LE PHALLUS ET LE NEANT
Durée : ce long métrage de 120 minutes, classé art et essai, est sorti en salles en 2019
Langue disponible : Français, sous titres français et anglais.
Sophie ROBERT a interrogé 18 psychanalystes freudiens et lacaniens orthodoxes pour décortiquer avec eux la théorie sexuelle, en leur demandant d’assumer la dimension politiquement très incorrecte de leurs théories. Ils se sont prêtés au jeu avec une gourmandise visible. Le résultat est stupéfiant :
La femme n’existe pas / la femme c’est un trou / il n’y a que du masculin dans l’inconscient / il n’y a pas de rapport sexuel possible entre un homme et une femme / les homosexuels sont des psychotiques qui s’ignorent / les enfants ont des pulsions sexuelles /seule la perversion permet le rapport sexuel / l’inceste ça ne fait pas tellement de dégâts, ça rend juste les filles un peu débiles.
Ces hommes et ces femmes sont tous des références dans leur domaine. Ces psychanalystes sont également enseignants formateurs dans les UFR de psychologie et les cursus de psychiatrie. La plupart interviennent dans des instituts accueilllant des enfants autistes.
Quelles sont les conséquences de ces théories sur les patient.e.s victimes de violences sexuelles?
Bienvenue dans la 4ème dimension !
Bible graphique : Maxime GRIDELET
Portraits crayonnés : Alice LAVERTY
Musique originale : Robin SEBE
En co production avec CROSS RIVER PRODUCTIONS
Avec les voix de : Louise de FLEURY, Mathilde WAMBERGUE,
Mathieu DEMARS, Catherine ARONDEL, Joel DUPRE LATOUR
Pourquoi l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste soutient le film Le Phallus et le Néant ?
PAR ISABELLE AUBRY, PRESIDENTE FONDATRICE DE FACE A L’INCESTE (ex AIVI)
Sans l’échec de ma psychanalyse, l’AIVI n’existerait pas. Je pensais, depuis ma première lecture freudienne à dix sept ans, que la technique psychanalytique, pourrait m’aider dans mon rétablissement. Plus tard, pendant six ans, je me suis allongée sur un divan lacanien dans le but de devenir psychanalyste, pensant ainsi pouvoir aider d’autres survivants de l’inceste comme moi. La suite ne s’est pas déroulée comme je m’y attendais.
Lorsque j’ai parlé de l’inceste, pendant l’instruction et après le jugement de mon père, à aucun moment un adulte s’est dit qu’il y avait en moi une enfant traumatisée qui avait besoin de soins. Livrée à moi-même, j’ai cherché de l’aide dans les livres et j’ai commencé à lire Freud. Ainsi j’ai découvert la psychanalyse. D’abord « la théorie de la séduction » ou « Neurotica » qui reconnaissait qu’un événement réel extérieur vécu dans l’enfance, comme l’inceste par exemple, pouvait être traumatique et créer une névrose à l’âge adulte. J’ai continué, boulimique de connaissances, à découvrir ce monde de la psychanalyse en lisant « tout Freud » bien sûr, mais aussi Lacan, Ferenczi, Jung et tant d’autres. Mais, je ne sais pourquoi, j’ai occulté l’impact du revirement Freudien lorsqu’il a abandonné l’événement réel extérieur vécu dans l’enfance par la théorie du fantasme.
Quelques années plus tard, j’ai rencontré un psychiatre extraordinaire qui m’a sauvé la vie en quatre années de psychothérapie traditionnelle. A 27 ans, j’allais bien mieux ce qui m’a décidée à réaliser ma nouvelle ambition professionnelle, devenir psychanalyste pour aider d’autres survivants à mon tour. Même si « le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même » selon la formule consacrée, j’ai fait le tour des différentes Ecoles psychanalytiques pour en apprendre plus sur cette technique. Je savais qu’il me faudrait en passer par une tranche de divan, je m’y suis employée pendant six années. J’en suis ressortie en dépression majeure avec la conviction que cette voie n’était pas la bonne, selon mes valeurs, pour aider d’autres victimes ayant vécu réellement l’inceste et non fantasmé l’inceste comme le prétendait Freud.
J’ai été prise en charge dans un centre de soins spécialisé en victimologie et j’ai cherché une autre forme d’aide complémentaire. A ce moment crucial, j’ai trouvé un groupe de parole thérapeutique pour survivants de l’inceste. Ce fut un choc. Je n’étais pas seule, je n’étais pas folle, ce que je vivais était normal. Mais il y avait tant à faire car pour trouver ces ressources, j’ai suivi un véritable parcours du combattant. C’était la naissance d’internet, alors j’ai décidé de mettre mon expérience et ces ressources en ligne. Immédiatement, de nombreux survivants du monde francophone (français, suisses, belges, canadiens…) se sont retrouvés dans ce groupe. Nous avons décidé en 2000 de créer l’AIVI pour abolir la prescription, inscrire l’inceste dans le code pénal et en finir avec le consentement présumé de l’enfant à un acte sexuel avec un adulte.
Même si ce constat d’échec sur l’efficacité de la psychanalyse a été douloureux, je ne regrette rien car j’ai ainsi pu créer l’AIVI. En 2005, l’INSERM a évalué trois approches thérapeutiques à la demande du ministère de la santé. Les patients voulaient savoir à qui s’adresser en fonction de leurs pathologies mentales. Sur 16 pathologies, la psychanalyse est arrivée bonne dernière. Philippe Douste Blazy alors ministre de la santé a fait retirer le rapport de l’INSERM du site internet du ministère, promettant à un parterre de 1000 psychanalystes qu’ils n’en entendraient plus parler (1). Et les patients dans tout ça ?
Vingt ans plus tard, je suis heureuse de mon choix. Je ne serai jamais psychanalyste mais j’ai appris à me méfier des dogmes. Chaque survivant de l’inceste trouvera de l’aide ou de l’entraide selon ses besoins, au moment qui lui conviendra, en fonction de son chemin personnel. L’AIVI soutient le Phallus et le Néant car ce film de Sophie Robert montre à quel point les théories peuvent conduire à l’ignorance de la souffrance humaine et à l’absence d’empathie. Je l’ai vécu pendant six années sur un divan lacanien alors qu’au début j’avais entièrement confiance en cette technique.
Nadège et Sacha, membre de l’association, ont accepté de témoigner de leur parcours face caméra. Leurs mots sont poignants, leur force admirable, un grand merci à elles.
(1) http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/146/expcol_2004_psychotherapie.pdf?sequence=1
LIENS MEDIAS
Le Magasine de la santé
L’OBS : https://lephallusetleneant.com/10-revu-de-presse/10-le-nouvel-obs-17-01-2019
Le dauphiné : https://lephallusetleneant.com/images/DL%204-01-2019.pdf
Paris Normandie : https://www.paris-normandie.fr/art/loisirs/le-documentaire-polemique-le-phallus-et-le-neant-projete-au-cinema-d-evreux-MG14473593#
Le petit bulletin : http://www.petit-bulletin.fr/grenoble/cinema-article-63314-Le+Phallus+et+le+Neant+en+rencontre-debat+le+mercredi+23+janvier+a+la+Nef+.html
Le petit bleu : https://www.petitbleu.fr/2019/01/28/le-phallus-et-le-neant-paroles-electrochocs-de-psy,7979339.php
La nouvelle république des Pyrénées : https://www.nrpyrenees.fr/2019/01/29/le-phallus-et-le-neant-le-documentaire-qui-seme-le-trouble-dans-les-esprits,7982111.php
Zibeline : https://www.journalzibeline.fr/critique/la-psychanalyse-sur-le-divan/
La Croix : https://media.blogs.la-croix.com/freud-fin-de-partie-1/2019/02/07
EDITH : https://lephallusetleneant.com/10-revu-de-presse/12-edith-fevrier-mars-2019
Jeunes Médecins.fr https://www.jeunesmedecins.fr/actualites/le-phallus-et-le-neant-ou-les-derives-de-la-psychanalyse?fbclid=IwAR0sQEm7voGiPRhsdK3c7sKJgkI7wul1Hf9T3tbeM4v651Q4hM47JLw_tGM
Ouest France : https://lephallusetleneant.com/10-revu-de-presse/13-ouest-france-02-03-2019
Sens critique : https://www.senscritique.com/film/Le_Phallus_et_le_Neant/critique/190937667?fbclid=IwAR3YEO7z4z-E_Boqy3DcLGEAccPW_NxWeKNu0souY271uv4vQzz70t-s0kY
L’est Eclair : https://lephallusetleneant.com/10-revu-de-presse/14-est-eclair-18-03-2019
RADIO VOSTOK https://radiovostok.ch/le-phallus-et-le-neant-la-psychanalyse-figee/
Cherie FM : ITW à mettre en ligne
Le courier de Genève := https://lephallusetleneant.com/10-revu-de-presse/15-le-courrier-de-geneve-article-par-adrien-kuenzy-17-juin-2019
TRABNSCRIPTION INTEGRALE DU FILM
TRANSCRIPTION INTEGRALE DU FILM
GÉNÉRIQUE DE DEBUT SUR FOND NOIR
OCEAN INVISIBLE PRODUCTIONS
Présente
En coproduction avec
CROSS RIVER PRODUCTIONS
Un film de
SOPHIE ROBERT
LE PHALLUS ET LE NEANT
TIME LAPS ARC DE TRIOMPHE
COMMENTAIRE 1 (sur time laps arc de triomphe)
Il existe plusieurs façons de soumettre une personne. Pour la plupart des gens, l’autorité et la menace suffisent. Si cette personne est intelligente et cultivée, il faut la convaincre que prêter du sens à un jargon incompréhensible lui permettra d’accéder à une connaissance suprême. Partir en quête d’une vérité cachée, inaccessible au commun des mortels, que seul un petit nombre d’individus serait en mesure d’appréhender au prix d’un rituel long, pénible et coûteux. Le prix à payer pour faire partie d’une élite…
CUT SUR SPLIT SCREEN PEOPLE FAISANT LAPEOPLE FAISANT LA PROMOTION DU DIVAN
-Lio « je suis en psychanalyse lourde trois fois par semaine»
-Laurent Ruquier introduit Gérard Miller « le plus célèbre psychanalyste du paf , Gérard Miller !»
-Le divan Marc Olivier Fogiel et Fabrice Luccini (off)
-Marcel Rufo sur France 5 (off)
-Elisabeth Roudinesco sur Europe 1 (off)
-Caroline Eliascheff (off)
-Bernard Golse sur France 5 (off)
-Claude Halmos (off)
-Boris Cyrulnik dans la Grande Librairie (off)
-Documentaire de France 3 sur Dolto (off)
COMMENTAIRE 2 (sur les écrans)
Les psychanalystes sont omniprésents dans les médias français, où des personnalités leur font une publicité sans relâche. Les journalistes les convient à donner leur avis sur tout, persuadés que la pratique du divan leur donne une prescience sur les ressorts de l’âme humaine. Les psychanalystes impressionnent par leur maitrise du langage, leurs références culturelles, et l’emploi d’un jargon hermétique qui sidère leur interlocuteur. Les psychanalystes parlent le psychanalyste, une langue obscure pour le profane qui se dit « je n’ai rien compris donc ça doit être très intelligent ».
IMAGES TOUR MONTPARNASSE, PASSANTS RUE SAINT MICHEL ET ANIMATION SUR DES BOUQUINS DE PSYCHANALYSE
COMMENTAIRE 3
Je trouve étrange qu’une corporation aussi influente soit aussi hermétique pour la population. C’est pourquoi j’ai mené une enquête, motivée par une question centrale : Où en sont les psychanalystes aujourd’hui de leur théorie et de leur pratique ? Qu’ont il fait de l’héritage de Freud et Lacan, face aux découvertes des sciences, et l’évolution des mœurs d’une société profondément différente de l’époque victorienne où sont nées les théories freudiennes ? Je pars du principe que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Le but de mon travail est d’amener les psychanalystes à décoder leur théorie et leur pratique afin qu’elle soit compréhensible pour chacun d’entre nous. Or avant de se positionner comme une thérapie de l’esprit, la psychanalyse c’est d’abord une théorie sexuelle, très étrange mais très structurée.
Cut sur extraits d’ITW des psychanalystes de l’intro, insérées dans un cadre noir épais.
Toutes ces séquences d’ITW sont présentées avec un léger zoom avant dans l’image.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Ce que Freud dit c’est que la vie psychique est en conflit permanent du fait de la sexualité.
ITW JEAN MICHEL HIRT
Il n’y a pas de sexualité harmonieuse ; il n’y a que une sexualité boiteuse pourrait-on dire, à l’image d’Œdipe, d’ailleurs, qui est quelqu’un qui boîte.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Le refoulement c’est quelque chose qui est tout à fait important parce que la sexualité humaine elle est de l’ordre de l’excès, on ne pourrait pas se laisser envahir par les, les pulsions sexuelles, le moi si vous voulez est obligé de se défendre de cette, de ces pulsions sexuelles.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Parce que le désir est non seulement un désir d’inceste, il est fondamentalement un désir d’inceste, mais il est aussi un désir de destruction, un désir d’esclavagisation, un désir d’incorporation. Parce que disons à l’horizon de la jouissance humaine, de ce qui fait jouir un être humain depuis la naissance, il y a une part de cette jouissance qui est fondamentalement nocive et qui cherche à se satisfaire.
ITW JEAN MICHEL HIRT
Pour Freud, les pulsions sexuelles sont quand même des pulsions qui sont de l’ordre du cannibalisme, de l’inceste, du meurtre!
ANIMATION SUR LES MOTS SEXUELS : PHALLUS, CASTRATION, LIBIDO, ŒDIPE, INCESTE, PULSIONS, ÇA, ENVIE DU PÉNIS, DÉSIR, JOUISSANCE, CASTRATION.
COMMENTAIRE 3-bis
Cette vision de la sexualité charpente la clinique psychiatrique des psychanalystes et leur compréhension du développement de l’enfant.
J’ai découvert qu’en dépit de leurs innombrables querelles de chapelles, ils se reconnaissent entre eux comme psychanalystes à travers l’adhésion à une poignée de concepts sexuels qui servent de fondations à toutes leurs théories.
SPLIT SCREEN TROMBINOSCOPE DES 18 PSYCHANALYSTES DU FILM en 2 X 9 écrans.
COMMENTAIRE 4
Que raconte cette théorie sexuelle ? Pour le savoir, j’ai filmé 18 psychanalystes freudiens et lacaniens, ainsi qu’un pédiatre très inspiré par le courant lacanien. La plupart sont écrivains et enseignent aux futurs psychanalystes. Ils ont la double étiquette de psychologue ou psychiatre ce qui leur permet de diffuser la psychanalyse dans les universités de psychologie et les facultés de médecine. En parallèle à leur pratique privée, ils exercent dans des hôpitaux psychiatriques ou des établissements médicaux sociaux. Je leur ai demandé d’expliquer leur vision de la sexualité et des rapports hommes femmes en assumant la dimension politiquement très incorrecte de leurs théories. C’est la première fois qu’un tel événement se produit devant une caméra.
COMMANDEMENT N° 1
Il n’y a que du phallus dans l’inconscient
Dessin : un visage féminin avec un pénis dans le crâne
ITW ESTHELA SOLANO
L’inconscient dans ses productions est plutôt une machine qui tourne autour du phallus. Une machine phallique.Synthé Esthela SOLANO-SUAREZ
ITW JEAN MICHEL HIRT
La libido est considérée comme une énergie active, c’est-à-dire quelque chose qui prend l’individu et le pousse à s’engager dans le monde. Synthé Jean-Michel HIRT
ITW RICHARD ABIBON
Qu’on soit petit garçon ou petite fille, la chose qui apparaît comme évidente sur le corps, c’est : là il y a un truc qui dépasse, le phallus, et là il y en a pas. La seule explication qu’ils se donnent tout de suite, c’est ils ne voient pas de phallus sur le corps d’une femme, ils en voient un sur le corps d’un enfant, du coup c’est le phallus qui devient quelque part la norme dans les questions de sexualité. Synthé Richard ABIBON
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
Le seul organe qui compte c’est l’organe mâle ! Synthé Claude PARCHLINIAK
ITW JACQUES ANDRE
La petite fille qui veut pisser debout témoigne de cette manière aussi du primat du phallus, moi aussi je peux pisser debout, moi aussi je peux être debout et non pas baissée, debout et pas accroupie. Le pouvoir appartient à ceux qui se dressent, pas à ceux qui se baissent, sa vie va être bâtie là-dessus. Femme phallique. Synthé Jacques ANDRE
ITW YANN BOGOPOLSKI
La question du phallique, à a voir avec un imaginaire de puissance qui est accordée à ce que la théorie psychanalytique a mis de l’avant comme faisant la différence des sexes.
Synthé Yann BOGOPOLSKI
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Parce que le pénis c’est un organe visible et puis érectile, comprenez c’est pour ça qu’il a le, il a cette symbolisation de puissance. Synthé Jacqueline SCHAEFFER
ITW JEAN MICHEL HIRT
D’une certaine façon le phallus représente l’acte sexuel dans sa réalisation potentielle à savoir pour qu’il y ait acte sexuel il faut une érection donc un pénis dressé
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
On considère que c’est le porteur de la pulsion parce que lui, il va en avant, il va… il, il, il est, il est visible. Le désir est visible.
ITW JEAN MICHEL HIRT
Mais on ne représente pas le sexe féminin puisque de toutes
façons il n’est pas visible donc ce que l’on représente c’est la visibilité du sexe masculin par le biais du symbole phallique.
ITW JACQUES ANDRE
Le phallus c’est un emblème, c’est le pouvoir représenté, c’est une érection permanente, il n’y a pas détumescence du phallus, le phallus est dressé en érection, érigé, on lui rend un culte, c’est un dieu.
SEQUENCE D’ANIMATION (SCENES 1 à 7 : DECOUVERTE DE JULIE)
1-EXT/JOUR /RUES-CAFE
Le cadre circule dans les rues de Paris et slalome entre les passants comme un oiseau.
2-EXT/JOUR /RUE-CAFE
Trois filles de 25-30 ans déambulent dans la rue. Elles rigolent et gloussent gaiement tout en se dirigeant vers un café branché où se trouvent déjà un groupe de garçons.
Au moment d’entrer dans le bar, un homme et une femme passent auprès d’elles en discutant.
PASSANTE 1
La psychanalyse c’est une question d’hygiène mentale.
Les deux amies de Julie entrent dans le bar.
Julie se fige dans la rue, elle observe les deux passants s’éloigner.
Julie se tient près de la porte mais hésite à entrer dans le bar.
Ses deux amies se sont jointes à la foule, sans remarquer que Julie est restée à l’extérieur.
3-EXT/JOUR /RUE
Julie déambule sur le trottoir.
Julie s’arrête près d’un abri bus. Deux hommes discutent entre eux.
PASSANT 2
Tu vois quelqu’un toi ?
PASSANT 3
Ma femme commence à me faire chier ! Je pense que je devrais refaire une tranche.
4-EXT/JOUR/RUE-KIOSQUE À JOURNAUX
Le cadre circule dans la rue et déambule entre les passants comme un moineau des villes.
Julie est dans un kiosque à journaux. Elle achète « psychologie magazine ». Le vendeur lui rend sa monnaie.
Julie regarde la couverture du magazine.
(Le cadre se scinde en plusieurs parties, cadré, plan large et close up sur le magazine)
Sur la une du magazine, le portrait de Catherine Deneuve est assorti d’un gros titre accrocheur « à quoi sert notre inconscient ? »
5-EXT/JOUR/PASSAGE PIETON
Julie traverse un passage piéton. Elle croise le regard d’un homme au volant de sa voiture.
