme ne pourrait pas donner une assise à l’enfant ? Même livrée à elle-même ?
ES : il y a des mères qui peuvent bien transmettre une fonction paternelle.
SR : Mais pourquoi est-ce que ce n’est pas une fonction maternelle ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas une symbolique maternelle ? Pourquoi lui donner un sexe ?
ES : la loi de la mère c’est une loi du caprice. 36 55
S53 ALDO NAOURI
36 58 AN : En 1984 il y a un biologiste qui fait la démonstration assez extraordinaire que le placenta est d’origine paternelle exclusive c’est-à-dire qu’il est sous le contrôle de gènes portés par le spermatozoïde. Autrement dit le placenta c’est ce qui permet à une mère de ne pas détruire son enfant et à un enfant de ne pas tuer sa mère.
SR : ce qui permet à la mère de nourrir son enfant.
AN : oui qui permet, qui fait transiter et filtre tout ce que la mère peut apporter comme nourrit, autrement dit c’est un élément régulateur entre eux, c’est une interposition ce placenta. C’est-à-dire que en gros on a le sentiment comme ça que l’attitude du père à l’intérieur des décisions qu’il prend de ce patriarcat qu’il instaure de cette domination masculine etc. a été toujours une recherche empirique de cette fonction que le placenta occupe et qui permet à chaque enfant de venir au monde sans être détruit. 38 06
S54 TRIBU NORMANDE
38 06 Sandrine : Plus petit comme il avait un diagnostic d’autiste euh, enfin sévèrement autiste, on partait sur l’idée de l’IME quoi. L’IME d’Avranches qui quand même a une bonne réputation par rapport à l’autisme, et puis au fur et à mesure du temps en fait il n’y a pas mis les pieds parce que à l’école ça se passait super bien, il se développait bien, le langage se développait super bien, il a de très bonnes compétences, en maths entre autres. Et puis maintenant en fait tu vois, il est arrivé en 6ème.
SR : il est à l’école à plein temps ?
Sandrine : à temps plein, 6ème normale, avec des difficultés bien sûr, il y en a. Il a une auxiliaire de vie qui est avec lui en classe, qui l’accompagne mais dans l’ensemble, ça se passe super bien, et t’as des super résultats en plus.
Guillaume : oui.
Sandrine et Stéphane : ouais !
Sandrine : ce qui le différencie des autres collégiens en fait c’est en récré, en récré il fait des stéréotypies des fois il va faire des jeux que les ados font plus, il va pousser ou alors il va faire des petits cris, il va faire des… il aime beaucoup Mario kart, donc il va faire Mario kart dans la cour de récré, donc les autres enfants sont un peu… mais bon ils ont eu une information complète, pour ça le collège a été super, Guillaume est déjà connu d’autres enfants.
G : les animaux ils ont peur là ?
Sandrine : et puis ils ont prévenu les élèves de sa classe, donc ça a fait le tour et ça passe bien quoi.
SR : c’est quoi la matière que tu préfères ?
G : maths.
SR : pourquoi tu aimes les maths ?
