Le développement psycho sexuel de l’enfant : pour en finir avec l’Oedipe
Une pédopsychiatre et trois psychologues déconstruisent la théorie oedipienne, et parlent de la réalité du développement psycho sexuel de l’enfant, pour faire le point sur ce qui fait consensus aujourd’hui au sujet de la « sexualité infantile ».
Durée : 71 minutes
Langue disponible : FR
Peut-il y avoir un désir d’inceste de la part d’un enfant ?
La théorie freudienne de la sexualité fait jouer un rôle central au complexe d’Œdipe. Cette théorie œdipienne suppose que l’enfant se développe à travers un désir d’inceste exprimé envers ses parents dès l’âge de 3 ans. Les psychanalystes font jouer à ce supposé « désir d’inceste » un rôle nodal, voir développemental, parce que selon eux toute la psychopathologie humaine est sensée découler de la gestion de ce désir.
Quand les psychanalystes parlent de « poser l’interdit de l’inceste » dans leur esprit c’est un interdit qui s’adresse à l’enfant, exprimé par un adulte, pour contrer les penchants naturels de l’enfant.
Freud parlait des tous petits comme de « pervers polymorphes ». Il supposait que sans interdit de l’inceste explicitement posé par les pères, mères et enfants s’adonneraient spontanément entre eux à des échanges à caractère incestueux.
J’invite les personnes incrédules à regarder mon film « le phallus et le néant » pour constater par eux-mêmes l’interprétation véritablement sexuelle du désir oedipien pour les psychanalystes orthodoxes.
Pourquoi parler de ces vieilles lunes psychanalytiques aujourd’hui ? Parce que ces théories criminogènes sont encore largement utilisées en France dans les tribunaux où elles contribuent à décrédibiliser la parole des enfants victimes et dédouaner les auteurs de crimes sexuels sur mineurs. Bah oui pourquoi s’en priver ? Les avocats des auteurs pris sur le fait disposent d’un arsenal théorique profondément ancré dans la culture française qui dit que l’enfant peut être consentant aux rapports sexuels qu’ils leur ont fait subir. Voire même qu’il peut en être à l’initiative et que cela ne lui a pas forcément fait de mal ! ça dépend du contexte et du sexe de l’enfant, ce sont les psychanalystes qui le disent et Freud est encore au programme du bac.
Le problème c’est que parler de sexualité infantile n’a pas vraiment de sens pour des psychologues et psychiatres à jour de connaissances scientifiques, alors que les psychanalystes persistent à lui faire jouer un rôle très important. Du coup chaque fois qu’il s’agit de se poser des questions sur le consentement d’un enfant dans les cas d’inceste, ce sont les vieilles lunes freudiennes qui ressortent, encore et toujours, polluant les débats de théories toxiques et criminogènes.
Pour en finir avec ce complexe d’Œdipe, et contribuer à protéger les enfants victimes de violences sexuelles, j’ai invité sur ce plateau une pédopsychiatre et trois psychologues. Ensemble nous allons déconstruire la théorie oedipienne, puis nous parlerons de la réalité du développement psycho sexuel de l’enfant, pour faire le point sur ce qui fait consensus aujourd’hui au sujet de la « sexualité infantile ».
Une émission de 71 minutes produite par Océan Invisible Productions et Ninsun Project.
Animée et réalisée par Sophie Robert.
Dre Hélène DENIS : pédopsychiatre au CHU de Montpellier.
Boris GUIMPEL : psychologue – sexologue TCC.
Aude FIEVET : psychologue spécialisée dans l’accueil des victimes de violences sexuelles, Vice présidente de l’association le Monde à travers un regard.
Inès DEBRY : psychologue du développement auprès enfants avec troubles du neuro développement. Cabinet Marnay.