Le visage/regard de l’homme est traversé par un léger flou fugace.
6-EXT/JOUR/SQUARE
Julie traverse un square.
Nous découvrons parmi les passants des personnes dont le visage apparaît flou et tourmenté, par intermittence, alors que le reste de leur image est parfaitement nette :
Une femme déambule en tenant ses deux enfants par la main.
Un homme qui promène son chien.
Julie éprouve un malaise diffus…
7-EXT/JOUR/SQUARE
Julie s’assoit sur un banc et plonge dans la lecture du magazine. Des voix bruissent autour d’elle.
VOIX 1
La psychanalyse c’est un voyage intérieur.
VOIX 2
Elle a une dimension libératrice.
VOIX 2
T’as pas de psy ?!? Mais t’as un problème ?!
En split screen apparaissent les visages de nombreux people en une de « psychanalyse magazine »
ITW MONIQUE SCHNEIDER
Freud va beaucoup insister sur la nécessité pour une fille, d’intégrer, enfin de prendre en soi également un modèle phallique, masculin, parce qu’autrement elle n’aura pas de quoi comprendre, elle ne pourra pas affirmer son goût de savoir, et par exemple Freud conseille à ses collègues psychanalystes femmes qu’elles n’ont qu’à utiliser leur part masculine, même pour savoir ce qu’est le féminin. Synthé Monique SCHNEIDER
COMMANDEMENT N° 2
La femme est un homme raté
Dessin : une femme à barbe et moustache
ITW GERARD POMMIER
La jouissance féminine reste tout au long de la vie, à titre de
déclencheur ou même à titre complet, clitoridienne, c’est-à-dire phallique !
Synthé Gérard POMMIER
En split screen double écran avec Monique SCHNEIDER :
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Parce que comme Freud dit la petite fille est un petit homme.
ITW MONIQUE SCHNEIDER
La petite fille est un petit homme.
ITW GERARD POMMIER
Y’a pas de fille qui se coupe de sa masculinité. Les filles sont d’abord des garçons et je veux dire c’est pour la vie durant qu’il y a cette part active du côté féminin. SR : ce qui est actif c’est forcément masculin ? GP : haaaaapfffff je répète ou ? (rire)
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Il n’y a rien de plus authentiquement femme qu’une femme qui s’approche au plus près du masculin. Parce que, parce que effectivement le corps de la femme est phallique.
Synthé JP Winter
ITW GUIDINO GOSSELIN
Il n’y a pas plus beau phallus que la femme.
CITATION DE FREUD SUR PORTRAIT CRAYONNE DE FREUD
« Le clitoris de la fille se comporte d’abord tout à fait comme un pénis, mais l’enfant faisant la comparaison avec un camarade de jeu masculin le perçoit comme « un peu court » et ressent de ce fait comme un préjudice et une cause d’infériorité »
Sigmund Freud, la disparition du complexe d’Œdipe, 1923
COMMENTAIRE 5
Au fondement de cette théorie sexuelle, Freud projette sur les femmes son propre complexe du vestiaire. Ça commence mal…
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
C’est si vous voulez cette valorisation du pénis qui fait que le clitoris avec lequel une petite fille peut se donner du plaisir est dévalorisé Elle peut même abandonner sa masturbation clitoridienne, parce que c’est rien du tout, c’est un petit machin de rien du tout.
ITW MONIQUE SCHNEIDER
CJe laisse Freud parler à ma place et parler du psychisme, j’ai l’impression qu’il parle (rire) de moi en plus.
ITW JEAN MICHEL HIRT
C’est d’abord ce que l’on voit que l’on désire. Et ce que l’on ne voit pas n’est pas vécu comme quelque chose de désirable. SR : mais la vulve c’est pas quelque chose d’invisible. JMH : C’est pas quelque chose d’invisible mais c’est pas quelque chose qui en même temps est proéminent, comme le sexe masculin. SR : oui mais une petite fille elle a des sensations internes ! JMH : tout à fait ! Absolument, mais son sexe n’est pas vécu comme quelque chose qui lui donne un plus. Il y a là un plus par rapport à un moins.
ITW GUIDINO GOSSELIN
Il y a des femmes qui désirent être un homme, qui désirent porter le phallus. Certaines femmes font l’homme et je crois que être un homme et être une femme ça ne représente rien, ce n’est pas votre corps qui fait que vous êtes un homme ou une femme ; Vous êtes peut être un homme ? Il suffit de voir maintenant les athlètes, est-ce que ce sont des hommes, est-ce que ce sont des femmes ? Synthé Guidino GOSSELIN
TIME LAPS TOUR MONTPARNASSE
COMMENTAIRE 6
Tous les psys ne sont heureusement pas à l’image des psychanalystes freudo-lacaniens orthodoxes. Il existe d’excellents thérapeutes dont le travail quotidien permet à de nombreuses personnes de rester debout. Mais il est important d’être vigilant.Aller voir quelqu’un pour parler de soi est la base de toute relation psycho-thérapeutique. Se raconter pour dénouer les fils emmêlés de son existence est très bénéfique et peut sauver une vie. Si la psychanalyse se résumait à cela, elle ne poserait aucun problème. Mais elle serait profondément différente de ce qu’elle est en réalité : un musée vivant en droite ligne de l’ère victorienne, plaqué sur le vécu des analysants.
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
Jeme suis aperçue que énormément de jeunes femmes qui n’arrivaient pas à se trouver un conjoint stable étaient PHALLIQUEMENT LOURDES. Alors la première lourdeur d’une femme c’est d’être complètement autonome financièrement, d’avoir besoin en rien d’un homme donc déjà sur le plan portefeuille et sa carrière d’homme, il n’a aucun poids phallique. SR : ça, ça veut dire que avoir de l’argent, avoir une carrière, gagner de l’argent c’est être phallique ? MCL : ah ça c’est phallique oui, c’est même la définition de la phallicité. SR : donc automatiquement une femme est, ne peut pas être femme et mener une carrière et gagner de l’argent ? Automatiquement il y a un hiatus entre les deux ? MCL : EN TOUT CAS ELLE DEVIENT UNE FEMME A PHALLICITE LOURDE pesante, si elle est belle c’est pire, parce que la beauté c’est phallique aussi. SR : comment est-ce qu’on peut expliquer que la beauté c’est phallique ? MCL : ah parce que c’est quelque chose qui a une valeur, quand même, tout le monde admire, elle peut s’en servir. Ce n’est pas son manque, tout ça n’est pas du côté du manque. Synthé Marie-Christine LAZNIK
SEQUENCE ANIMATION (SCENES 8 à 11 : JULIE PREMIERE SEANCE)
8-EXT/JOUR/IMMEUBLE CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie se trouve devant la porte extérieure d’un bâtiment ancien. Elle lève les yeux pour vérifier le numéro du bâtiment. Elle hésite un instant car la sonnette ne porte pas de nom.
Julie consulte un post it et appuie sur un interphone pourvu d’un simple numéro. Un clic retentit et la lourde porte s’ouvre devant elle.
9-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie, intimidée, pénètre dans une pièce de taille moyenne, dans laquelle se trouvent un divan, deux
fauteuils, un bureau et une bibliothèque remplie de livres. Julie découvre la pièce, intimidée.
JULIE (pensée)
Qu’est-ce que fous là ?
La déco est un peu surannée, mais sans exagération. Le secrétaire et la bibliothèque sont remplis de bibelots et de cadres dans lequel on distingue des portraits de Freud et Lacan.
Certains bibelots sont des répliques de ceux qui se trouvaient dans le cabinet de Freud.
Un aquarium rond nanti d’un poisson rouge est posé sur le bureau de la psychanalyste, devant la fenêtre (le cabinet est situé en étage).
Julie découvre une petite femme ronde d’une cinquantaine d’années qui porte un pull à col roulé orange et des lunettes.
JULIE
Bonjour.
La psychanalyste est assise à son bureau, elle indique le divan à Julie d’un geste de la main :
LA PSYCHANALYSTE
Je vous en prie.
Son visage est lisse, sans expression (sourire de Joconde).
Julie regarde le divan. Elle réprime le désir de s’enfuir.
Le regard de Julie est irrésistiblement accroché par certains détails ridicules : le collier de perles en plastique vert qui orne le cou de la psychanalyste, un cadre de Freud dans la bibliothèque, le pull à col roulé orange qui moule les seins de la psychanalyste, le poisson rouge qui sinue dans son bocal, l’étiquette de prix restée accrochée sur le socle d’un bibelot posé sur le rebord de la fenêtre.
LA PSYCHANALYSTE
Qu’est-ce qui vous amène ?
Julie réprime un rire nerveux et l’envie de s’enfuir. Mais finalement elle s’assoit sur le divan, et commence à parler, très intimidée.
JULIE
Je… je… je sais pas… en fait, je pense que je me suis trompée.
La psychanalyste scrute Julie avec un regard pénétrant :
LA PSYCHANALYSTE
Il y a quelque chose qui ne va pas ?
JULIE (hésitante)
Je ne suis pas sure avoir poussé la bonne porte en fait… ?
La psychanalyste regarde Julie droit dans les yeux.
LA PSYCHANALYSTE
Et vous qu’en pensez-vous ?
Julie est désarçonnée par la question.
JULIE
Je n’ai pas vraiment de problème, mais j’ai du mal à faire des choix.
LA PSYCHANALYSTE
Hum, hmmm.
Julie s’allonge sur le divan, tout en réprimant l’envie de s’enfuir.
La psychanalyse s’assoit sur le fauteuil situé derrière la tête du divan. Hors de la vue de Julie.
JULIE
Je suis sensée dire tout ce qu’il me passe par la tête c’est ça ?
La psychanalyste cligne des yeux, impassible.
LA PSYCHANALYSTE
Vous êtes libre de tout dire.
10-EXT/JOUR/RUE-IMMEUBLE PSYCHANALYSTE
Julie sort de l’immeuble de la psychanalyste.
Le cadre en hauteur suit de loin Julie qui marche dans la rue. Elle apparaît toute petite, comme écrasée, dans une rue un peu sinistre.
Le cadre descend à hauteur de Julie qui marche à pas rapides, tête baissée, désemparée…
11-EXT/JOUR/RUE
Julie attend son tour sur un passage piéton, pleine de doutes.
Soudain, son regard accroche un panneau publicitaire. On y voit un beau divan rouge vif (celui de Marc Olivier Fogiel dans l’émission « le divan »).
JULIE (pensées)
Tous ces gens ne peuvent pas se tromper !
Julie poursuit sa route, rassérénée.
COMMANDEMENT N° 3
Les femmes sont envieuses du pénis
Dessin : un pénis sectionné, avec un sécateur tenu par des mains de femme
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Alors la petite fille phallique va être très garçon manqué . C’est là qu’on voit évidemment cette envie du pénis. Avoir les mêmes avantages que les garçons. Qui peuvent faire beaucoup plus de choses, qui ont l’air plus forts, à qui on demande de faire des performances.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Le pénis neid. Hein, c’est-à-dire le désir d’avoir le pénis, le désir d’être un homme C’est-à-dire de volonté d’être un homme, ou de pas accepter le fait d’être du côté du féminin.
ITW EMELINE CARET
Bien sûr que ça peut paraître daté, ce serait ma première réponse.
La deuxième c’est que, pour certaines femmes, c’est quelque chose qui peut très bien rester d’actualité dans leur réalité psychique, ce sont des concepts qui restent effectivement extrêmement importants, parce qu’encore vrais. Ca peut êtrepar exemple une femme qui va être dans soit dans quelque chose d’une d’une position phallique qui peut être extrêmement soit dans les vêtements soit très intellectuelle. Synthé Emeline CARET
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
L’envie du pénis c’est pas forcément d’être un homme, c’est d’avoir les mêmes avantages qu’un homme. C’est d’avoir les mêmes pouvoirs qu’un homme. C’est aussi dans la négation de la différence des sexes.
CITATION DE FREUD
Le fait qu’il faille reconnaître à la femme peu de sens de la justice est sans doute lié à la prédominance de l’envie dans sa vie psychique. Nous disons aussi des femmes que leurs intérêts sociaux sont plus faibles et leur capacité de sublimation pulsionnelle moindre que celle des hommes. Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, 1932
ITW JEAN MICHEL HIRT
SR : pour Freud les choses étaient très claires, le fait d’avoir un pénis faisait que l’homme était le représentant de la morale. De l’ordre social, de la morale. JMH : oui. SR : enfin il y avait une équation, ce que je cherche à comprendre, c’est quelle est la relation entre le fait d’avoir un pénis et le fait de représenter… la raison. La conscience, la raison, l’ordre. JMH : le fait d’avoir un pénis vous mets du côté de la masculinité, donc vous fait entrer dans l’ordre des pères et à partir de ce moment là dans une culture comme la nôtre les pères sont les garants de la loi. SR : ces notions là pour vous elles sont anthropologiques ou elles sont culturelles ? JMH : elles sont psychanalytiques !
ITW ALDO NAOURI
Quand je suis une petite fille, je me dis chouette ! Mais alors, ce que je n’ai pas la ça va pousser ! Moi aussi je vais avoir un pénis, ça va être chouette ! Et quand je suis une femme et que je suis là dans cette sorte de recherche éperdue de cet objet que malheureusement je n’ai pas eu, eh bien ça va me conduire à FAIRE LES SOLDES!!! Synthé Aldo NAOURI
INSERT ANIMATION VIDEO EN SPLIT SCREEN DE LA CRISE DES SOLDES PENDANT LE BLACK Friday
COM 7
Dans le monde d’Aldo Naouri, les hommes ne font jamais les soldes…
ITW JEAN MICHEL HIRT
JMH : Freud parle d’envie du pénis quand il constate ce mouvement du désir pour la petite fille vis-à-vis de cet organe qu’elle n’a pas. Cette envie du pénis ensuite devient une envie du pénis beaucoup plus élaborée dans la mesure où dans la sexualité féminine cela représente le désir qu’une femme peut avoir du pénis de l’homme, d’être pénétrée par ce pénis, ou de le voir justement érigé pour elle.
SR : il y a une équivalence entre le désir d’être un homme et le désir de recevoir le sexe d’un homme ? JMH : C’est pas une équivalence. SR : d’avoir un rapport sexuel en tant que femme avec un homme !? JMH : c’est pas une équivalence. SR : ce sont deux notions à priori totalement opposées ! JMH : c’est ça, ce sont deux temps différents de son évolution sexuelle. CLIP 0061 –SR : Elle passe de « avoir un pénis pour soi » à « avoir un pénis en soi ? » JMH : exactement ! et ça c’est un mouvement, un saut qualitatif considérable !
INSERT IMAGES D’ARCHIVE : LE PENSEUR DE RODIN
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
SR : Mais est-ce que avoir un pénis pour soi et avoir un pénis en soi sont deux choses équivalentes ? CP : enfin, ça inscrit en tout cas les choses dans le registre de l’avoir ou pas. Qu’on veuille l’avoir pour être comme ou en soi, on est dans le même registre.
ITW ERIC LAURENT
SR : Mais il y a des tas de femmes aujourd’hui qui pourraient vous dire :
mais moi je suis très bien dans ma peau de femme. EL : Je suis bien dans ma peau, jusqu’à un certain point… Et que en effet l’envers du je suis bien dans ma peau c’est : j’ai telle revendication et nous n’avons pas encore rattrapé l’égalité et nous n’en sommes pas encore à l’égalité des droits, des statuts, des rémunérations et même au-delà on n’en est pas encore à savoir ce qu’est la position féminine. Synthé Eric LAURENT
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
JS : Quand elles sont fières c’est un retournement. De dire je suis fière de mon vagin, c’est une sorte de manière de retourner la valorisation. SR : Une femme qui exprime son désir, qui est positive, qui va vers les hommes, c’est elle aurait un comportement masculin ? JS: Ben écoutez oui, ça c’est un comportement, la drague c’est un comportement de mec. C’est un comportement de conquérant. Bon les femmes qui se conduisent comme ça ce sont des femmes viriles, ce sont des femmes qui sont un peu, bon qui restent encore dans là, voyez, dans l’envie du pénis.
PORTRAIT du psychanalyste Sandor Ferenczi
CITATION ECRITE ET PARLEE : A l’origine, les deux sexes développèrent un organe sexuel mâle, et peut être les choses en vinrent elles à un gigantesque combat dont l’issue devait décider du sexe auquel incomberaient les souffrances, les devoirs de la maternité et la soumission passive à la génitalité. Ce fut alors le sexe féminin qui dans ce combat fut vaincu. Les femmes conservent dans leur inconscient le souvenir de cet échec cuisant dont les combats de nos émancipées en sont aujourd’hui la manifestation.
Masculin et féminin, 1929
INSERT ANIMATION AMIBES SUR MANIFESTATION DE SUFRAGETTES
PORTRAIT DE FREUD
CITATION : Derrière l’envie de pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers
l’homme, amertume dont les productions littéraires des « émancipées » présentent les signes les plus évidents. » Tabou de la virginité, Sigmund Freud, 1918
ITW GUIDINO GOSSELIN
SR : Il y a une notion aussi qui n’est pas du tout évidente c’est que la notion d’envie du pénis cache un désir de destruction. Un désir de vengeance, une jalousie haineuse, un désir de destruction. Est-ce que ça vous parle-vous en tant que psychanalyste aujourd’hui? GG : On associe souvent la notion de pénis et je crois que la société continue à faire au niveau du discours à la notion de pouvoir et tout pouvoir est toujours destructeur de l’autre.
ITW JACQUES ANDRE
C’est-à-dire ça se transforme dans le fond en caractère, une espèce d’envieuse, comme cela qui, à qui il manque toujours un petit quelque chose précisément et qui est comme ça dans une espèce d’avidité, de récrimination, qui éventuellement rend la personne un peu pénible, il faut bien le dire.
CLAUDE PARCHLINIAK
Ca produit quelque chose de l’ordre, oui c’est ça de la rage. D’un désir de destruction.
ITW ESTHELA SOLANO
SR : Le terme envie, ça suppose en termes psychanalytiques un désir de destruction un désir de vengeance. ES : oui. SR : pour… contre le pénis et les porteurs du pénis qu’elles n’ont pas reçu à la naissance. ES : tout à fait. SR : les femmes sont dominées par une jalousie viscérale à l’égard de… ES : haineuse ! Une jalousie haineuse ! Oui !
SEQUENCE ANIMATION (SCENE 13)
13-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie entre dans la pièce, et salue la psychanalyste d’un hochement de tête. Elle ôte son manteau et l’accroche au porte manteau.
JULIE
Bonjour.
LA PSYCHANALYSTE
Hum… mmm.
La psychanalyste s’assoit sur le fauteuil situé à la tête du divan, le visage parfaitement inexpressif. Elle a changé de collier, troqué sa jupe pour un pantalon, mais elle porte toujours un pull a col roulé orangé.
Sur son bureau trône le poisson rouge dans un bocal rond minimaliste.
Julie remarque que le pull de la psychanalyste est de la même couleur que le poisson rouge.
Vu à travers le bocal du poisson rouge : Julie s’allonge sur le divan.
JULIE
Je ne sais pas par quoi commencer.
LA PSYCHANALYSTE
Et si vous commenciez par votre enfance ?
JULIE
Tout dire ?
LA PSYCHANALYSTE
Hum… mm.
JULIE
J’ai grandi en région parisienne. Mes parents sont profs.
Ca fait bizarre de parler à quelqu’un qu’on ne voit même pas. C’est difficile de se raconter, à quelqu’un qu’on ne connaît pas.
LA PSYCHANALYSTE
Continuez je vous écoute. Mmmh…
….
Bien ! On va s’arrêter là pour aujourd’hui.
Julie remet sa veste, assise sur le divan. Elle sort un carnet de chèque de son sac à main.