G : parce que c’est facile. 39 31
S55 COMMENTAIRE
39 31 Commentaire : Depuis Bruno Bettelheim, le grand principe psychanalytique du traitement des autistes consiste à séparer les enfants de leurs parents. Des parents qui subissent parfois des pressions pour suivre une thérapie car ils sont considérés comme la source du problème. Aujourd’hui encore en France et en Belgique un certain nombre d’institutions psychiatriques sont des lieux de vie inaccessibles aux familles qui ne sont pas tenus informées de ce qu’il s’y passe. En quoi consiste le traitement psychanalytique des enfants autistes ? 39 55
S56 ESTHELA SOLANO
39 56 ES : Disons que lorsqu’on reçoit un enfant autiste on pratique une psychanalyse qui est une pure invention. On se trouve en face d’un sujet qui la plupart du temps ne dispose pas du langage. 40 12
S57 LAURENT DANON-BOILEAU
40 13LDB: Bon, moi je suis plutôt du genre à être disons comme dans une attitude d’observation. C’est-à-dire, avec un enfant autiste j’en fais très peu. Très peu ça veut dire quoi ? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j’attends qu’il se passe quelque chose. Et j’oublie, j’essaie d’oublier tout. J’oublie le temps, j’oublie qu’on est pressé par le temps pour qu’il acquière le langage, j’oublie tout. Parce que je me dis qu’à partir du moment où je suis dans cette espèce d’apesanteur, il risque de se passer quelque chose que je ne peux pas prévoir. 40 57
Banc titre :
LAURENT DANON-BOILEAU
Linguiste MODYCO CNRS – Psychanalyste SPP
Centre Alfred Binet, Paris
S58 ALEXANDRE STEVENS
40 57 AS : Vous voyez des auteurs comme Tustin ou Magaret Mahler au fond expliquer comment il s’agit d’abord d’apprivoiser l’enfant. Là on est en cabinet, mais c’est la même chose en institution. Apprivoiser l’enfant, je ne sais plus laquelle des deux décrit ça, il s’agit de se tenir un peu en retrait, pas dans la direction de son regard, ne pas parler trop fort, suivre ce qu’il dit plutôt qu’essayer de le précéder. 41 25
Banc titre :
DR ALEXANDRE STEVENS
Psychanalyste ECF
Psychiatre en chef de l’institution pour enfants le Courtil, Tournai
S59 ESTHELA SOLANO
41 25 ES : Aucune volonté de maîtrise, aucune volonté éducative, aucune imposition de quoi que ce soit. 41 34
S60 BERNARD GOLSE
41 35 BG : au fond on essaie par tous les moyens de faire sentir à l’enfant autiste qu’un autre existe qui n’est pas menaçant. 41 42
S61 ESTHELA SOLANO
41 43 ES : Il s’agit justement de prendre en compte les détails les plus insignifiants et de s’apercevoir que ce détail insignifiant peut être interprété comme voulant dire quelque chose et donc petit à petit on peut intervenir en supposant que là il y a un signe, donc nous le prélevons comme étant de l’ordre d’un vouloir dire. 42 22
S62 LAURENT DANON-BOILEAU
42 23 LDB: Moi si l’enfant ne fait rien de toute la séance, si je somnole à côté de lui ça m’est égal. Je suis habitué à ça dans mon travail de psychanalyste. Mais ça suppose un certain nombre de trucs. 1) ça suppose de pas s’emmerder quand on pense avec ses idées à soi. 2) ça suppose aussi de ramer à l’encontre de tout un fonctionnement social qui veut que on est pressé par le temps, c’est bien gentil tout ça mais quand même, et si l’enfant est encore comme ça dans dix ans c’est pas vous qui allez, etc. Tout cela est vrai, je me mets dans la position d’être psychanalyste, ça veut dire de n’avoir ni mémoire ni attente, et à partir de ce moment là il se passe quelque chose, et ça c’est une attitude je pense qui est une attitude psychanalytique, profondément. 43 19
S63 BERNARD GOLSE
43 20 BG : quand…. Peut-être… ouais.
BG : je suis sensible à ce que vous me dites qu’il faudrait que le spectateur sente quad même qu’on accepte d’aller au bout de nos convictions.