La psychanalyste lui fait « non » de la tête.
LA PSYCHANALYSTE
TT tt. Les chèques c’est l’échec.
Julie sort sa carte bleue de son sac à main. La psychanalyste lui fait « non » de l’index.
LA PSYCHANALYSTE
Ce bout de plastique ne vous permet pas de mesurer l’importance de votre engagement.
Julie sort quatre billets de 20 euros de son portefeuille ; elle les pose sur le bureau.
La psychanalyste attrape prestement les billets et les glisse dans un tiroir rempli de billets froissés.
LA PSYCHANALYSTE
Mm mmmm.
COMMANDEMENT N°4
La relation mère fille c’est l’horreur
Dessin : un bébé fille horrifié sur les genoux de sa mère grimaçante
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
JS : La psychanalyse ça consiste toujours à voir le conflit. C’est qu’la fille elle en veut beaucoup à sa mère de pas lui avoir donné le pénis, mais finalement c’est pas elle qui va lui donner un vagin. Parce que ça ne se transmet pas le féminin.
ITW ESTHELA SOLANO
Du côté de la mère il y a toujours un énorme malentendu, un ravage entre la mère et la fille. Une fille reproche à sa mère de ne pas lui avoir transmis un certain savoir sur la féminité. Mais aucune mère ne peut le transmettre parce que ce savoir elle ne l’a pas.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Un antagonisme c’est très positif, moi je crois qu’une petite fille, le féminin se trouve pas en identification à la mère mais contre la mère.
ITW ALDO NAOURI
SR : pour une fille, de ressembler à sa mère c’est un drame? AN : ah ! Mais c’est… énorme! SR : pourquoi ? AN : mais pour une raison simple, c’est que l’on a tous besoin d’avoir son identité propre. Je ne vais pas avoir d’existence personnelle, puisque je suis le clone de cette personne toute puissante je ne serais jamais que sa sécrétion, et je ne ferai que ce qu’elle voudra que je fasse. Je n’aurai pas d’autonomie, je n’aurais pas la possibilité de m’exprimer, je ne pourrais pas être moi. SR : on pourrait imaginer que la fille dise : chouette ma mère est forte et toute puissante, mais en grandissant je vais devenir aussi forte et toute puissante qu’elle ? AN : ah! Mais ça c’est le meilleur des cas. Mais, pour cela, il faudrait qu’elle n’eut point de trouille de sa mère toute-puissante comme tous les bébés ont. SR : La trouille ? AN : bah oui ! Puisque Maman est toute-puissante j’ai la trouille.
INSERT IMAGES UNE TROUPE DE BABOUINS FILMES AU ZOO DE VINCENNES
COMMENTAIRE 8
Les psychanalystes ont érigé en dogme des affirmations qui vont à l’encontre du bon sens et de ce qu’observent chaque jour les éthologues. Dans la nature avoir une mère puissante signifie pour le petit une meilleure protection face aux dangers de l’existence, un meilleur accès à la nourriture, une place plus enviable dans la meute, et la protection du groupe. Les petits mâles des femelles dominantes sont les futurs mâles dominants.
SÉQUENCE ANIMATION (SCÈNE 14)
14-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie s’allonge sur le divan de sa psychanalyste. Elle parle, lentement.
JULIE
Je me sens parfois comme une guitare désaccordée.
La psychanalyste dans son fauteuil est impassible, inexpressive. Le son des séquences est de plus en plus assourdi (pas de son d’ambiance réelle) pour faire ressortir l’ambiance cotonneuse, hors du temps, du cabinet de la psychanalyste et son impact sur Julie.
LA PSYCHANALYSTE
Ça se passait comment exactement entre vos parents?
Mm mmm.
JULIE
… ce jour là j’ai découvert que mon père…
LA PSYCHANALYSTE
Parlez moi de votre mère…
A l’avant plan, le poisson rouge sinue dans son bocal.
L’horloge murale égrène les minutes…
Le visage de la psychanalyste est immuablement impassible.
La psychanalyste n’ouvre la bouche que pour interrompre la séance :
LA PSYCHANALYSTE
Hum… mmmm…
On va s’arrêter là pour aujourd’hui.
La même scène se répète à sept reprises, inchangée, à quelques détails près :
L’éclairage et la lumière extérieure changent, les vêtements et la coiffure de Julie changent. Quelques objets dans la pièce changent de position.
La coiffure et les bijoux de la psychanalyste changent. En revanche elle est toujours habillée d’un pull à col roulé orange.
Allongée sur le divan, Julie pose une question à sa psychanalyste, dans une ambiance cotonneuse.
JULIE
Pourquoi il m’a dit ça ? Est-ce que j’aurais du réagir autrement ?
Pourquoi j’ai l’impression d’être prise au piège à chaque fois qu’on me demande mon avis?
LA PSYCHANALYSTE
A quoi est ce que cela vous fait penser ?
Julie observe une fissure au plafond du cabinet. Zoom avant en vision subjective : son regard « amplifie » la fissure, qui devient gouffre ?
JULIE (voix de tête, logorrhée verbale)
Une souris était prise dans un piège. Mon cousin avait 7 ans de plus que moi.
Je voulais le sauver. Il m’a sauté au visage et m’a mordu. J’étais terrifiée.
Au lieu de me consoler, ma mère m’a grondée.
Soudain, le visage de Julie est agité d’un tressaillement, flou, tourmenté.
LA PSYCHANALYSTE
Et ces mots vous font penser à quoi ?
Qu’est-ce qui vous retient de parler de votre père, Julie ? Mm mmmm….
La fissure devient une béance menaçante…
COMMANDEMENT N° 5
Il n’y a pas de sexe féminin
Dessin : un buste féminin avec une croix rouge à la place du sexe.
ITW ERIC LAURENT
Il ne suffit pas de dire comme justement comme ont pu dire un certain nombre de féministes dans les années 20 qui ont commencé en disant bah alors c’est clair que les petites filles aussi elles ont des sensations, elles ont les sensations vaginales, elles ont des trucs, donc elles en un pénis qui est dedans. Ben non c’est pas pareil, c’est pas simplement il y a la même chose dedans et que à l’un la zézette et à l’autre le zizi. Non !
Split screen : l’image d’Eric Laurent est répétée sur l’écran en échos au moment où il dit « à l’un la zézette, et à l’autre le zizi, non ! » Avec effet de réverbération à l’image + la voix.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
JS (grimace) : le féminin, c’est ce qui est à l’intérieur, c’est quelque chose qui effectivement fait peur, c’est ce qui est caché, ce qui est secret, ce qui est informe, c’est ce qui est en relation avec la chair, // c’est l’intérieur du corps, c’est là dedans qu’il va falloir aller dans la relation sexuelle.
CITATION ET PORTAIT DE FREUD
« La réclamation féministe d’une égalité de droit entre les sexes n’a pas ici une grande portée, la différence morphologique devant se manifester dans les différences de développement psychique. Pour transposer un mot de Napoléon « l’anatomie, c’est le destin » Sigmund Freud, la disparition du complexe d’Œdipe, 1923
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Le pénis on peut le dessiner hein, bon le sexe féminin c’est plus difficile, c’est une absence de sexe, c’est dévalorisé parce que ça n’existe pas.
ITW JACQUES ANDRE
SR : le primat du phallus suppose qu’il n’y a pas d’équivalent chez la femme ? En terme de symbolisation ? JA : le vagin non ! Il y a là quelque chose qui est une figure d’effroi, méduse, par exemple, qu’on retrouve comme ça de manière symbolique et déplacée dans des figures d’effroi et de terreur.
ICONO MEDUSE PAR LE CARAVAGE
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
JS : l’image de la méduse, l’image de la gorgone, c’est souvent la vulve. Parce que c’est ça qui fait peur, c’est ça qui est informe, c’est ça qui est la porte d’entrée de quelque chose qui est inconnaissable. C’est-à-dire l’intérieur de ce corps féminin.
ITW JACQUES ANDRE
JA : C’est pas si fréquent d’entendre une femme parler de son sexe avec plaisir.
INSERT IMAGE : JE FAIS DES RECHERCHES SUR LE NET SUR JACQUES LACAN + IMAGES DU CAFE DE FLORE ET DES DEUX MAGOTS
COMMENTAIRE 9
Jacques Lacan eut une influence considérable sur la psychanalyse francophone. Ce psychanalyste charismatique a grandit dans un milieu conservateur imprégné de catholicisme rigoriste. Il se destine tout d’abord à la prêtrise, mais il y renonce pour se former à la psychiatrie, puis à la psychanalyse. Il commence par imposer une relecture de Freud à une époque où plus personne ne le lisait. Puis il innove en théorisant l’influence des mères dans la survenue des psychoses. Obsédé par les femmes, Lacan va enraciner les valeurs de l’église dans la théorie analytique, notamment l’idée selon laquelle le sexe féminin fait obstacle à la conscience et la raison. En pleine révolution sexuelle, Jacques Lacan fascine la jeunesse de 68 par des affirmations incantatoires telles que « la femme n’existe pas ».
PORTRAIT DE JACQUES LACAN
CITATION : Il n’y a pas à proprement parler de symbolisation du sexe de la femme comme tel.
Séminaire III « les psychoses » 1955
ITW ESTHELA SOLANO
Le féminin n’a pas d’inscription dans l’inconscient.
ITW GUIDINO GOSSELIN
C’est qu’au niveau de l’inconscient il n’y a pas de signifiant pour désigner le sexe de la femme. Il n’y a que le phallus, il n’y a que cet objet phallique.
ITW RICHARD ABIBON
Donc le phallus devient effectivement le symbole, de quoi ? De tout langage. Ce pourquoi on en retrouve évidemment les premiers témoignages des sociétés primitives c’est quoi c’est des pierres dressées, c’est des totems. Et qui font finalement représentant de ce qui fait l’humanité en tant qu’elle se distingue de l’animalité c’est-à-dire avec ça nous parlons.
ITW JEAN MICHEL HIRT
SR : Mais alors comment est-ce que vous expliquez que il y a eu des déesses ? bien avant dans l’histoire de l’humanité et il y a eu des représentations et quand les humains de la préhistoire ont commencé à se représenter en tant qu’être humain ils ont représenté des femmes et des sexes de femme, des vulves ; de façon, toutes les grottes ornées du monde représentent des vulves ; bien avant de représenter des pénis, de phallus. JMH : oui, mais ça n’a pas duré d’une certaine façon. SR : ça a duré trente mille ans.
ICONO VULVES ET VENUS DE LA PREHISTOIRE : représentations vectorisées de vulves préhistoriques : vénus callipyges au sexe proéminent, cupules, vulves gravées, peintes et sculptées dans les grottes ornées. La collection se termine par l’imposante vulve proéminente et poilue peinte sur une stalactite triangulaire au cœur de la grotte Chauvet (-35 000 ans).
COMMENTAIRE 10
En réalité, lorsque les humains de la préhistoire ont commencé à se représenter, ce sont des sexes de femmes qu’ils ont peint, gravé, sculpté dans la terre et la pierre, plusieurs dizaines de milliers d’années avant l’émergence des toutes premières représentations du sexe masculin. Du tablier de sapeur le plus cru, aux représentations abstraites les plus stylisées, des milliers de figurines féminines ont été retrouvées, sur les 5 continents. L’une des plus anciennes est située à l’endroit le plus reculé de la grotte Chauvet, comme l’autel d’une cathédrale de la préhistoire. Cette vulve a été peinte il y a plus de 35 000 ans.
ITW GUIDINO GOSSELIN
GG : quand l’enfant découvre le sexe de sa mère, il voit un trou. Parce que le sexe féminin est le seul sexe qui n’a pas son signifiant pour le désigner. Quand vous désigner les lèvres, le vagin, ce n’est pas le sexe. Le sexe c’est un trou c’est un vide se donc c’est le seul organe, je vais dire, qui n’a pas de signifiant propre. Il y a le tour comme le pot, excusez-moi la métaphore, le pot entoure un vide. SR : Mais la vulve c’est un signifiant ?
GG : C’est un signifiant mais ce n’est pas le sexe. Le sexe c’est le vide. C’est le vide.
ECHOS VISUEL ET REVERBERATION VOIX SUR « Le sexe c’est le vide. C’est le vide».
JEAN-PIERRE WINTER
Il y a pour les hommes et pour les femmes hystériques une question qui est fondamentale, c’est comment jouit une femme ? Comment, de quoi, qu’est-ce qui fait qu’une femme est une femme ?
INSERT : zoom avant sur une célèbre toile de Brouillet « la leçon de Charcot » représente une femme hystérique pâmée dans les bras du psychiatre Jean Martin Charcot, mentor du jeune Freud.
JEAN-PIERRE WINTER
Mais d’une certaine manière hystérique nous le sommes tous.
ITW ERIC LAURENT
Il n’y a pas de possibilité pour la femme d’avoir disons un mode de jouissance standard, qui vaudrait pour toutes les femmes, l’idée qu’il y aurait des femmes qui auraient accès vraiment, qui saurait vraiment faire jouir et qui saurait elle-même jouir. Ce que c’est que la jouissance féminine.
PORTRAIT ET CITATION de Françoise Dolto.
Il y aurait une contradiction entre la richesse des investissements culturels chez une femme et l’investissement narcissique de son sexe, et même de sa recherche chez l’homme de satisfactions sexuelles.
Sexualité féminine, 1982
ITW EMELINE CARET
SR – Dans le discours de Françoise Dolto, il y avait quelque chose comme une condamnation aussi, implicite, de la recherche de satisfaction sexuelle chez une femme. EC : si les femmes cherchaient moins peut-être quelque chose comme à plaire et à être satisfaite sexuellement peut-être effectivement s’ouvrirait à elles un monde intellectuel jusqu’alors inconnu.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Dans la différence des sexes le désir d’une femme c’est « désire moi ». Donne-moi un sexe. Dis-moi que mon sexe est désirable. C’est ça le désir d’une femme. Son désir c’est vraiment d’être désirée. Si elle est vraiment féminine. Voyez la différence, ça ne veut pas dire pour ça qu’on est… qu’on est égaux.
ITW ESTHELA SOLANO
SR : du côté féminin vous pensez pas qu’une femme peut désirer simplement sexuellement un homme ? Avec son sexe de femme ?ES (très perplexe) : oui, quand elles font l’homme, elles jouent à ce jeu là. SR : quand elles font l’homme ?! ES : Oui. SR : désirer un homme avec son sexe de femme ça veut dire faire l’homme ? Est-ce que vous pourriez expliquer ça ? ES : enfin c’est … quand elles se mêment dans l’homme, elles peuvent aussi jouer ce jeu là.
DIFFERENTES VUES DES RUES DE PARIS QUARTIER SAINT MICHEL : PLACE SARTRE DE BEAUVOIR, PLACE DE LA SORBONNE, PLAQUE DEVANT LE BATIMENT OU LACAN A EXERCE.
COMMENTAIRE 13
Comment oser affirmer que la femme n’existe pas en pleine révolution sexuelle ? Devant la jeunesse de 68 subjuguée par le discours hermétique de celui que beaucoup appellent le « maître » Lacan développe le concept de « pas tout » : la sexualité féminine serait « pas toute » phallique. Il semble ainsi accorder à la sexualité un versant spécifiquement féminin, mais au moyen d’une expression négative, un énoncé par défaut, lui refusant ainsi le droit d’être nommé en propre.
PORTRAIT LACAN ET CITATION
Il y a une jouissance à elle, à cet elle qui n’existe pas et ne signifie rien. Encore, 1972
PORTRAIT LACAN ET CITATION
De cette jouissance la femme ne sait rien, c’est que depuis le temps qu’on les supplie, qu’on les supplie à genoux – je parlais la dernière fois des psychanalystes femmes – d’essayer de nous le dire, eh bien motus ! On n’a jamais rien pu en tirer. Alors on l’appelle comme on peut cette jouissance, vaginale, on parle du pôle postérieur du museau de l’utérus, et autres conneries, c’est le cas de le dire. Encore, 1972
COMMENTAIRE 13_BIS
Lorsque Lacan consent à prononcer le mot vagin, c’est nimbé du plus profond mépris.
ITW CHRISTINE LOISEL-BUET
Rappelez-vous, la femme n’existe pas (rire). Synthé Christine LOISEL-BUET
ITW ESTHELA SOLANO
SR : Est-ce que ce n’est pas paradoxal pour une femme d’essayer d’aller mieux tout en ayant à admettre que la femme n’existe pas ? ES : La femme n’existe pas au sens de l’universel, c’est à dire qu’il n’y a pas l’universel de la femme.
SR : mais il y a un universel de l’homme ? ES : Oui, oui oui !
ITW ERIC LAURENT
Comme dit Lacan dans cette belle expression : les femmes on les diffame.
POMMIER EN SPLIT SCREEN AVEC EMMANUELLE BEART EN COUV DE ELLE.
ITW GERARD POMMIER
Y’a pas d’essence du féminin. Je veux dire par là que les femmes vont voir dans les magasines qu’est-ce que c’est qu’une femme. C’est ce qui fait le succès des magasines féminins, c’est qu’il faut voir quels sont les repères.
ITW ESTHELA SOLANO
ES : la mascarade féminine c’est l’usage du semblant, c’est-à-dire c’est tout ce qui fait les talons… euh.SR : le semblant de féminité ? ES : le semblant de… la féminité n’est ce pas ? SR : ça suppose que la féminité c’est du faux ? ES : la féminité c’est que du semblant. Les femmes saventporter plusieurs types de masques. SR : c’est très important ce que vous dites là parce que dans le langage courant on peut dire elles savent mettre en valeur leurs atouts sexuels, leurs atouts féminins et vous vous dites ces atouts là c’est justement un masque. ES : oui, oui SR : c’est pour masquer une absence, c’est pour masquer ce qui n’existe pas ? ES : voilà, c’est pour masquer la femme qui n’existe pas.
INSERT ANIMATION GRAPHE LACANIEN FORMULES CHE VOI : « Que veux tu ? ».
COMMENTAIRE 11
Pour mettre un point final à la discussion, les lacaniens appellent les mathématiques à la rescousse. Les maths c’est leur dada.
INSERT ANIMATION SUR LE TABLEAU DE LA SEXUATION DE LACAN
ITW ALEXANDRE STEVENS
AS : c’est ce qu’on appelle le tableau de la sexuation – Pour tout X phi de X ça se dit comme ça. Il y a l’homme. C’est-à-dire « tout homme est porteur du phallus, et au fond, est mâle. Et du côté femme vous avez des formules logiques qui sont une négation des précédentes : il n’existe pas de X tel que non PHI de X, c’est à dire qu’il n’y a pas d’exception. N’est ce pas ce qui revient à dire en effet LA FEMME n’existe pas. SR : ce graphe signifie que il n’y a pas d’équivalent chez la femme au phallus, un organe qui permettrait à chaque femme de s’identifier à un être femme ? Féminin ? AS … on peut dire ça, en effet.
Synthé Alexandre Stevens
INSERT sur le tableau de Courbet « l’origine du monde »
COMMENTAIRE 14
Avant d’être cédée au musée d’Orsay, la célèbre toile de Gustave Courbet, l’Origine du monde, fut la propriété du psychanalyste Jacques Lacan. Chez Lacan, le tableau sulfureux était masqué par une autre toile du même peintre représentant un paysage. Cachez ce sexe que je ne saurais voir. Ce masque n’est-il pas le symbole le plus criant du déni des psychanalystes à l’égard du sexe féminin ?
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 15, 16 et 17)
15-INT/JOUR/APPARTEMENT DES PARENTS DE JULIE-SALON
Julie prend le thé chez ses parents, qui la scrutent, inquiets.
Sa mère pousse une assiette de petits gâteaux devant elle. Julie se force à en manger un du bout des lèvres. Socialement elle fait le strict minimum. Elle se comporte comme si elle était en territoire ennemi. Gros malaise dans le salon. Ses parents s’entre regardent, désolés ;
PAPA DE JULIE
On ne te voit plus ! Tu pourrais appeler de temps en temps quand même, tu ne crois pas ?!
JULIE (agressive)
Ben je suis là !
MAMAN DE JULIE
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Julie est incapable de répondre, mais elle leur jette des coups d’œil à la dérobée pour scanner leur attitude, comme pour tenter de déceler un message caché. Elle nage en pleine paranoïa.
JULIE
Tout va bien.
Julie guette l’heure de sa séance sur l’horloge murale. L’aiguille ne tourne pas assez vite.
Ses parents croisent leurs regards et redoublent de questions.
PAPA DE JULIE
C’est ton nouveau boulot c’est ça ?
MAMAN DE JULIE
Qu’est-ce qu’on peut faire pour t’aider ?
JULIE
Rien, tout va bien je te dis.
PAPA DE JULIE
Tu fréquentes quelqu’un en ce moment ?
MAMAN DE JULIE
Hou hou Julie ? Reste avec nous ?
Julie est très incommodée par l’attitude inquiète et interrogative de sa mère, qu’elle ressent comme intrusive.
MAMAN DE JULIE
Je t’ai fait un cake au citron.
La mère de Julie pose un cake sucré avec un couteau sur la table, pour se donner contenance. Elle coupe des parts.
JULIE
J’ai pas faim.
Ses parents échangent un regard douloureux et incrédule. Mais, la sentant à cran, ils se gardent de lui faire un reproche et se forcent à sourire.
Julie ne répond pas.
Le sourire faux de ses parents renforce la paranoïa de Julie : ils lui cachent quelque chose.
PAPA DE JULIE
Raconte un peu ton nouveau boulot, comment ça se passe ? Tu nous dis plus rien ?
MAMAN DE JULIE
Chuuuut , laisse la!
Julie ne supporte plus leur présence. Elle n’a d’yeux que pour l’horloge murale.
L’aiguille vient de bouger d’un cran. Julie bondit sur l’occasion pour prendre congé.
JULIE
Désolée, j’ai un rendez-vous !
Elle s’enfuit comme si l’appartement était en feu.
Elle dévale l’escalier quatre à quatre.
16-EXT/JOUR/RUES
Julie est soulagée d’être sortie de chez ses parents, mais déchirée par la culpabilité. Le visage de Julie est agité d’un tressaillement schizoïde.
17-EXT/JOUR/RUE-IMMEUBLE PSYCHANALYSTE
En entrant dans l’immeuble de sa psychanalyste, Julie croise une autre femme qui sort du bâtiment.
La femme porte un sous pull orange identique à celui de la psychanalyste.
Elle traverse le cadre tête baissée sans jeter à Julie le moindre regard, comme si le monde extérieur était hostile.
COMMANDEMENT N° 6
Les femmes doivent être soumises, sinon elles sont dangereuses !
Dessin : une femme à genoux implorante.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
SR : du point de vue féminin. Une femme qui n’a pas éveillé son vagin. Comment est-ce qu’un homme peut lui transmettre ça ? JS : Ben, parce qu’il va la conquérir. Par le, par la relation sexuelle il va lui faire découvrir un vagin qui va tout d’un coup s’érotiser. Et qui va aller vers la jouissance. Parce qu’il va aller jusque là il va, bon c’est c’est pas une simple un simple coït qui va arriver à ça. Inutile de vous dire, hein.
INSERT IMAGE : JE FAIS DES RECHERCHES SUR HELENE DEUTSCH SUR LE NET
COMMENTAIRE 12
Comment appréhender l’érotisme féminin lorsqu’on est convaincu qu’il n’y a qu’un seul sexe ? Dans la lignée des pionnières de la psychanalyse, Hélène Deutsch théorise que les femmes sont dominées par le masochisme. Pour ressentir du plaisir la femme doit souffrir. En 1960 Helene Deutsch affirme que l’accouchement représente pour une femme « une orgie de plaisir masochique ».
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
SR: Le masochisme c’est une notion de douleur, vous parlez d’ailleurs de plaisir-douleur.
JS : Oui, oui-oui. Ben le masochisme c’est justement parce que la femme est en position de soumission par rapport à l’organe viril voyez. Il faut qu’elle soit pénétrée. Il y a la quand même le fait que euh, on est pas, on est en dessous.
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
MCL : ca c’est de notre faute à nous, ma génération de soixante-huitardes ; qui a élevé cette génération de filles dans une seule chose : soyez meilleures que vos frères allez les filles, c’est à vous, et on leur a appris aussi la séduction ; on leur a appris à être belles, élégantes, dans une fête savoir mettre de beaux talons, le décolleté magnifique, pas de problème, jouer du phallus de la beauté aussi, et tout d’un coup (mimique marrante) grand vide, elles font peur, elles font très peur. SR : pour être heureuse il faut se soumettre ? MCL : Je trouve que votre mot de soumettre est bon. Dans le jeu sexuel et en particulier dans la sexualité féminine complète, c’est un jeu à qui perd gagne, on doit jouer à se soumettre.
ANIMATION SUR CARLA BRUNI – INSERT LACAN QUOTIDIEN : en 2012 Carla Bruni fait la une de « Lacan quotidien » l’organe de presse de l’Ecole de la Cause Freudienne. + insert article titrant « Carla Bruni-DSarkozy sur le divan de Gérard Miller ». + animation vidéo en split screen : Carla Bruni en interview disant « mon mari » en boucle.
+Insert photo sur le net de Carla Bruni essuyant la joue de Nicolas Sarkozy.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Plus la femme sera soumise plus l’homme sera fort. Plus l’homme sera viril. C’est très important que la femme ait un homme qui vienne à la conquête, qui la libère, qui en même temps arrive à vaincre ses propres résistances. Je veux dire la conquête d’une femme c’est de arracher ses résistances !
CITATION NAOURI :
Portrait d’Aldo Naouri + Insert citation de Naouri sur le viol conjugal « mais VIOLEZ LA monsieur, elle vous remerciera ».
ITW ERIC LAURENT
La psychanalyse a été probablement le discours qui a donné sa place au discours féminin dans toute son… Dans toute sa dimension !
PORTRAIT LACAN ET CITATION :
Le sexe féminin a un caractère d’absence, de vide, de trou, qui fait qu’il se trouve être moins désirable que le sexe masculin. La psychose consiste en un trou, un manque au niveau du signifiant. II n’y a rien de plus dangereux que l’approche d’un vide.
Séminaire III « les psychoses » 1955
COMMENTAIRE 15
Comment quelque chose qui n’existe pas pourrait il être dangereux ? Lacan va théoriser le rejet du féminin par tous les moyens, au prix de toutes les contradictions : passant du « moins que rien » au « néant » à la démonisation du sexe féminin jugé responsable de la survenue des psychoses.
CLAUDE PARCHLINIAK
CP : LES femmes existent mais pas LA femme. Sauf dans la psychose. SR : la femme existe dans la psychose ? CP : on peut trouver la femme dans la psychose oui.
ITW JACQUES ANDRE
Fantasme de la nymphomane aussi, dans le fond d’une jouissance féminine qui serait 10 fois supérieure à celle des hommes, qui noierait le plaisir des hommes dans un océan de stupre, etc. ou quelque chose qui est une puissance féminine complètement débordante et menaçante, fantasme bien sûr mais en même temps aussi perception d’une certaine manière d’un désir, effectivement, qui est de, pas seulement de recevoir le pénis et se laisser pénétrer par lui, mais éventuellement de l’arracher, le capter, le supprimer, enfin bref le couper quoi.
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
SR : est-ce qu’il n’y a pas des cas ou la vraie femme existe ? CP : c’est surtout dans les excès, puisque la vraie femme, comme Lacan en parle, c’est Médée qui détruit ses en… qui qui tue ses enfants.
Insert Tableau de Médée
SR : en quoi ces comportements. SR : en quoi le fait de tuer ses enfants sont des témoignages de quelque chose d’authentiquement féminin ? CP : C’est-à-dire que la trahison, déclenche la rupture avec le lien phallique précisément, à l’ordre phallique, et produit un déchaînement, et pour les femmes c’est du côté du sans limite. Elles passent hors la loi. SR : hors la loi phallique ? CP : hors la loi phallique. SR : Donc, en cela, elles sont authentiquement femmes ? CP : elles sont hors la loi, et ce déchaînement évidement conduit au pire. Et donc la vraie femme, c’est pas recommandable.
Réverbération image et son : « et donc la vraie femme c’est pas recommandable »
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 18, 19 et 20)
18-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
La scène est sonorisée par des voix de tête de Julie en mode logorrhée verbale d’une voix douce et monocorde. Les séances s’enchaines, les mois et les années passent.
JULIE
Je ne me sentais pas jalouse, sur le moment je ne l’ai pas ressenti comme ça.
Ça a duré quelques secondes mais j’ai été vraiment choquée.
Mais pourquoi ? Pourquoi ? Je n’ai aucun souvenir de ça.
LA PSYCHANALYSTE (sur plusieurs tons)
Qu’est-ce que vous en pensez ?
Qui est ce qui parle Julie ? Est-ce bien vous, ou celle qui cherchait à faire plaisir à tout le monde ?
Le rituel de la séance se répète, mois après mois, années après années, immuable :
Julie s’allonge sur le divan. Elle voit le poisson rouge à la fenêtre depuis la rue comme un phare dans la nuit. Julie accroche son manteau et se dirige vers le divan.
JULIE
J’ai trouvé ça profondément injuste !
J’étais leur préférée, je n’avais pas le droit de les décevoir.
Je me suis sentie abandonnée !
Julie sonne à la porte anonyme de la psychanalyste (trois plans différents).
LA PSYCHANALYSTE
Que faisait votre mère pendant que votre père vous faisait prendre votre bain ?
Bruits de sonnette.
LA PSYCHANALYSTE (sur plusieurs tons)
On va s’arrêter là pour aujourd’hui.
Bruissement de billets de banque qui passent de main en main.
Le visage de Julie est flou et tourmenté (la fréquence augmente).
JULIE
Aujourd’hui j’ai croisé un de mes ex. Il était au bras d’une fille, il ne m’a pas reconnue.
19-INT/JOUR/STUDIO DE JULIE-SALON
Julie sort de sa cuisine américaine, une tasse de thé à la main et se dirige vers une fenêtre.
Elle remet en place son chignon qui se casse la figure.
Le téléphone sonne, Julie ne décroche pas et ne répond pas.
VOIX FEMININE SUR LE REPONDEUR
Julie, c’est Laure ! On fête l’anniversaire de Ben vendredi chez moi. Allez sors de ton trou quoi ! On veut te voir, bisous !
Julie traverse le salon, son regard est attiré par la couverture d’un magazine qui trône sur la table basse. Le portrait de Julie s’affiche en couverture du magazine.
Julie cligne des yeux de surprise. La couverture du magazine redevient normale, affichant en une le portrait d’une star de cinéma.
Julie ouvre la fenêtre du salon et s’accoude à la balustrade pour siroter son thé en regardant les fenêtres des immeubles environnants.
JULIE (pensées, en mode logorrhée verbale)
Moi. Moi… Moi. Moi… Je… moi je…. Mais vraiment je… sais pas si…
Ce que je ressens….
La silhouette de Julie se reflète dans l’encadrement de chacune des fenêtres de l’immeuble qui lui fait face. Son visage tressaille de stupeur.
Julie observe son reflet dans les fenêtres environnantes, angoissée. Elle ferme les yeux et les réouvre. Les fenêtres environnantes redeviennent normales.
Close up : On aperçoit un filet de cheveux blancs s’échapper de sa chevelure.
20-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie parle, allongée sur le divan. Elle porte un pull orange.
L’horloge murale égrène les minutes, immuables.
Son visage est de plus en plus fréquemment flou et tourmenté.
JULIE
J’ai de plus en plus de mal à supporter les gens qui ne comprennent pas ma démarche. Comment parler à quelqu’un qui ne se connaît pas ?
Moi, je fais un travail sur moi… !
LA PSYCHANALYSTE
Hum, mmm !!
C’est bon pour aujourd’hui. Vous avez un petit quelque chose pour moi ?
Julie tend deux billets de 50 euros à sa psychanalyste.
JULIE
Désolée j’ai pas de monnaie.
La psychanalyste attrape les billets et les glisse dans le tiroir sans lui rendre la monnaie.
LA PSYCHANALYSTE
Hum, mmm.
Julie attend sa monnaie quelques secondes, puis elle attrape son manteau et s’en va, incapable de protester.
JULIE
Au revoir, à jeudi.
COMMANDEMENT N°7
La sexualité masculine ? Circulez il n’y a rien à voir !
Dessin : Un policier avec sifflet et matraque.
ITW JEAN MICHEL HIRT
SR : j’ai lu beaucoup de livres de psychanalyse au cours des dernières années et les problématiques liées à la sexualité féminine sont des problématiques qui sont motrices dans… JMH décisives ! SR : voilà, mais vous avez des patients je ne sais pas quel est le sex ratio, mais au moins la moitié sont des hommes (il acquiesce de la tête) ils ont quasiment tous des problèmes sexuels les personnes qui viennent vous voir, c’est important je veux dire la sexualité masculine. Il y a eu un seul essai de, à ma connaissance, sur la sexualité masculine qui a été écrit par un psychanalyste, il y a plus de vingt cinq ans. En France je veux dire. Alors qu’il y a d’innombrables essais sur la sexualité féminine. JMH : (acquiesce) peut être à cause du fait que Freud a beaucoup parlé de la sexualité masculine et qu’il y a eu donc une oscillation nécessaire pour PRENDRE EN CONTRE (grimace révélatrice !) le féminin – Prendre en compte et pas seulement en contre !
EN ECHOS : effet de réverbération sur « prendre en contre le féminin » et la grimace du lapsus.
TRANSITION : animation dessin de Freud avec une loupe sur sa braguette et un point d’interrogation.
ITW CHRISTINE LOISEL-BUET
SR : pourquoi c’est pas intéressant la sexualité masculine ? CLB –ah si si c’est très intéressant, c’est vrai qu’il y a pas eu beaucoup d’écrits, alors je ne sais pas, est-ce que l’écriture est plus du côté des hommes et que il est difficile de parler de soi, je je ne sais pas du tout.
ITW ERIC LAURENT
Et comme disait Mallarmé trop tôt l’aile du désir retombe.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Quand Baudelaire dit par exemple « seule la brute bande bien » il
dit exactement ça. C’est-à-dire que le fait d’être un artiste ou un intellectuel, du côté du désir charnel et brutal se paye. Et se paye d’un prix très cher. C’est-à-dire le raffinement intellectuel ou artistique ne conduit pas à un développement animal du désir.
COMMENTAIRE 16 sur ANIMATION PORTRAIT DE FREUD
Le monde des psychanalystes est régi par le primat du phallus. Pourtant, un garçon est sensé devenir un homme non pas parce qu’il en est un, et qu’il possède un pénis, mais à la suite d’un processus alambiqué, dominé par la terreur de voir son pénis mutilé : c’est le complexe de castration. Dans la théorie sexuelle des psychanalystes il y a du phallus partout, mais de la virilité nulle part. Devenir un homme serait un processus entièrement négatif…
JEAN MICHEL HIRT
JMH : Le nom du père va être ce qui permet à l’enfant de renoncer a posséder la mère et accepter la loi du père. Ce désir n’est pas tout puissant et c’est ce qu’on appelle la castration. La castration évidemment est une menace qui est fantasmée, qui est imaginée par l’enfant. SR : une menace de vengeance du père ? JMH : exactement ! si je veux attaquer le père va utiliser des représailles et qu’est-ce que serait la représaille ultime ce serait de me priver de ce sexe auquel je tiens tant que je suis un petit garçon. SR : pourquoi est-ce qu’un fils peut pas être simplement fier d’être un homme et s’identifier aux hommes ? JMH : Pour Freud l’harmonie ça n’existe pas. Il doit y avoir un vainqueur et un vaincu ; ce qui fait aussi que toute perspective d’harmonie est condamnée. D’ailleurs analyse signifie mettre en pièces.
ITW JACQUES ANDRE
JA : La transmission à un fils par un père de la virilité est une chose tout à fait essentielle dans la constitution d’une virilité psychique, d’une phallicité disons, tout à fait essentiel. C’est évidemment paradoxal parce que cette transmission de la virilité ne va pas aussi sans féminiser le fils dans une certaine mesure. SR- c’est-à-dire ?
JA- et bien ne serait-ce que parce que se prêter à la scène d’amour avec le père c’est quand même occuper la position de la femme sur la scène primitive donc la position de l’être pénétré. Est-ce qu’il faut que le pénis rentre par derrière pour qu’il puisse sortir par devant ? Certains l’ont formulé comme tel. Quelque chose
comme ça qui est que… encore faut-il avoir été pénétré par l’amour paternel pour effectivement affirmer. Mais vous voyez toute la difficulté de l’opération si je puis dire.
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 21 à 25)
21-EXT/JOUR/TOITS DE PARIS (QUARTIER ST GERMAIN DES PRES)
Extérieur panoramique sur les toits de Paris.
22-INT /JOUR/IMMEUBLE-PALIER DE LA PSYCHANALYSTE
Julie monte l’escalier qui mène au cabinet de sa psychanalyste.
Sur le palier, elle a la surprise de croiser Thomas, un jeune trentenaire, qui en sortait.
THOMAS (voix de tête)
Oh !
JULIE
Oh !
Thomas baisse aussitôt les yeux et pénètre la cage d’escalier en rasant le mur, honteux.
Julie disparaît prestement dans le cabinet, agacée par cette présence intrusive.
(Ils se comportent comme s’ils avaient été tous les deux surpris tout nu sous la douche).
23-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Vu à travers le bocal du poisson rouge : Julie s’allonge sur le divan.
L’odeur n’est pas comme d’habitude. Elle ne peut s’empêcher de humer l’oreiller et le coussin du divan, à la recherche de l’odeur de Thomas.
24-EXT/JOUR/RUE IMMEUBLE PSYCHANALYSTE
Julie s’apprête à monter à sa séance. Elle consulte sa montre et attend au pied de l’immeuble.
Thomas sort de l’immeuble de la psychanalyste. Julie reste en retrait pour ne pas croiser son regard, mais elle ne le quitte pas des yeux tandis qu’il s’éloigne.
Thomas observe le visage de Julie qui se reflète dans la vitrine d’un magasin.
25-EXT/JOUR/RUE
Le feu passe au vert. Thomas devrait traverser le boulevard mais il reste sur place perdu dans ses pensées qui bruissent de paroles confuses (ses propres mots prononcés sur le divan se mêlent aux bruits de la circulation).
THOMAS (voix de tête)
Elle dit n’importe quoi, j’ai jamais eu envie de baiser ma mère !
Pourquoi elle me fait ruminer sans arrêt sur les mêmes trucs ?
J’avance pas.
D’abord j’aime pas le orange. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Une orange… ? Un feu orange ?
INSERT STATUE D’APPOLON EMASCULEE (plan large puis serré).
COMMENTAIRE 17
Les psychanalystes passent leur temps à décortiquer le moindre lapsus, la moindre erreur de langage sensée receler un double sens profond, chargé d’une vérité cachée. Pourtant aucun d’entre eux n’a remarqué que depuis plus d’un siècle ils utilisaient un mot pour dire tout autre chose… C’est ballot !?