SR : ben oui
BG : …………43 44
Banc titre :
PROFESSEUR BERNARD GOLSE
Psychanalyste – APF
Chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker, Paris
S64 LAURENT DANON-BOILEAU
43 47 LDB : Si vous chantez une petite chanson et que l’enfant autiste il s’y trouve pas mal, il y a quelque chose qui se passe. Alors vous allez me dire il y a pas besoin d’être psychanalyste pour ça. Si, si vous n’en faites pas une méthode éducative. Si, si vous vous dites après tout ce que l’enfant va en faire je m’en br… je m’en moque, visiblement ça à l’air de l’intéresser, on fait ça et puis on verra bien après. Ou on verra pas après. Le point fondamental de mon attitude en tant qu’analyste vis-à-vis de ces enfants là c’est le fait d’abdiquer l’idée d’une progression. Et ça ne va pas de soi, hein, je vous prie de croire que… Mon idéal analytique me fait exigence d’abandonner cette dimension là, mais il se trouve que j’appartiens à une société dans laquelle je suis payé pour donnerdu soin. Par conséquent je suis en conflit, mais ça la situation de conflit, si un analyste est pas foutu de la vivre il faut qu’il change de métier parce que c’est le fondement même de la pratique analytique. 44 46
S65 PIERRE DELION
46 47 SR : quel est l’impact de la psychanalyse sur les enfants autistes ? Qu’est-ce qu’un enfant autiste peut raisonnablement en attendre en terme de résultat ?
PD : Mais ça je ne peux pas répondre à ça, c’est pas une question de psychanalyste ça ! 44 57
Banc titre :
PROFESSEUR PIERRE DELION
Psychanalyste
Chef du service de pédopsychiatrie du CHU de Lille
S66 LAURENT DANON-BOILEAU
44 57 SR : Qu’est-ce qu’un enfant autiste peut raisonnablement attendre d’un travail analytique ? en termes de résultat ?
LDB : le plaisir de s’intéresser à une bulle de savon. Je peux pas vous répondre autre chose… 45 33
S67 TRIBU NORMANDE
46 04 Commentaire : Et pourtant des solutions existent : elles s’appellent PECS, TEACCH et ABA. Ces méthodes éducatives et comportementales ont été mises au point aux Etats-Unis il y a plus de trente ans pour permettre aux autistes de communiquer et s’ouvrir au monde. Grâce à ces outils adaptés à leur handicap, les jeunes autistes font en quelques mois des progrès considérables. Hélas les psychanalystes s’opposent farouchement à leur implantation en France. 46 26
S68 ALEXANDRE STEVENS
46 42 AS : Dans le monde francophone, l’envahissement par les techniques cognitivo-comportementales est un envahissement nouveau. Récent, mais très présent actuellement, la psychanalyse se bat contre cet envahissement. Un certain nombre de collègues notamment Jacques Alain Miller ont pris la tête de cette lutte, de ce combat, d’autres aussi dans d’autres mouvements. C’est un combat très important pour maintenir vivant la dimension de la subjectivité, des singularités de chaque sujet par rapport à cette idée comportementale du réglage par cases. 47 25
S69 ERIC LAURENT
47 25 EL : Si vous voulez il s’agit en effet pour la psychanalyse d’être aussi cet appareillage de désenchantement. Il y a des espoirs qui surgissent du côté de la biologie, et ces espoirs ce serait merveilleux d’y croire. Si on peut croire que demain, demain on va avoir les solutions ! Eh bien la psychanalyse comme discours coruscant envers toutes les croyances est d’essayer de pouvoir faire vivre l’humanité sans quelle croie à des lubies trop importantes, ça fait partie de son effort. Donc le dialogue avec les neurosciences c’est pas simplement nous-mêmes nous informer des résultats et faire valoir que cela ne change pas notre pratique fondamentale, l’orientation de notre pratique, c’est aussi d’essayer de pouvoir faire vivre l’humanité sans avoir de trop grands espoirs dans les différentes bonnes nouvelles qui sont publiées tous les jours et qui sont faites pour essayer de maintenir un taux de bonne nouvelle dans un environnement où il y en a fort peu. 48 27