ITW RICHARD ABIBON
RA : la sexualité c’est un traumatisme au sens où c’est une blessure ; la castration c’est vécu comme une blessure. SR : au départ au niveau du sens ça signifie émasculation ? RA : yes. SR : pourtant étymologiquement castration ne signifie pas émasculation ça signifie ablation des testicules ou des ovaires, ablation des gonades. RA : oui oui. SR : pourquoi est ce qu’on emploie le terme de castration, pour signifier émasculation qui signifie autre chose ?
RA : alors vous renvoyez à une étymologie qui renvoie à la réalité d’une opération. SR : oui. RA : mais ce n’est qu’une image pour parler de la réalité de cette opération symbolique qui consiste à symboliser l’absence, donc ça n’a plus rien à voir… SR : mais pourquoi ne pas parler de complexe d’émasculation puisque c’est de ça qu’il s’agit fondamentalement ? RA : on pourrait, mais c’est, la tradition a retenu ce terme là. Je suis incapable de vous dire pourquoi, peut-être parce que à une époque on parlait des castrats, on ne parlait pas des émasculats. SR : mais justement c’est pas du tout le même organe. RA : oui, certes. SR : qui est aboli. RA : certes, certes…
ANIMATION : REPRESENTATION EN DESSINS DE LA DIFFERENCE ENTRE CASTRATION ET EMASCULATION
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
SR : Dans les livres de Freud, il n’est jamais question des testicules. Hein, il est question du pénis et du phallus. Et la castration elle renvoie justement à l’ablation des testicules. SR : dans la vie courante, lorsqu’un homme parle de ses couilles, enfin c’est extrêmement valorisant aussi, ça signifie être brave, être viril, c’est en avoir, avoir la capacité à faire des choses, et…JS : Oui (hoche la tête) ça veut dire que c’est un mec. SR: Voilà. JS: Oui je vois bien ce que vous dites. C’est amusant parce qu’effectivement on dit celui-là il a des couilles. Et en même temps quand on dit euh l’angoisse de castration elle porte pas là-dessus, elle porte sur ce fameux pénis qui est tellement triomphant quand il est en érection.
ITW JACQUES ANDRE
SR : dans la théorie analytique, il y a du phallus partout des testicules, il n’y en a nulle part ! JA- non, à tort d’ailleurs parce que ça compte. Peut-être… J’en sais trop rien… SR- c’est très important pour un homme, c’est synonyme de bravitude, de courage, de richesse, d’en avoir, de virilité. JA : oui, oui, oui. Tout à fait. SR : C’est synonyme de virilité, Il en a jamais, JAMAIS, je crois que j’ai dû lire des centaines de livres de psychanalyse, je n’ai jamais vu une seule fois mentionner le terme couille ou testicule. JA : C’est assez étrange. C’est assez étrange. C’est assez étrange…
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Vous me posez une question qui est tellement proche de la réalité que j’ai du mal à vous répondre, parce que c’est pas du tout notre problème ça de savoir si ce sont les couilles ou le pénis.
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 26 et 27)
26-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Thomas ôte sa veste et s’installe sur le divan. La scène est vue à travers les parois du bocal du poisson rouge. Le jeune homme porte un pull vert. Son regard est sombre, il est rempli d’une colère sourde. Son visage est tourmenté, flouté par intermittence.
THOMAS
Je suis comme un violon qui sonne faux.
La vérité est en moi, ben voyons : vous prenez pas de risque !
Non la vérité c’est que tout ça ne mène à rien !
LA PSYCHANALYSTE
Votre m’avez dit que votre grand-père vous prenait sur ses genoux ?
THOMAS
Et alors ? C’était un type formidable.
LA PSYCHANALYSTE
Qui a dit le contraire ?
THOMAS
Vous êtes obsédée ! Pourquoi vous ramenez tout au sexe, sans arrêt !?
LA PSYCHANALYSTE (glousse)
Qui parle de sexe Thomas ?
Soudain, Thomas explose de colère et s’assoit sur le divan, ulcéré.
THOMAS
Maisça vous arrive jamais de répondre à une question, sans en poser une autre?!!!
Pourquoi vous ne me répondez pas ???!!!
La psychanalyste tressaille puis reprend le dessus. Elle lui retourne sa question avec un léger sourire en hochant la tête, comme si la colère de Thomas était le signe bienvenu que la cure progresse :
LA PSYCHANALYSTE
Enfin! Vous lâchez prise ! Vous souvenez vous de la dernière fois où vous vous êtes mis en colère ?
Thomas est complètement désarçonné par la question et par la voix cotonneuse de la psychanalyste. Il est parvenu à lui arracher quelques mots mais il n’est pas plus avancé qu’avant. Malgré lui, il fouille dans ses souvenirs, sa colère retombe comme un soufflé.
LA PSYCHANALYSTE
Une autre colère, il y a bien longtemps. Que s’est-il passé Thomas ?
Thomas s’assoit sur le divan, la tête entre les mains, perdu. Il plonge dans ses souvenirs. Le fait qu’il ne se souvienne de rien est interprété par la psychanalyste triomphante comme une résistance, donc la preuve qu’il s’est passé quelque chose de très grave.
LA PSYCHANALYSTE
Qu’est-ce qui vous retient de vous souvenir Thomas?
Thomas se torture les méninges et se frotte le visage, déchiré.
27-EXT/JOUR/FENETRE CABINET PSYCHANALYSTE
Le poisson rouge dans son bocal apparaît à la fenêtre du cabinet de la psychanalyste.
COMMANDEMENT N°8
L’homosexualité c’est mal
Dessin : Les symboles FF et MM barrés de croix rouges
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Sans instrument les femmes ne peuvent pas se pénétrer facilement. Voyez, sans des intermédiaires mécaniques. Bon c’est tout le problème alors que dans la différence des sexes ben on est fait pour comme disait la chanson : les creux pour les bosses, etc. Et donc voyez c’est évident que d’abord pour faire un enfant, il faut être de sexe différent.
PORTRAIT DE FREUD
CITATION : « Les homosexuels se prennent eux-mêmes comme objets sexuels; ils partent du narcissisme et recherchent des jeunes gens qui leurs ressemblent qu’ils puissent aimer comme leur mère les a aimés eux-mêmes.
Sigmund Freud, trois essais sur la théorie de la sexualité, 1905
COMMENTAIRE 18
S’il n’y a que du phallus dans l’inconscient et que le pénis est le seul sexe désirable, on peut se demander pourquoi tous les hommes ne sont pas homosexuels ? Au minimum, les psychanalystes devraient être extrêmement tolérants vis à vis de l’homosexualité ? Apparemment c’est un raisonnement bien trop logique pour être psychanalytique…
ITW GENEVIEVE LOISON
SR : l’homosexualité c’est une maladie ? GL : (hausse les épaules) c’est une souffrance comme d’autres. C’est vrai que les hommes ont ce lien très particulier à leur mère.
Synthé Geneviève Loison
ITW JACQUES ANDRE
Dans les homosexualités masculines très fréquemment la figure de la mère précisément est une figure omniprésente et parfois omnipotente.
PORTRAIT DE SANDOR FERENCZI
CITATION : Les homosexuels aiment la femme trop fort (intensité terrifiante la plupart du temps, coloration sadique de l’amour, fantasmes pervers). Ils en reculent de terreur.
Sandor Ferenczi, Nouvelles remarques sur l’homosexualité, 1909
COMMENTAIRE 19
Rappelez vous, une mère n’aurait rien de féminin à transmettre à sa fille. En revanche, elle est sensée avoir la capacité à féminiser son fils, simplement en l’aimant trop.
ITW GENEVIEVE LOISON
SR : est-ce que vous pensez comme certains psychanalystes qu’une mère peut rendre son fils homosexuel en étant trop proche de son enfant ? GL : je l’ai vu dans des psychanalyses d’homosexuels adultes. Ça m’est arrivé de le voir, alors ça peut donner ou de la folie, ou de l’homosexualité, ou du passage à l’acte.
ITW EMELINE CARET
SR – Il y a des gens qui sont convaincus que automatiquement les couples homosexuels ça va créer de la psychose, si c’est pas tout de suite c’est à plusieurs générations, qu’est-ce que vous en pensez de ces débats qui agitent beaucoup le mouvement analytique autour de l’homosexualité et de l’homoparentalité. EC –Bien sûr que ça agite. Je pense aussi qu’il y a plusieurs types d’homosexualités, et que c’est lié aussi à des dynamiques familiales, à des identifications à certains moments pour l’un ou l’autre des parents, ou des identifications impossibles à l’un donc il y a eu une identification à l’autre, de la place de la sexualité dans cette famille-là etc.
INSERT REVUE DE PRESSE DE PSYCHANALYSTES HOMOPHOBES (JE FAIS DES RECHERCHES SUR LE NET°.
COMMENTAIRE 20
L’immense majorité des psychanalystes francophones considère l’homosexualité comme une psychose. André Green fut le mentor d’une association de psychanalyse freudienne pendant plusieurs décennies. Il est l’auteur du concept de psychose blanche ou non déclenchée, selon lequel un homosexuel épanoui est un psychotique qui s’ignore, bien portant en apparence mais susceptible à tout moment de sombrer dans la démence. Sous le règne d’André Green, aucun candidat au titre de psychanalyste n’avait de chance d’être adoubé par ses pairs si son analyste révélait qu’il ou elle avait des penchants homosexuels.
INSERT IMAGE D’ARCHIVE : Jean-Pierre Winter + citation de Jean-Pierre Winter dans psychologies Magazine: « légaliser l’homoparentalité c’est tuer le père et la mère »
ITW GENEVIEVE LOISON
SR : est-ce qu’il y a des psychanalystes homosexuels ? GL : il paraît, il paraît. SR : vous en connaissez personnellement ? GL : non mais j’ai entendu dire, oui. SR : dans votre société de psychanalyste ça ne pose pas de problème qu’il y ait des analystes homosexuels ? GL : j’en ai pas, je ne connais pas, non je y’en a pas dans mes… les gens que je fréquente il y en a pas.
ITW JACQUES ANDRE
JA : un certain nombre de psychanalystes presque toujours lacaniens se sont eux-mêmes érigés en figure morale, en figure de prêtres dans le fond. Pour moi c’est des discours au fond très réactionnaire, pas psychanalytique. SR : Est-ce qu’il y a des psychanalystes homosexuels, à l’APF ? JA- c’est difficile. Je ne peux pas répondre précisément. Je veux bien dire psychanalystes homosexuels.Par rapport très précisément à la question de l’APF. Je ne souhaite pas…
SR : on pourrait imaginer qu’un psychanalyste homosexuel puisse se servir de son expérience, de son vécu et de son regard pour reformuler la théorie sexuelle ? D’une manière moins hétéro centrée ? JA – sans doute, on peut même imaginer parce qu’on peut à peu près tout imaginer, rien n’empêche, si vous voulez, que ce soit une plus grande difficulté encore pour lui en même temps, parce que, précisément à ce moment-là qu’est-ce qui va pouvoir permettre de distinguer ce qu’il formule comme théorie, donc comme une généralité de la singularité qui est la sienne ?
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 28 à 32)
28-EXT/JOUR/RUE DU CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie regarde l’heure affichée sur sa montre : c’est l’heure de sa séance. Elle réalise que toute sa vie tourne désormais autour de ses séances.
Julie serre les poings et pivote des talons. Son cœur cogne dans sa poitrine.
JULIE
J’en ai marre ! J’en peux plus !
29-EXT/JOUR/CINEMA
Julie pénètre dans un cinéma au lieu d’aller à sa séance de psychanalyse.
30-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
La psychanalyste regarde l’heure sur l’horloge murale de son cabinet… Julie est en retard.
La psychanalyste regarde par la fenêtre. Pas de Julie.
LA PSYCHANALYSTE
Hum… tt tt ttt…..
La psychanalyste ouvre le tiroir de son bureau. Le tiroir est remplit de billets de banque. Elle sort les billets, les défroisse un à un, les classe et se met à compter l’argent. L’horloge murale fait tic tac.
31-INT/JOUR/CINEMA
La séance de cinéma est terminée. Julie sort du cinéma, elle respire à fond, libérée.
Soudain, son regard est attiré par une passante qui traverse le trottoir, le téléphone collé à l’oreille. Son expression tragique et péremptoire est en contradiction totale avec ses propos.
VOIX FEMME
Je ne sais pas ce que je serais devenue sans mon psychanalyste !
Julie est happée par une vague de culpabilité. Sa résolution fond comme neige au soleil.
32-EXT/JOUR/RUE DU CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie entre dans le cabinet de sa psychanalyste. Elle porte un pull orange. Elle baisse la tête comme une petite fille prise en faute.
LA PSYCHANALYSTE
Bonjour Julie. Je vous ai attendue.
JULIE
J’ai été malade…
LA PSYCHANALYSTE
Mmm mmm.
Vu à travers le poisson rouge dans son bocal : Julie s’allonge sur le divan.
CUT
L’horloge affiche 17H30. Julie sort quatre billets de 20 euros de son portefeuille. La psychanalyste lève les yeux sur elle et lui fait le chiffre « deux » avec les doigts.
LA PSYCHANALYSTE
Cette séance est la votre. Elle est donc due, que vous soyez là ou pas.
Julie rajoute 4 billets pour payer la séance manquée, sans broncher.
LA PSYCHANALYSTE
Mmm mmm.
COMMANDEMENT N° 9 :
La vérité du patient surgit dans la pensée du psychanalyste
Dessin : un fauteuil près d’un divan, partageant une même bulle de pensée
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
C’est le sexuel infantile qui est le plus marquant. Ce qui s’est passé dans notre petite enfance, on s’est arrangé pour l’oublier, c’est pas qu’on s’est arrangé c’est qu’il y a un refoulement nécessaire, si bien que quelque fois on n’a pas de souvenir d’enfance. Quelque fois même tardivement. Mais c’est quelque chose qui va peut-être pouvoir se refaire dans l’analyse. Mais ce qu’il y a d’intéressant c’est que quelque fois ce ne sont même pas des souvenirs qu’il faut retrouver, c’est quelque fois une absence totale, quelque chose qui ne s’est pas passé. Et ça c’est très intéressant parce qu’on peut créer dans l’analyse des choses qui ne se sont pas passées. Parce qu’il y a tout un… il y a toute une construction qui se fait entre l’analyste et le patient, patient on arrive à reconstruire quelque chose qui traumatiquement ont laissé des trous voyez. Mais quand quelque chose a été traumatique souvent il y a un blanc, il y a il y a quelque chose qui quelque fois est même difficile à récupérer.
INSERT DOUDOU NOUNOURS SUR UN DIVAN
COMMENTAIRE 21
Les psychanalystes ont l’art de dire le vrai pour prêcher le faux : ils utilisent le phénomène bien réel de mémoire traumatique, pour aller beaucoup plus loin et affirmer qu’un traumatisme n’existe vraiment que lorsqu’il n’a laissé aucune trace. Si vous n’avez aucune plainte, aucun souvenir d’abus sexuel, c’est qu’il a du se passer quelque chose de si horrible que votre mémoire l’a complètement effacé. La vérité psychanalytique se positionne toujours ailleurs, en opposition de principe avec le ressenti de l’analysant.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
Je pourrais vous donner un exemple : C’est une femmeprise d’une terreur foudroyante. Sais pas du tout pourquoi. Elle n’a aucun souvenir d’enfance, elle a la gorge qui se serre, et par moments tout d’un coup il y a une bouffée de de de sanglot, de larmes qui arrive je lui dit il a quelque chose là qui est à l’intérieur de votre corps, qui vous fait mal, qui n’existe pas pour vous parce que probablement ça s’est passé dans une époque très précoce. Elle sait pas ce que c’est. Et puis tout d’un coup, bon, j’ai dit vous n’étiez pas là. Donc il y a quelque chose qui n’existait pas. Mais qui vous fait mal. Qui existe puisqu’il vous fait mal mais qui n’existe pas au sens psychique. Cette petite fille n’avait pas les moyens de dire, de comprendre ni de l’élaborer elle n’en avait pas les moyens, alors tout ça est venu dans son corps, et s’exprime par son corps, mais comme quelque chose de totalement ignoré d’elle, qu’elle ne comprend pas. Parce que ce viol là, ça n’a même, ça n’a même pas de sens pour elle. Une violence inexplicable, une violence qui n’avait pas de sens. Elle me dit « mais c’est très intéressant ce que vous m’avez dit qu’on peut faire exister quelque chose qui n’existe pas » c’est une manière d’élaborer quelque chose qui n’existait pas et qui va exister. Elle comprendra sûrement jamais mais au moins ça peut permettre en elle de laisser venir des images. Voyez et la gorge quand elle se met à exploser, elle explose en larmes, en sanglots, c’est parce que la gorge est nouée là. Bon, moi j’ai plein d’images qui me viennent mais je ne peux pas les lui donner toujours, j’essaie d’aller doucement avec elle voyez. Pour essayer de trouver le chemin. Ct’important c’est de trouver le chemin sans brutaliser, et en même temps sans avoir peur. Ca n’empêche pas de pouvoir parler de viol mais c’est pas quelque chose qu’elle peut encore s’attribuer voyez. Psychiquement. Voilà un exemple par exemple de comment faire exister quelque chose qui n’existait pas.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
On peut découvrir des choses qui n’ont jamais existé. On peut faire exister des choses qui n’ont jamais existé.
SEQUENCE ANIMATION (Scènes 38, 39 + 33, 34,35)
38-INT-EXT/JOUR/TOITS DEPUIS LE CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Vu à travers le bocal du poisson rouge : Le jour se lève sur les toits de la ville.
39-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Close up sur le plafond du cabinet de la psychanalyste (en vision subjective depuis le divan).
Zoom avant sur une infime fissure dans le mur qui grossi à mesure que le cadre se rapproche et devient un gouffre…
Vu à travers le bocal du poisson rouge : Un homme d’une quarantaine d’années est allongé sur le divan. Il presse un ours en peluche sur son pull à col roulé orange.
HOMME A L’OURS EN PELUCHE (sanglote)
Ils n’ont jamais compris qui j’étais ! Elle avait droit aux sourires, moi j’avais rien !
Déformée par la paroi du bocal, on aperçoit une femme allongée sur le divan, vêtue d’un pull a col roulé orange. Elle suce son pouce.
FEMME AU DOUDOU
Je me mettais en 4 pour eux. C’était jamais assez bien. Au fond ils auraient préféré que je ne sois pas née. (tragique)
Maintenant c’est terminé ! Plus personne m’emmerde ! (colère)
Un jeune homme est allongé sur le divan. Il porte un sweat orange. Ses mains étreignent un GI Joe.
HOMME AU GI JOE
J’ai aucun souvenir avant l’âge de 4 ans. RIEN. Pourquoi ? Il a du se passer quelque chose de terrible…
Pendant que l’homme parle, la psychanalyste est assise à son bureau. Elle compte et classe discrètement les billets de banque dans son tiroir.
Fondu au noir.
33-INT/JOUR/APPARTEMENT DE JULIE
Julie somnole sur son canapé, en plein jour, complètement déprimée, déchirée par des sentiments contradictoires.
JULIE
Toute petite je croyais que… (pensée)
LA FERME ! (à voix haute)
Un signal sonore lui indique la réception d’un SMS.
Julie lit : « Je vous rappelle que votre séance est à 17H. N’oubliez pas le règlement des séances manquées ».
Julie éteint son téléphone. Mais sa voix dans sa tête rumine incessamment.
34-EXT/SOIR/DISTRIBUTEUR DE BILLETS
Julie est dans la rue, devant un distributeur de billets.
La machine refuse de lui donner du cash, pour insuffisance de provision.
Julie récupère sa carte, hébétée.
Un signal sonore l’averti de la réception d’un nouveau SMS.
Julie lit : « Vous n’êtes pas prête. Interrompre votre cure vous expose à un grave danger. Je vous attends à 17H demain. N’oubliez pas le règlement des séances manquées ».
Julie jette son téléphone par terre de rage. Il se casse en morceaux sur le trottoir.
35-EXT/SOIR/RUES
Julie traverse une ruelle déserte.
Julie avance à la hauteur d’une femme aux cheveux longs qui tourne le visage dans sa direction. La peau de son visage et de ses bras est couverte de poils, comme la fourrure d’un animal. La femme sauvage rugit dans sa direction.
Julie sursaute, terrifiée. Elle accélère le pas pour éviter cette étrange apparition.
JULIE
Non ! Non !
La femme sauvage la poursuit.
Julie se met à courir, poursuivie par un tam tam lancinant.
Une autre femme sauvage, dont la peau est recouverte de plumes, surgit devant elle.
Julie est dans une impasse. Elle ne peut plus avancer. Elle se retourne, désespérée.
JULIE
Arretez ! Laissez moi !
Julie est encerclée : une troisième femme surgi, recouverte de tatouages tribaux.
Le son sourd d’un tam-tam grave et lancinant nous éveille le sacrum. Boum, boum, boum…
JULIE
AH !!! NON !
La femme sauvage la serre dans ses bras. Julie se débat et sort de son étreinte.
JULIE
LAISSEZ MOI AU SECOURS !
AU SECOURS ARRETEZ STOP !
Décor onirique : Julie est prisonnière d’un labyrinthe. Trois femmes sauvages la poursuivent : l’une est couverte de poils, l’autre de plumes et la troisième de tatouages.
Tout à coup, une femme sauvage ouvre la bouche et pousse un rugissement de bête fauve qui transperce Julie de part en part.
Le cadre zoome avant et plonge dans sa gorge. Son rugissement se même au cri de Julie.
COMMANDEMENT n°10
Les enfants veulent faire l’amour avec leurs parents
Dessin : un nounours avec du rouge à lèvres
ANIMATION SUR LE PORTRAIT DE FREUD
La psychanalyse nous a montré que le premier objet sur lequel se porte le choix sexuel du jeune garçon est de nature incestueuse, condamnable, puisque cet objet est représenté par sa mère. Nous sommes ainsi amenés à voir dans l’attitude incestueuse à l’égard des parents le complexe central de la névrose.
Totem et tabou, 1912
COMMENTAIRE 22
La théorie sexuelle est fondée sur le postulat que les enfants seraient motivés par des désirs sexuels envers leur parent de sexe opposé. Le complexe d’Oedipe est bien connu, ce qui l’est moins c’est qu’il repose sur la conviction freudienne que les femmes et les enfants seraient naturellement enclins à pratiquer l’inceste, car ils seraient plus proches du règne animal que les hommes – garants de la loi patriarcale et de l’ordre social civilisateur…
PORTRAIT DE FREUD + CITATION
L’enfant ne se comporte pas autrement que ne le ferait la moyenne des femmes n’ayant pas subi l’influence de la civilisation et conservant ainsi une disposition perverse polymorphe. Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905
COMMENTAIRE 23
Bien des voix divergentes s’exprimaient déjà à son époque, Freud était convaincu que dans la nature les animaux se reproduisaient spontanément entre mère et fils, du fait de la promiscuité. 100 ans plus tard, les psychanalystes français persistent à s’appuyer sur le comportement supposé des animaux pour en inférer une inclination à l’inceste des femmes et des enfants humains. Lorsqu’on sait que 95% des agresseurs sexuels sont des hommes, cela laisse rêveur.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
JPW : Le fait que nous sommes des êtres parlants déjà détermine une certaine position dans la sexualité où comme objet et comme sujet nous ne sommes pas identiques à un couple vache-taureau, par exemple. Cela nous amène à une frontière qui est l’interdit de l’inceste. Par exemple, euh, un taureau ne se pose pas la question de savoir comment s’appelle la vache avec laquelle il va exercer ses talents. Il ne se pose pas non plus la question de son âge, ni de son nom ni de son histoire, ni de ses liens avec d’autres. A partir du moment où elle est biologiquement, physiologiquement disponible, il peut avoir avec elle une relation génitale. Synthé Jean-Pierre Winter
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
Bien sur qu’une femelle peut tout à fait, une femelle de mammifère ce qui est plus proche de nous, peut tout à fait enfanter avec l’aîné de ses fils quand l’âge est arrivé.
Synthé Marie-Christine Laznik
INSERT IMAGE LA TOILE DE INGRES : ŒDIPE ET LA SPHINGE, PUIS DES BABOUINS, TOUCAN, SINGES, PINGOUINS, OTARIES DU ZOO DE VINCENNES
COMMENTAIRE 24
Le complexe d’Œdipe repose sur un postulat qui est faux : depuis les années 80, ADN à l’appuis, biologistes et éthologues savent qu’à l’état sauvage, les animaux ne pratiquent pas l’inceste. Lorsque les animaux ne sont pas stressés par une réduction drastique de leur territoire, ni manipulés par des interventions humaines, un ensemble de processus biochimiques et comportementaux concourent à l’évitement de l’inceste non seulement entre mère et fils, mais aussi entre père et fille, depuis les plus grands mammifères jusqu’aux plus petites bestioles. Contrairement à ce qu’affirment les psychanalystes, la nature favorise au maximum le brassage génétique.
PORTRAIT DE CLAUDE LEVI STRAUSS + CITATION
L’échange des femmes entre hommes comme des marchandises a permis de fonder la culture humaine sur la prohibition de l’inceste.
Les structures élémentaires de la parenté, 1947
COMMENTAIRE 25
Jacques Lacan s’est appuyé sur Claude Levi Strauss pour donner un vernis scientifique aux théories psychanalytiques. Le célèbre anthropologue était convaincu que le règne animal était voué à l’arbitraire et au chaos. Selon sa théorie de la culture, l’échange des femmes entre hommes, comme des marchandises, aurait permis aux humains d’échapper à l’inceste sensé prévaloir dans le règne animal en fondant les premières cultures humaines.
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
MCL : Ce qui marque la culture pour lui c’est l’interdit de l’inceste.SR : Vous êtes d’accord avec ça? MCL : Ah tout à fait! Bien sur, Sinon je ne pourrais pas être psychanalyste.
INSERT IMAGE ANIMAUX DU ZOO DE VINCENNES (DIVERS HERBIVORES + AUTRUCHE + GIRAFE + LIVRE LES STRUCTURES ELEMENTAIRES DE LA PARENTE + RECHERCHES GOOGLE IMAGE SUR FRANCOISE HERITIER + FRONTON DU COLLEGE DE France
COMMENTAIRE 26
Pas plus que les psychanalystes, Claude Lévi-Strauss ne s’est intéressé au comportement sexuel et social des animaux. Ce qu’il attribuait aux seuls humains, n’est que la traduction anthropologique de comportements observés chez tous les animaux sociaux. Selon le sexe migrateur de l’espèce à la puberté, les jeunes mâles, ou les jeunes femelles, se regroupent et partent ensemble trouver dans un autre clan des partenaires sexuels avec lesquels ils n’auront pas de lien de parenté. « Les structures élémentaires de la parenté » ont valu à Claude Lévi-Strauss la création d’une chaire au Collège de France en 1960. A sa mort cette chaire a été, transmise à l’anthropologue Françoise Héritier pour qui la psychanalyse est un référentiel incontournable. La théorie de la culture est une fraude qui prétend légitimer la domination masculine comme un processus humanisant, seul moyen de sortir d’une nature supposée incestueuse et hostile.
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
SR : à l’état de nature, les femelles se reproduisent avec leur fils ? MCL : elles peuvent tout à fait. SR : moi j’ai rencontré des éthologues qui m’affirment le contraire. MCL : qui disent que non ? Bon ben vous voyez. SR : qui disent que non et ça fait trente ans qu’ils le savent, qu’ils font des études ADN. MCL : ah ben peut-être. SR : qu’ils font des tests ADN systématiques dans toutes les populations étudiées. Si nous évitons l’inceste en tant qu’être humain c’est aussi parce que nous sommes des animaux et que l’interdit de l’inceste, le dégoût de l’inceste repose sur des processus biologiques. MCL : Ah mais c’est pas le dégoût ! C’est l’interdit, si il y avait dégoût, il y aurait pas besoin qu’il y ait un interdit. SR : vous croyez ? MCL : le complexe d’Œdipe est le contraire du dégoût, c’est parce que c’est interdit. Tous les petits garçons disent et quand je serai grand je me marierai avec maman!
INSERT VISUEL KARL POPPER + PORTRAIT CRAYONNE EN TRIPTYQUE FREUD/DOLTO/LACAN
COMMENTAIRE 27
Pour le philosophe des sciences Karl Popper, la psychanalyse n’est pas une science parce qu’elle n’est pas réfutable par l’expérience : c’est à dire qu’elle ne peut jamais être prise en défaut. De fait, confronté à la réalité un psychanalyste rebondit d’une contradiction à l’autre pour retomber constamment sur ses pattes : l’essentiel est d’avoir toujours raison.
ITW ALDO NAOURI
SR : pour le commun des mortels la notion d’inceste provoque un dégoût instantané. AN : si nous obéissons à cet interdit au point de manifester notre dégoût au cas où, n’est-ce pas. c’est parce que nous avons tellement mis en nous cet interdit, justement parce que ce serait très agréable ! Synthé Aldo NAOURI
PORTRAIT ET CITATIONFRANCOISE DOLTO (écrite et lue)
On doit réserver le nom de complexe d’Œdipe à ce désir qui occupe tout l’imaginaire, celui d’enfantement d’un couple génito-génital dans l’étreinte d’amour et le coït avec son propre géniteur hétérosexuel, adulte surestimé, phalliquement solaire aux yeux de la fille éblouie par lui et subjuguée dans son émotivité et dans son sexe.
Sexualité féminine, 1982
ITW YANN BOGOPOLSKY
YB : la force de l’interdit est en lien direct avec la force du désir qui l’anime. SR : donc ce désir serait spécifiquement humain ? YB : le désir incestueux ? Ah oui ! Le désir est spécifiquement humain. Synthé Yann BOGOPOLSKY
INSERT DOUDOU SUR UN DIVAN + PORTRAIT CRAYONNE DE DOLTO
COMMENTAIRE 29
Pour un psychanalyste, le complexe d’Œdipe est sensé faire de nous des individus banalement névrosés, tandis que son absence nous soumettrait aux désordres majeurs de la psychose. Sous l’influence de Françoise Dolto, la psychanalyse des enfants s’est longtemps bornée au fait de « poser l’Œdipe », autrement dit à suggérer aux enfants en thérapie qu’ils éprouvaient un désir sexuel inconscient pour leurs parents. Hors caméra, plusieurs psychanalystes d’enfants m’ont avoué qu’elles n’appliquaient plus du tout ces méthodes préconisées par Françoise Dolto car je cite « cela avait créé des catastrophes ».
ITW PATRICK AVRANE
Sur quoi il se fonde le désir d’inceste sur quelque chose de beaucoup plus archaïque, de beaucoup plus ancien dans la vie d’un enfant, que le moment où il va désirer sa mère ou son père. Dès la première tétée ; dès les premiers soins, il y a un désir qui nait que le plaisir qu’on lui procure se répète. Comme en général c’est la mère ou le père, ou tout au moins les personnes qui occupent cette place-là, qui prodiguent ces plaisirs, eh bien le désir ça va être qu’il recommence. C’est ça, je dirais, ce qui reste à mon avis absolument indépassable du côté du désir d’inceste. Synthé Patrick Avrane
ITW JEAN MICHEL HIRT
JMH : La crise Œdipienne témoigne justement, de ce moment ou l’enfant, qu’il soit garçon ou fille, veut se débarrasser du rival qui lui prend son objet d’amour et qui l’empêche de constituer avec cet objet d’amour une dyade, une fusion.SR : mais en quoi cette fusion est-elle sexuelle ? JMH : elle est sexuelle parce qu’elle implique le corps et parce qu’elle implique le désir de la mère pour l’enfant et les réponses de l’enfant au désir de la mère donc le désir de l’enfant pour la mère. Donc à partir du moment où nous sommes du côté du désir nous sommes du côté du sexuel. Synthé Jean-Michel HIRT
ITW RICHARD ABIBON
RA : Les parents s’occupent de cette histoire sexuelle ; ils s’en occupent évidemment à leur façon c’est-à-dire qu’il faut bien nettoyer le bébé ; et en nettoyant le bébé ben on a accès aux parties génitales. Il faut bien frotter à cet endroit là et selon la façon dont c’est fait, d’une manière ou d’une autre, ben ça laisse plus ou moins de traces.
Synthé Richard ABIBON
INSERT DOUDOU FLURBY SUR LE DIVAN…
COMMENTAIRE 30
Après avoir nié farouchement la possibilité pour une femme d’éprouver des désirs sexuels authentiquement féminins, les psychanalystes inversent les rôles et prêtent aux tous petits, voire au bébé, des pulsions sexuelles.
ITW CHRISTINE LOISEL-BUET
SR : vous parlez de sexualité avec les enfants ? Comment ça se passe ? CLB : alors moi je ne parle de sexualité avec personne. Mais j’entends quand les patients m’en parlent. Et, oui, les petits ont beaucoup moins de barrières que les grands. Il y a une jubilation enfin tout le monde la connait, répéter zizi caca prout. Cette jubilation-là qui est exposée partout, lorsqu’elle est dans le cadre de la cure et qu’elle est entendue dans un autre champ, va aussi s’articuler autrement et prendre un autre sens.Synthé Christine LOISEL-BUET
ITW PATRICK AVRANE
SR : ça suppose que l’enfant est capable de formuler des désirs sexuels génitaux au même titre qu’un adulte ? PA : Deux choses, d’une part qu’il soit capable de formuler des désirs sexuels génitaux sans savoir exactement ce que c’est Assurément. Le désir euh, le désir sexuel au sens le plus large est présent dès la naissance. Regardez un nourrisson repu après son biberon, c’est quand même quelqu’un qui est repu de jouissance.
ITW YANN BOGOPOLSKI
YB : Freud l’a dit, que l’enfant c’est un pervers polymorphe, ça veut dire qu’il a en lui la capacité d’être aussi bien voyeur qu’exhibitionniste, sadique que masochiste.
ITW CHRISTINE LOISEL-BUET
CLB : Ce sont les mêmes concepts qui sont actifs tout le temps. SR – Qu’on ait vingt mois ou qu’on soit adulte ? CLB – Oui, oui…
ITW GUIDINO GOSSELIN
L’enfant a un tas de modes de jouissance, il jouit de mettre son doigt en bouche, il jouit de son corps, il jouit de la langue, son babillement blblblblb une jouissance orale, il jouit de son corps. La société, le fait social, la loi va faire en sorte que tout ça, toutes ces pulsions que tous les enfants ont vont devoir être refoulées. Synthé Guidino Gosselin
ITW ERIC LAURENT
EL : la pratique de la psychanalyse avec les enfants fait voir comment en effet le petit mâle à avec sa petite queue qui remue des rapports d’étrangeté, qui se manifeste dès les premières érections ou les premiers troubles avant les érections, n’est-ce pas, quatre ans, trois ans, vous avez des troubles dans la zone, des stimulations qui donnent des sensations étranges au garçon. Synthé Eric LAURENT
ITW JACQUES ANDRE
SR : vous pensez qu’il se projette dans un désir réel de s’unir sexuellement ? JA : Il le montre dans ses jeux, il le montre dans ses pratiques, il l’illustre avec son ours, avec ses personnages, avec ses objets, avec les voitures qu’il se fait rentrer l’une dans l’autre. Je crois qu’il imagine assez bien qu’il faut rentrer ou faire rentrer à l’intérieur de soi.
Synthé Jacques ANDRE
ITW ALDO NAOURI
SR : est-ce que vous pensez que les enfants ont sincèrement, au premier degré, l’intention de séduire leurs parents ? AN : Absolument. Absolument ! Mais ça va plus loin…. SR : c’est à une représentation, un fantasme, un jeu de représentation ? AN : alors là encore une fois vous allez me dire est que vous les interrogez? SR : C’est un désir sexuel à prendre au sens propre? AN : vous allez me dire est que vous avez des preuves ? Mais bien entendu qu’on a des preuves. La quantité d’enfants qui sont capables de pouvoir éventuellement venir mettre en mots leur pulsion sexuelle c’est-à-dire le gamin qui dit à sa mère : maman je veux coucher avec toi.
ITW JEAN MICHEL HIRT
JMH : de s’unir sexuellement ça ne signifie rien pour les enfants, ils ont la passion de vivre avec ce parent quelque chose d’absolu. SR : mais c’est pas forcément quelque chose de sexuel, la relation maternelle, je veux dire, elle peut être charnelle, sensuelle, tout ce qu’on veut… JMH : et sexuelle ! JMH : charnelle, sensuelle et sexuelle ! SR : les enfants sont immatures sexuellement. JMH : pas du tout ! Les enfants sont d’une grande maturité sexuelle, il suffit de voir comment les petits garçons et les petites filles s’intéressent à leurs organes sexuels, se les montrent, comparent, sont très intéressés par cette zone…SR : oui, oui ! JMH : les montrent aux adultes. Et les adultes sont intéressés par ça !
ITW MARIE-CHRISTINE LAZNIK
SR : On ne peut pas vraiment parler de désir d’inceste !? MCL : Oh mais je pense que si c’était pas interdit, il y a beaucoup de jeunes filles qui trouveraient que l’homme le plus beau et le plus génial dans la vie c’est leur papa quand même.
PORTRAIT DE FRANCOISE DOLTO
CITATION : Les enfants ont des désirs pour les adultes. Ils piègent les adultes à cause de ça.
In L’enfant, le juge et la psychanalyste, 1988
ITW CHRISTINE LOISEL-BUET
CLB : c’est aussi guidé par un réel désir du corps de l’autre. Un réel désir et une réelle excitation sexuelle, qu’on voit très bien chez les tout-petits SR – il y a un vrai désir d’inceste chez des enfants ? CLB- Oui, sauf… Oui, oui, il y a une vraie pulsion, un vrai, attirance, il y a une vrai, un vrai désir, quelque chose d’extrêmement vif.
ITW JACQUES ANDRE
Je crois que les désirs de l’enfant, la violence des désirs de l’enfant n’a rien à envier à celle de l’adulte.
ITW GUIDINO GOSSELIN
L’enfant est un être sexuel et je crois qu’on l’ignore, on l’ignore fortement et je crois que c’est le grand défaut de la société actuellement c’est qu’on ne veut pas reconnaître à l’enfant cette sexualité, ce besoin, enfin ce n’est même pas un besoin, ces pulsions qu’il a.
INSERT IMAGE : Je fais des recherches sur L’AIVI + pétition contre le délai de prescription « stop prescription » sur le net. Début de l’ITW de Nadège dans la fenêtre de mon ordinateur.
COMMENTAIRE 31
Dans ce schéma la réalité du crime d’inceste est complètement inaudible. J’ai cherché à savoir quelles étaient les conséquences de ces théories psychanalytiques sur les personnes victimes d’abus sexuels.