Banc titre :
ERIC LAURENT
Psychanalyste – ECF
Enseignant formateur en psychanalyse
S70 TRIBU NORMANDE
48 35 Commentaire : Dans les années 80, 100% des psychiatres et psychologues français étaient formés a la psychanalyse. Depuis les années 90 cette tendance décline, mais ils sont encore près de 80% aujourd’hui… Une situation unique au monde avec l’Argentine qui a des conséquences énormes sur la prise en charge du handicap. 48 56
S71 GUILLAUME
49 10 Commentaire : A 4 ans Guillaume était diagnostiqué autiste sévère. Sa psychiatre a refusé d’appliquer sur lui les méthodes de communication adaptées aux autistes et déconseillé son intégration scolaire. Mais ses parents ont tenu bon. Grace à leur ténacité et la rencontre d’une équipe pédagogique formidable, Guillaume suit aujourd’hui une scolarité normale. Il est un excellent élève… 49 30
S72 JULIEN
49 34 Commentaire : Faute de place dans une structure adaptée à son handicap, Julien a passé sa petite enfance en hôpital psychiatrique de jour. A 14 ans il est totalement dépendant, pour les moindres gestes du quotidien. Aujourd’hui Julien est suivi dans un centre pour enfants qui s’occupe très bien de lui, mais seule une éducation spécifique, adaptée au comportement des autistes, lui permettrait de devenir continent, moins dépendant et peut-être même d’apprendre à parler. En France, ces éducateurs spécialisés sont rares, donc chers, inaccessibles aux moyens de sa maman. 50 04
S73 EPILOGUE
50 18 Commentaire : On estime entre 430 000 et 600 000 le nombre de personnes avec autisme en France. 50 23
GENERIQUE DE FIN LE MUR
Ecrit et réalisé par
Sophie ROBERT
Produit par
OCÉAN INVISIBLE PRODUCTIONS
Musique originale
Marc BOUR
Image
Jérémy LEPELLEY
Nicolas BITAUD
Peterson ALMEIDA
Montage
Peterson ALMEIDA
Jonathan RIO
Mixage
Laurent RODIER
Location de matériel
AUVITEC
Avec la participation de
AUTISTES SANS FRONTIERES
Vincent GERHARDS
Delphine PILOQUET
Remerciements
Sabrina CAVRET
Julien SALMON
Sandrine GUY
Stéphane MOERIS
Guillaume MOERIS
Julien MOERIS
Gabriel MOERIS
Et par ordre alphabétique
Yann BOGOPOLSKY
Laurent DANON-BOILEAU
Pierre DELION
Bernard GOLSE
Eric LAURENT
Geneviève LOISON
Aldo NAOURI
Jacqueline SCHAEFFER
Esthela SOLANO
Alexandre STEVENS
Daniel WIDLOCHER
PHOTOS EN SUPPLEMENT
A venir.
Dr Alexandre STEVENS, psychiatre-psychanalyste (ECF) fondateur de l’institution pour enfants autistes Le Courtil.
Eric LAURENT, psychanalyste (Ecole de la Cause Freudienne)
Esthela SOLANO-SUAREZ, psychologue-psychanalyste (ECF) spécialisée dans l’autisme
Pr. Bernard GOLSE pédiatre-psychanalyste (APF), chef du service pédopsychiatrie de l’hôpital Necker
Pr. Pierre DELION, psychanalyste, chef du service pédopsychiatrie de l’hôpital Fontan (CHRU Lille métropole)
Dr Geneviève LOISON, psychiatre-psychanalyste (ALEPH), pédopsychiatre référente de la métropole lilloise
Laurent DANON-BOILEAU, linguiste et psychanalyste, psychanalyste au centre Alfred Binet pour enfants autistes
Pr. Daniel WIDLOCHER, psychanalyste (APF), ancien chef du service psychiatrie de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière
Jacqueline SCHAEFFER, psychanalyste (SPP), auteurs d’essais multiples sur la féminité.
Yann BOGOPOLSKI, psychanalyste d’orientation kleinienne, spécialiste de l’inceste et la pédocriminalité.
Dr Aldo NAOURI, pédiatre d’orientation lacanienne, auteurs d’essais sur la relation maternelle.