INTERVIEW DE NADEGE 36 ANS EN SILHOUETTE
J’ai à l’âge de 2 ou 3 ans, été sous l’emprise de mon oncle qui m’a violée pendant plusieurs années jusqu’à l’âge de 11 ans. il écrivait des lettres dans mon dos au départ, et je devais deviner quelle lettre c’était. Et puis bah c’est descendu plus bas. Et puis il me disait bah tu vois t’as pas mal, et puis ce que tu ressens c’est bien et puis ensuite j’ai passé des nuits complètes chez ma marraine. C’était venu tellement naturellement depuis toute petite que… jusqu’à ce que voilà ce soir de Noël, je lui dise non, et que ça le fasse rire « et qu’est-ce que tu vas faire ? » « Bah je vais crier » . Je me revois dans cette pièce, la CPE à côté de moi, c’est la salle d’attente. Une dame froide, grande, fine, brune, cheveux bouclés, qui m’inspire pas. Qui me demande d’entrer, il y a… j’ai pas le droit d’être accompagnée. Elle me demande de m’asseoir, pourquoi je suis là. Ben j’ai subit des violences sexuelles depuis que je suis petite. Elle n’a pas l’air de me croire, comme si c’était impossible. Elle fait la moue, elle me demande ce que j’appelle des violences sexuelles « c’est pas des caresses un peu trop poussées ? » « et puis vous l’aimiez votre oncle ». J’avais peut être mal interprété des choses. Il faut peut être pas exagérer. Cette dame est psychanalyste, donc elle est sensée être crédible, moi je suis pleine de questions. Je suis désemparée et là je suis surtout mortifiée en fait. Donc je sors de là. Et je suis pas bien. Et je ne consulte plus pendant des années, et surtout je me tais. Son attitude a conforté mon mal être en fait. J’ai parlé j’ai pas été entendue, alors qu’elle était là pour ça et que je l’avais jamais fait ailleurs. J’ai surtout plus trouvé le courage pendant des années d’en parler vraiment. Et oui j’ai eu des pensées suicidaires, mon comportement en tout cas allait avec. Je suis rentrée je ne sais combien de soirs avec des hommes que je ne connaissais pas, il aurait pu m’arriver n’importe quoi. J’ai fait des crises d’angoisse terribles à vomir pendant 3 jours sans comprendre pourquoi avant un repas de famille. A côté de ça j’étais en dépression, je ne voyais plus personne, je me suis isolée complètement. J’étais dans l’incapacité physique de sortir ; à chaque inspiration c’est une nausée profonde. Et jusqu’au vomissement et quand le vomissement commençait je n’arrivais plus à m’arrêter. jusqu’à être en hypokaliémie à l’hôpital ; à la limite de l’arrêt cardiaque. ça fait à peine un an que je ressors de chez moi. C’est un danger ces gens là, je peux le dire maintenant avec le recul parce que j’ai enfin rencontré les bonnes personnes, mais pour les rencontrer il a fallu que je me mette vraiment en danger. En danger de mort.
SEQUENCE ANIMATION (SCENES 36, 37)
36-INT/JOUR/CHAMBRE DE JULIE
JULIE
Je vais être en retard…
Je m’en fous !
Julie ôte son pull orange et le fourre dans un sac poubelle ; Elle ouvre la porte de son dressing. Les étagères contiennent plusieurs pulls oranges, de différentes teintes et formes.
JULIE
Pourquoi j’ai acheté ces horreurs ?
Julie vide les vêtements orange de ses étagères et les met dans un sac poubelle.
Julie est assise sur son lit. Son visage est agité de tressaillements flous…
JULIE
Je dois reprendre le cours de ma vie.
Julie cligne des yeux, dans un effort visible pour « rester là ».
Dans sa tête un bruissement de voix indistinctes la tourmente.
Comme un pantin cassé, le visage de la jeune femme tourne brutalement sur la gauche, puis à droite, gauche, droite, d’abord lentement, puis de plus en plus vite.
Julie craque, son visage redevient plus flou et tourmenté que jamais… Elle hurle.
Fondu au noir
37-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
Julie entre dans le cabinet de sa psychanalyste. Elle est tellement dissociée désormais qu’elle évolue dans un monde mouvant, tordu et flou.
Jule regarde le divan, mais la psychanalyste s’alarme et lui fait « non » de la tête.
LA PSYCHANALYSTE
Non Julie, vous êtes trop fragile pour continuer sur le divan. A partir de maintenant nous serons en face à face.
La psychanalyste lui indique le fauteuil devant son bureau d’autorité.
La psychanalyste griffonne le nom d’un neuroleptique sur une ordonnance et la tend à Julie.
LA PSYCHANALYSTE
Pour poursuivre la cure, il faut prendre ça. C’est pour votre bien.
La psychanalyste ouvre le deuxième tiroir de son bureau. Elle s’empare d’une boîte de neuroleptiques qu’elle pose devant Julie. Elle remplit un verre d’eau et le lui tend.
Julie prend le comprimé entre ses doigts. Son regard est hypnotisé par le poisson rouge qui tourne en rond dans un bocal, posé sur le bureau de la psy.
Julie s’exécute, un peu à contre cœur, troublée par ce changement de rituel.
JULIE
Cette nuit j’ai rêvé de vous. Et de ma sœur aussi. Ça fait cinq ans que je ne l’ai pas vu. Depuis que je viens vous voir en fait…
Soudain, la psychanalyste l’interrompt d’un lever de tête vers l’horloge alors qu’il n’est que 17H15.
LA PSYCHANALYSTE
Bien on va s’arrêter là pour aujourd’hui.
Julie regarde l’horloge, dépitée. Elle se lève et enfile sa veste. Elle s’apprête à sortir lorsque sa psychanalyste l’interpelle.
LA PSYCHANALYSTE
Vous n’oubliez pas un petit quelque chose Julie ?
Julie la regarde, désemparée par les meubles qui tanguent autour d’elle.
Julie sort trois billets de son sac. Elle doit racler le fond de son sac à la recherche de menue monnaie pour régler le complément.
LA PSYCHANALYSTE
Mm mmm.
La psychanalyste ouvre le tiroir, elle fait glisser les billets et la monnaie dans le tiroir.
Pour la première fois, Julie qui se tient debout à coté du bureau voit le contenu du tiroir rempli de billets froissés. La psychanalyste surprend son regard et referme le tiroir d’un coup sec.
COMMANDEMENT N° 11
L’inceste c’est pas grave.
Dessin : trois petits points…
INSERT PHOTO : REGARD TERRIBLE DUNE FILLETTE, LES MAINS D’UN HOMME POSES SUR SA BOUCHE.
COMMENTAIRE 32
Comment condamner les abus sexuels commis par les pères, lorsque la théorie psychanalytique prête au désir d’inceste la seule possibilité pour une fillette de devenir une femme !?
ITW JEAN MICHEL HIRT
SR : la petite fille et l’envie du pénis il y a une notion que le féminin ne se transmet pas directement (il acquiesce) de femme à femme. JMH : voilà ! SR : que pour devenir une femme, pour accomplir son destin féminin, supposé donc hétérosexuel, se tourne vers son père. JMH : qui valorise son sexe ! SR : voilà, et que c’est à travers le désir d’inceste avec le père que la petite fille va pouvoir devenir une femme ? (Il hoche la tête) c’est-à-dire transformer le fait de vouloir être un homme. JMH : c’est ça ! SR : en vouloir… JMH : en acceptant d’être une femme désirée, désirable, et en investissant du coup sa réalité féminine. Quand elle reconnaît son sexe, quand elle lui accorde de la valeur et une valeur d’autant plus précieuse qu’elle a le sentiment que son père n’est pas sans intérêt pour elle.
Il est très important aussi pour une petite fille d’être désirée par son père, c’est comme ça qu’elle va construire son identité féminine.
ITW JACQUES ANDRE
Dans le fond pour une fille c’est quoi le plus dur, voir dans les yeux de son père le désir dont elle est l’objet, ou dans les yeux de ce père ne rien lire du tout qui la concerne. Dans un cas un désir un peu difficile à affronter, dans l’autre une indifférence beaucoup plus compliquée à traiter, à transformer, sans doute beaucoup plus blessante.
PORTRAIT DE FRANCOISE DOLTO
CITATION : Il n’y a pas eu de viol du tout, elles sont consentantes. Elle ne l’a pas ressenti comme un viol, elle a simplement compris que son père l’aimait et se consolait avec elle parce que sa femme refusait de coucher avec lui.
Entretien revue Choisir, 1979
ITW ALDO NAOURI
SR : Comment se fait-il qu’il y ait des enfants qui soient victimes d’inceste ? AN : Ah! SR : comment se fait-il qu’ils ne soient pas satisfaits de leur sort ? Si l’Oedipe est réellement un fantasme à prendre au premier degré, comment se fait-il que les enfants soient des victimes de ce qui s’est passé ? AN : voilà, Et bien tout simplement parce que, entre le désir et la réalité, il y a une différence considérable. C’est-à-dire que le désir en question ce produit dans une forme de fantasme tandis que dans la réalité, il va y avoir butée d’une réalité pour laquelle le corps n’est pas fait, ni prêt. Et il va y avoir quelque chose qui va bousculer ce qu’il en est de la possibilité de ce corps de s’accomplir.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
L’interdit de l’inceste c’est pas l’interdit pour le père d’avoir des relations désirantes avec sa fille ou avec son fils. Ça c’est largement répandu dans le monde mais si vous veillez un peu aux mots dans lesquels les choses sont dites l’interdit de l’inceste est un interdit qui s’adresse à l’enfant. C’est à l’enfant qu’il est dit tu ne convoiteras pas ta mère. Tu ne feras pas de… tu renonceras à ta mère comme objet de désir et tu ne tueras pas ton père. ça marche dans ce sens là. C’est pas le problème si vous voulez ce que les parents euh…
CITATION DOLTO
A partir du moment où un adulte le lui demande, si (l’enfant) accepte, c’est qu’il est complice, il n’a pas à se plaindre. Françoise Dolto, l’enfant le juge et la psychanalyste, 1988
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
L’inceste paternel ça fait pas tellement de dégât. Ça rend des filles un peu débiles, mais l’inceste maternel ça fait de la psychose. C’est-à-dire des, c’est la folie.Mais la fille avec le père, elle est pas issue du père, hein, elle a pas été dans le ventre du père ; donc il y a quelque chose voyez c’est un inceste secondaire, moi je dirais ça. Alors que l’inceste primaire, le véritable, c’est la mère. C’est de pénétrer la mère. Et les garçons qui pénètrent leur mère ils sont psychotiques. Alors que la fille non. Les filles peuvent, on a beaucoup d’expériences de filles avec un inceste paternel, se débrouillent pas trop mal. Bon, on ne peut pas dire que ça va très très bien. Il y en a qui sont très très mal, il y en a qui sont moins mal, et puis il y en a qui se débrouillent en… autrement. Ce que je disais, un petit peu débiles. Mais c’est c’est c’est très différent. Synthé Jacqueline SCHAEFFER
INSERT VIDEO : JE REGARDE SUR INTERNET UN EXTRAIT D4UNE EMISSION DE MARCEL RUFFO EN 2012 SUR LE PLATEAU D’EGLANTINE EMEYÉ SUR FRANCE 5, « ALLO RUFFO » DANS LAQUELLE IL AFFIRME : « L’immense majorité des enfants abusés vont bien. A distance après le sévice. Elles ont bien sur des craintes un peu précises mais elles vont bien dans leur vie amoureuse, sexuelle, personnelle, professionnelle.
INTERVIEW DE SACHA
J’ai été abusée, agressée, maltraitée par mon géniteur,depuis bébé jusqu’à la fin de l’adolescence. Mon père était généraliste, il faisait aussi psy et gynéco. Et plusieurs fois il m’a imposé par surprise des examens gynécologiques. Il me faisait à la fois une séance de psy, de l’éducation sexuelle tout en me pénétrant en fait. J’étais malade physiquement, j’ai toujours eu des problèmes gastro, gynéco, de mémoire, dépressions, ces pensées suicidaires très très très fortes, des conduites à risque, tout ce qui criait en moi qu’il y avait un problème depuis toute petite, lui il y mettait tous les termes de la psychanalyse. C’était son dada, il a pas reçu de formation pour mais en tous cas il avait tout le lexique. Par exemple la fois ou je lui ai dit écoute je ne veux plus te voir, parce qu’en fait, t’as abusé de moi. Il m’a dit je pense que tu es sadique avec un complexe érotomane sur moi et qu’il faudrait que tu apprenne à porter ta peau d’âne avec plus de dignité.
Je suis arrivée à la psychanalyse à un moment de gros craquage, j’avais déjà fait deux très grosses dépressions et je sentais que je replongeais complètement ; et je lui dit je me suis fait violer par mon père, je ne pense qu’à ça, il y a des souvenirs atroces qui remontent. Elle me reçoit vraiment le visage fermé et tout de suite elle me dit « ce que vous m’avez dit au téléphone ne sont des choses qui ne se disent pas au téléphone ». On commence le travail ensemble, donc déjà je faisais très attention à mes mots. Un jour je lui dis, non mais quand même, j’ai été violée par mon père toute mon enfance. Et elle me dit « non, vous ne pouvez pas dire ça comme ça, ce que vous pourriez dire c’est que vous estimez que d’une certaine manière vous avez entretenu une relation d’ordre incestuel avec votre père, et comme ça vous ne vous placez pas en tant que victime alors je sais victime c’est très à la mode. Il faut faire attention à tout ce qu’on entend en ce moment sur les agressions sexuelles comme ça on en fait tout un pataquès… on sait pas en fait … toutes les petites filles rêvent de faire l’amour avec leur papa. Par rapport à ce que j’ai vécu quand je désirais vraiment en parler frontalement, pour elle il était pas là le problème. J’avais l’impression d’être jugée, des fois aussi elle riait elle était secouée de rire, ou de fou rire, (l’imitant) OK on arrête là aujourd’hui, mais je pouvais être en train de raconter vraiment un cauchemar pédophile très agressif et tout à coup elle commençait à rire et me disait OK on arrête à séance. Si j’allais en analyse c’était vraiment pour pouvoir tout dire sans filtre. Le mot victime faut pas l’utiliser, le mot inceste c’est compliqué, le mot viol, ah oui oh lala avec toutes ces féministes qui font un lobbying pas possible.
Moi je m’estimais comme une grande accidentée… donc j’avais besoin de soins très bienveillants, très doux ; et ça c’était refusé. Je repartais de la séance en ayant pleuré, fatiguée, pleine de haine, de colère, avec même pas une phrase bienveillante qui puisse m’indiquer un chemin d’apaisement à prendre. Je pouvais sortir de séance plus mal que je n’y étais entrée. Ca demande à la fois de basculer dans le monde des idées, et à la fois de débrancher son cerveau ; ça réclame aussi beaucoup de soumission.
SEQUENCE ANIMATION (scènes 40, 41)
40-EXT/JOUR/IMMEUBLE JULIE
Julie sort de son immeuble. Soudain, elle sursaute, incapable de faire un pas dehors : le paysage est à l’envers : le haut est en bas et le bas est en haut.
Julie ne peut pas se résoudre à marcher dans le ciel. Elle se fige, prise de vertige.
Julie essaie de se raisonner, mais elle est en perte totale de repère. Traverser la rue lui devient extrêmement difficile. Elle s’accroche aux murs, dévorée par l’angoisse.
41-INT/JOUR/APPARTEMENT DE JULIE
Les mains de Julie extraient deux comprimés de neuroleptiques de leurs enveloppes. Julie les avale avec un verre d’eau.
ZOOM AVANT SUR UN DIVAN + INSERT ZOOM AVANT SUR BILLET DE BANQUE AVEC PORTRAIT DE FREUD
COMMENTAIRE 33
La vérité psychanalytique se positionne toujours ailleurs, en opposition au réel. Si vous n’avez aucun souvenir traumatique, votre psychanalyste peut vous convaincre qu’il s’est passé quelque chose de si terrible que votre mémoire l’a complètement effacé. En revanche, si vous arrivez sur le divan avec un véritable vécu traumatique, le psychanalyste peut prendre le contrepied de cette plainte pour insinuer qu’elle est fausse, ou bien que tout ce qui s’est produit est de votre faute. Derrière ces deux attitudes apparemment contradictoires, réside en réalité une même posture : prendre systématiquement le contrepied du discours du patient, quel qu’il soit.
INSERT ANIMATION IMAGE JACQUELINE SCHAEFFER en dame de pique
A gauche elle affirme une chose, a droite (image inversée, tête en bas) elle affirme le contraire :
A GAUCHE : L’inceste paternel ça fait pas tellement de dégât. Ça rend les filles un peu débiles.
A DROITE : cette petite fille n’avait pas les moyens de dire, tout ça est venu dans son corps, comme quelque chose de totalement ignoré d’elle.
A GAUCHE : voyez c’est un inceste secondaire, on a beaucoup d’expérience de filles avec un inceste paternel, se débrouillent pas trop mal.
A DROITE : ça n’empêche pas de pouvoir parler du viol, mais c’est pas quelque chose qu’elle peut encore s’attribuer voyez psychiquement.
A GAUCHE : Ce que je disais, un petit peu débiles. Débiles. Débiles (en écho)
Fondu au noir.
SEQUENCE ANIMATION (scènes 42 à 45)
42-EXT/JOUR/FACADE DE L’IMMEUBLE DE LA PSYCHANALYSTE
Le poisson rouge tourne dans son bocal posé près de la fenêtre du 3ème étage.
Vue sur les toits de Paris à travers l’aquarium.
43-EXT/JOUR/RUES
Thomas déambule dans la rue, en proie à des idées noires.
Vision subjective : Thomas marche dans le ciel. Il voit le macadam au dessus de sa tête.
THOMAS
La vie n’a aucun sens. Aucun sens.
Ah ? C’est drôle, je vole!?
44-EXT/JOUR/RUES
Thomas traverse un pont qui enjambe la seine. Il observe les nuages qui traversent le ciel à la place de ses pieds.
Thomas lève les yeux vers le ciel pour regarder l’eau noire au dessus de sa tête, en proie à une fascination morbide.
En perte totale de repères, Thomas avance dans le ciel, ignorant qu’il s’approche en réalité dangereusement du parapet du pont…
Soudain, Thomas entend un hurlement (Julie), il se retourne.
JULIE
NON !!! Non, stop ! Attendez !
Julie se tient en face de lui, à bonne distance de l’autre côté de la rue. Elle veut traverser la rue en direction de Thomas, mais le paysage étant inversé il faudrait pour cela qu’elle marche dans le ciel.
THOMAS
La fille aux pulls orange.
Mais si viens c’est marrant.
Thomas tend la main vers Julie. Il aimerait traverser et la rejoindre, mais hélas autour d’eux le ciel est en bas, le sol est en haut, ils sont complètement désorientés. Quelques mètres seulement les séparent l’un de l’autre, mais ils ont perdu tous leurs repères.
JULIE
Non non non, attends! Viens vers moi !
Un bruit de crissement de pneus les fige l’un et l’autre. Au dessus de leur tête, une voiture vient de traverser le boulevard qui les sépare.
JULIE
Je ne peux pas bouger !
Attention !
En perte totale de repères, Julie et Thomas se figent. Ils luttent pour retrouver leurs sens et se rapprocher l’un de l’autre. Mais ils sont incapables de franchir la distance qui les sépare.
45-EXT/JOUR/RUE
Soudain, la femme sauvage (recouverte de poils) frappe de son pied nu sur le macadam, à
distance de Julie et Thomas « Boum boum boum »
La vibration se propage sous les pieds de Julie qui retrouve un temps fugace ses repères : le sol redevient visible sous ses pieds.
Une autre femme sauvage surgit derrière Thomas. Elle frappe de son pied nu sur le sol.
« Boum boum boum »
La troisième femme, intégralement tatouée, surgit à quelques mètres, elle frappe à l’unisson des autres femmes sur le sol de ses pieds nus et tatoués.
Julie et Thomas regardent le sol se reformer par intermittence sous leurs pieds, grâce aux vibrations émises par les étranges apparitions.
COMMANDEMENT N° 12
Les hommes ne peuvent pas désirer les femmes
Dessin : une poule devant un peigne
INSERT LE SARCOPHAGE DES AMANTS ETRUSQUES ETLE BAISER DE RODIN
COMMENTAIRE 34
Pour achever d’inverser les rôles et mettre les enfants à la place sexuelle des adultes, il restait à lutter contre un obstacle majeur : l’appétence réciproque, et somme toute assez répandue, des hommes pour les femmes…
ITW GERARD POMMIER
Il n’y a pas de norme du désir, sexuel pour l’être humain. C’est même un mystère de savoir comment il se fait que l’espèce humaine a pu se perpétuer, tellement c’est pas naturel.
ITW ERIC LAURENT
Un homme ne sait jamais quand il parle à une femme, qu’il veut la séduire, il ne sait jamais s’il est vraiment un homme et une femme ne sait jamais si elle est vraiment une femme y compris quand ils font l’amour, y compris quand ils se reproduisent, la question reste à les tourmenter.
PORTRAIT LACAN
CITATION : La relation affective fait de l’autre un être de pur désir, lequel ne peut être, dans le registre de l’imaginaire humain, qu’un être de pure interdestruction. Il y a la une relation purement duelle, qui est la source la plus radicale du registre même de l’agressivité. Jacques Lacan, Séminaire III, les psychoses, 1955
ITW ESTHELA SOLANO
SR : Il n’y a pas d’instinct sexuel chez les humains ?
ES : non. C’est ce qui nous différencie des animaux.
ITW JACQUELINE SCHAEFFER
C’est psychologique le sexuel hein. On n’est pas des bêtes hein. On n’a pas des instincts sexuels.
ITW GERARD POMMIER
SR : il n’y a pas d’instinct sexuel ? GP : oui. SR chez l’humain. GP : non, non. Mais c’est d’expérience. SR : ça va à contre courant du ? GG: c’est l’expérience ! SR : du, du sens commun. GP : ben si, non, c’est au contraire le sens commun qui nous montre que la sexualité marche n’importe comment.
ITW ALEXANDRE STEVENS
AS : par rapport aux animaux il existe l’instinct, et au fond un mâle sait ce qu’il doit faire au moment où il doit le faire c’est à dire à une certaine période de l’année, pour qu’une femelle s’intéresse à lui. Ou vice versa et ils font des petites danses, enfin ils font ce qu’ils ont à faire avant de s’accoupler. Et bien du côté humain c’est pas si simple que ça. Il faut en effet passer par des invitations au restaurant, au cinéma… SR : des petites danses humaines.
Synthé Alexandre Stevens
ITW ESTHELA SOLANO
Ce que Lacan a avancé, c’est que pour les êtres qui sont les êtres assujettis au langage, il n’y a pas de rapport sexuel.
ITW ERIC LAURENT
Il n’y a pas de rapports sexuels veut dire il n’y a pas de rapports sexuels qui puissent être une proposition de type scientifique « il est scientifiquement établi que les hommes sont attirés par ça, les femmes sont attirées par ça, et donc on doit pouvoir obtenir le rapport vraiment, scientifiquement, établi vers lequel tout le monde devrait tendre » et bah non, c’est l’envers.
JEAN-PIERRE WINTER
Quand Lacan dit il n’y a pas de rapport sexuel ce qu’il veut dire c’est qu’il y a pas de rapport au sens mathématique, c’est-à-dire de quelque chose qui ferait du « un ».
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
SR : dire qu’il n’y a pas de rapport sexuel, c’est dire qu’il n’y a pas de rencontre entre les sexes possibles ? CP : oui. Ça veut dire que, étant donné qu’il n’y a pas la femme. On ne peut pas écrire un homme sur une femme enfin. Synthé Claude Parchliniak
ITW GUIDINO GOSSELIN
GG : une révélation c’est de savoir qu’on ne venait pas au monde avec un corps. Moi quand j’ai appris ça, ça m’a… C’est fou, hein ? Allez dire à quelqu’un tu sais qu’il y a des gens qui n’ont pas de corps, c’est pas fou ça ? Ca vous paraît normal ? SR : Non (rire).
INSERT ICONOGRAPHIE APHRODITE SORTANT DES EAUX + BUSTE DE NEFERTITI
+INSERT IMAGE JE CONSULTE CETTE PHOTO SUR LE NET : la une de la cause du désir N°89. Titre du dossier : le corps des femmes.
: une affiche (http://www.causefreudienne.net/la-cause-du-desir-n89/).
COMMENTAIRE 36
Le corps des femmes est le sujet de prédilection des artistes depuis l’aube des civilisations. Des femmes qui furent longtemps appelées « le sexe » ou « le beau sexe ». Nageant résolument à l’encontre de millénaires de représentations artistiques, cette affiche produite par la revue « la cause du désir » expose une vision typiquement lacanienne du corps féminin: un morceau de viande insipide, objet de dégoût…
ITW GUIDINO GOSSELIN
Il n’y a rien qui au niveau de l’inconscient permet de dire qu’un homme doit aimer une femme ; il répond à certains critères qui sont au niveau de son fantasme pour avoir une relation avec l’autre.
ITW ESTHELA SOLANO
SR : ça suppose qu’un homme ne peut pas être attiré par le sexe d’une femme ?ES : Non.
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
C’est-à-dire : il n’a pas rapport à une femme mais il a rapport à l’objet de son fantasme. Il ne rencontre pas une femme. Il ne rencontre que cet objet.
COMMANDEMENT N° 13
Seule la perversion permet le rapport sexuel
Dessin : un martinet et un collier à clous
ITW ESTHELA SOLANO
SR : Pourquoi est-ce que Lacan a dit que seule la perversion permet le rapport sexuel ? ES : c’est un jeu de mot, la perversion s’écrit en deux mots : père version, c’est-à-dire que c’est une version fantasmatique de la jouissance du père.
ANIM PORTRAIT REGARD DE LACAN
ES : Lorsque ce fantasme est analysé on trouve toujours une version du père jouisseur.
SR : c’est parce qu’on n’a pas d’instinct sexuel que la père version permet le rapport sexuel ? ES : (hoche la tête par l’affirmative) voilà.
PORTRAIT DELACAN
CITATION : Il n’y a pas de rapport sexuel parce que la jouissance de l’Autre prise comme corps est toujours inadéquate – perverse d’un côté et de l’autre je dirais folle, énigmatique. Jacques Lacan, Séminaire XX, Encore, 1972
COMMENTAIRE 37
Jacques Lacan est à l’origine du concept psychanalytique de père-version. Dans un monde dépourvu d’instinct sexuel, où les hommes sont confrontés à des partenaires au sexe non désirable, tout rapport sexuel serait du registre de la perversion. Une perversion non seulement inévitable, mais souhaitable, dès lors qu’elle seule permettrait qu’il existe un rapport sexuel.
ITW ALEXANDRE STEVENS
AS : C’est le côté pervers polymorphe de tout mâle dit Lacan de tout homme. Pervers polymorphe au sens où il va pas nécessairement chercher l’amour d’une femme mais plutôt au fond les traits, les traits particuliers qui sur cette femme font ses objets à lui. SR : est ce que c’est ce que veux dire Lacan lorsqu’il dit que « seule la perversion permet le rapport sexuel » ? AS : on peut, tout à fait n’est-ce pas. Ça c’est le côté perversion de l’homme.
ITW GUIDINO GOSSELIN
Regardez la mère avec un enfant, c’est quand même remarquable. Un homme ferait avec un bébé ce qu’une mère fait, ça serait… Vous avez déjà vu les mères comme elles embrassent les enfants, elles caressent, elles embrassent le sexe des enfants, elles embrassent, elles font des papouilles partout, il y a une jouissance de la mère par rapport au corps de l’enfant.
ITW PATRICK AVRANE
Les pervers font partie des personnes qui sont difficilement analysables et je pense qu’un analyste doit prendre énormément de précautions avant d’envisager un travail, quand je dis un travail, vous m’entendez bien je dis pas une analyse, avec quelqu’un qui est pervers parce que le risque c’est celui de la disparition de l’objet de satisfaction, de la disparition des conduites qui lui permettent de vivre et donc le risque c’est celui d’une décompensation. Toute la difficulté et là.
PORTRAIT DE LACAN
CITATION : Ne pas céder sur son désir. Jacques Lacan, Séminaire VII, l’éthique de la psychanalyse, 1960
COMMENTAIRE 38
Le concept de père-version trouve son aboutissement dans le credo lacanien : « ne pas céder sur son désir ». In fine, une analyse n’aurait pas pour but de soigner quoi que ce soit, mais de permettre au patient d’identifier son désir : un désir caché, insu de lui-même, non conforme au bien être partagé et aux règles du vivre ensemble. Un désir fatalement antisocial, que seule l’écoute du psychanalyste permettrait de débusquer.
ITW CLAUDE PARCHLINIAK
Qu’est-ce qu’on appelle aider quelqu’un ? Donc le psychanalyste a une conception de l’aide qui n’est pas la conception commune et habituelle. Voilà il ne veut pas le bien de son patient. Ce qu’il veut c’est qu’il retrouve le chemin de son désir. Et le désir c’est pas forcément compatible avec le bien. En général ça ne l’est pas. Ca créé des complications.
ITW JEAN-PIERRE WINTER
Le désir étant par définition singulier, le désir au sens freudien du mot, il s’agit de se mettre en harmonie avec ça et donc pas se retrouver dans une situation où on est constamment en devoir de céder ou de renoncer à son désir pour la satisfaction du désir des autres.
ITW ESTHELA SOLANO
SR : du coupquelles sont les limites ? Parce que du coup ça implique qu’il n’y ait pas de différence de nature entre une sexualité normale je ne sais pas si on peut parler de normalité, et des sexualités perverses ? ES : voilà. SR : comme la pédophilie par exemple ? ES : voilà, oui. SR : il n’y pas de différence de nature ? ES : il y a une différence, il y a un abîme entre la réalisation du fantasme quel qu’il soit ou la dimension imaginaire du fantasme, n’est ce pas.
ITW YANN BOGOPOLSKY
Le désir en lui-même n’est pas de l’ordre de l’anormal, si on peut employer, dans le discours conscient des normes sociales. Le désir il peut être là.
CITATION ET PORTRAIT DE RICHARD ABIBON
Christophe est le plus jeune de l’unité, sa beauté ne me laisse pas indifférent.
Il me tient par la main, et il saute ainsi, « avec moi », sur le lit. Je ne puis que constater qu’il y a là, d’emblée, une relation très forte, forte au point d’évoquer la relation sexuelle.
Richard Abibon, de l’autisme, 1999
ITW GUIDINO GOSSELIN
Qu’est-ce qu’il veut au fond le pédophile ? Il recherche un enfant mais contrairement à ce qu’on pense, le pédophile n’est jamais un violeur. C’est-à-dire qu’il y a une morale chez le pédophile. Notre société est faite par rapport à justement cette jouissance qu’on doit museler, qu’on doit bâillonner pour devenir un sujet, un bon sujet névrotique, un bon sujet normal. Le pédophile, lui, il veut être un bon père c’est-à-dire un père non seulement qui aime l’enfant, qui fait preuve d’amour avec l’enfant mais qui veut aussi que l’enfant puisse jouir, il veut reconnaître le droit à la jouissance de l’enfant.
CITATION ET PORTRAIT DE RICHARD ABIBON
A propos, d’Alexandre 13 ans. « Il me prend la main, et la pose sur son derrière ; puis il se retourne, et la pose sur son sexe. – C’est encore une histoire de cul et de sexe, ça ! ». Richard Abibon, de l’autisme, 1999
ITW ALEXANDRE STEVENS
AS : Un enfant a été saisit par un pédophile. Au fond il a été traumatisé, donc on est bien d’accord, mais c’est quoi ce trauma ? C’est une irruption d’une jouissance opaque pour lui dans sa vie ; opaque de l’autre mais aussi d’une opacité pour lui, en lui, de ce qui s’est passé. Cette opacité il s’agit en effet de la lever un peu. il s’agit en effet qu’il puisse en parler, qu’il puisse subjectivement reprendre ça dans son discours, pour tisser ça avec son fantasme, avec tout ce qu’il a vécu avant. Réintégrer ce qui s’est passé dans son histoire, avec son fantasme, avec ses symptômes qui le précédaient. Et au fond voilà, ça lui est arrivé. SR : avec son fantasme ? Vous parlez de jouissance de l’enfant qui a été victime euh, c’est la jouissance de l’enfant ? AS : quand je parle de jouissance opaque c’est en effet une jouissance qui est d’abord celle que l’adulte a présenté auquel l’enfant n’a pas compris grand chose, c’est une jouissance de l’enfant aussi. Quand je parle de jouissance, je veux parler de quelque chose qui surgit dans son corps comme éprouvé, comme émoi et qui est trop violent. Que ce soit un trop violent du côté du plaisir ou un trop violent du côté du déplaisir et de l’obscène. N’est-ce pas ? Au fond l’enfant aussi a éprouvé quelque chose quand ça s’est passé, c’est ce éprouvé là, que j’appelle sa jouissance. Son corps a éprouvé n’est ce pas, il s’agit de ça.
CITATION ET PORTRAIT DE RICHARD ABIBON :
A propos d’Alexandre, 13 ans : « Je lui parle de sa beauté, de l’effet qu’il me fait, de mon statut dans l’hôpital et du rôle que j’entends y jouer ».
(à propos des stéréotypies du jeune autiste)
« Ce lent redressement du corps à mesure que la tension monte et que le souffle s’accélère, ne fait-il pas penser à l’érotique gonflement du corps caverneux ? Et cette brusque détente où tout le corps semble gicler en avant, n’évoque-t-elle pas l’éjaculation ? » Richard Abibon, de l’autisme, 1999
ITW GUIDINO GOSSELIN
Le pédophile lui… il va tomber amoureux, dire ça c’est quelque chose d’épouvantable de dire la pédophilie c’est aussi, il faut essayer d’entendre je sais que ça a quelque chose de choquant d’entendre qu’un pédophile est quelqu’un qui puisse être amoureux d’un enfant.
CITATION ET PORTRAIT DE RICHARD ABIBON
CITATION : A propos de Candy, 8 ans : « Cette fois, elle s’installe à cheval sur mes cuisses et me colle sa main dans la bouche. Elle se laisse retomber sur ma poitrine, prise d’un calme immense.
Nous restons enlacés très longtemps, sans un geste ».
Richard Abibon, de l’autisme, 1999
ITW GUIDINO GOSSELIN
Justement, on refoule la vindicte, c’est par rapport à notre pédophilie que nous avons tous. Tous nos sentiments, toutes nos pulsions mais nous les avons refoulés. On ne peut pas être un bon éducateur, excusez-moi, sans être quelque part, avoir un amour pour les enfants.
On a tous des fantasmes et des rêves quelque part pervers.
ITW JEAN MICHEL HIRT
C’est la grande force de Sade aussi c’est que Sade a eu le courage unique dans l’histoire de l’humanité jusqu’à présent et je crois qu’il est indépassable à cet égard, il a été jusqu’au bout de toutes ses représentations de l’impossible de la sexualité non pas pour les agir, Sade n’a pas fait grand-chose de mal, mais lui c’était uniquement dans le fantasme et dans l’écriture ; donc là on a quelque chose de tout à fait étonnant parce que on voit comment il y a une libération aussi qui peut être accordée par l’expression de ce fantasme et sa transformation en objet d’art.
INSERT ICONOGRAPHIE PORTRAIT DE SADE + COUVERTURE DUN LIVRE de psychanalyse commentaire de l’article « Kant avec Sade » par J Lacan + ICONO SADIENNE (scènes d’orgies, gravures d’époque illustrant l’un de ses écrits « Justine »)
COMMENTAIRE 39
Le marquis de Sade est une figure héroïque pour les psychanalystes français qui le citent souvent en exemple pour affirmer le caractère démoniaque de la sexualité. Sade est présenté comme le héros de toutes les transgressions, brimé par la morale bien pensante. Comme tout ce qui touche à la réalité, les psychanalystes font totalement l’impasse sur le fait que le marquis de Sade a passé l’essentiel de sa vie en prison, non pas pour avoir écrit ses orgies sexuelles, mais pour avoir séquestré, violé, et torturé une dizaine de femmes, dont plusieurs étaient mineures.
INTERVIEW DE EVE, 40 ans
A l’âge de 12 ans j’ai été violée par un voisin. En plus du viol il m’a torturée et il m’a laissé des traces visibles sur mon corps de toute la torture que j’ai vécu. j’avais qu’une envie c’était de disparaître de cette planète ; une amie m’a un petit peu forcé la main pour que je puisse aller voir un psychiatre, pour qu’il puisse m’aider à rester en vie. J’ai pu lui dire que j’avais été violée, torturée, et qu’il fallait m’aider à pas sombrer. La première chose que je lui ai dit c’est que quand j’ai été violée j’ai été enfermée à clef dans cette chambre. Ce psychiatre m’enfermait dans son cabinet à clef. Il a répondu qu’il n’avait rien à voir avec le soin ; c’est là que j’ai compris que j’étais sous l’emprise de la psychanalyse. Quand je parlais de mes traumas, il me disait qu’il fallait pas que je culpabilise et qu’il fallait pas que j’aie honte parce que j’avais assouvi ma curiosité sexuelle. Je lui disais que j’avais encore des traces visibles aujourd’hui au niveau de la partie intime et lui me disait que j’avais pris du plaisir à assouvir ma curiosité sexuelle. Quand je lui demandais de pas fermer la porte à clefs il me disait qu’il faisait comme il voulait dans son cabinet. Alors je lui disais « vous vous comportez comme mon agresseur » et il me répond, oui je sais. Avec un petit sourire narquois. Plus j’allais là bas, plus j’étais mal, plus j’avais envie de… rester sur les rails du train. J’ai du être hospitalisée en psychiatrie. Il m’a reproché de m’être fait hospitaliser sans son consentement, comme s’il avait le droit de décider sur ma vie. Pendant cette hospitalisation il m’a obligée à l’appeler aux heures des séances où j’étais présente à son cabinet, sauf que moi j’avais pas envie de téléphoner ; mais c’était plus fort que moi, j’étais pris sous cette emprise où il y avait le cadre, c’était toujours le même jour, la même heure, mais j’arrivais pas à me détacher de ça. Quand je suis sortie de mon hospitalisation et que je suis retournée à son cabinet, il m’a présenté la facture des séances, les coups de téléphones, sachant que quelques fois les coups de téléphone ça durait 10 minutes, et je payais le prix d’une séance, comme si j’étais venue à son cabinet. …. 180 euros par semaine. Lors d’une séance il m’a dit que… que j’étais coupable de ce qu’il m’était arrivé. et je lui disais que c’était pas vrai mais il me disait : bien sur que si ; qu’est ce qui a fait dans votre enfance que vous acceptez pas que je puisse penser différent de vous ? Il retournait toujours une question par une autre question. C’était sans fin. J’avais le sentiment qu’il continuait la destruction que l’agresseur m’avait fait subir et malgré ça je pouvais pas m’empêcher de pas y aller. j’étais complètement manipulée. Il y a toujours ses phrases qui reviennent : « vous avez pris plaisir à assouvir votre curiosité sexuelle » « Vous faites jamais le bon choix » « Vous êtes coupable » « Vous êtes un monstre ». Il s’est servi de mes traumatismes pour me rendre encore plus vulnérable ; mais le pire c’est que je me rendais compte de tout ça et j’étais incapable de dire stop. Comme les femmes victimes de violence conjugale 1 qui se font taper dessus et qui restent.Si j’étais pas tombée sur les bonnes personnes, je serais morte aujourd’hui.
ANIMATION TROMBINOSCOPE INDIVIDUEL DES 18 PSYCHANALYSTES INTERVIEWES ET ALDO NAOURI PAR ORDRE ALPHABETIQUE
INSERT TIME LAPS PALAIS DE JUSTICE DE PARIS
COMMENTAIRE 40
Les psychanalystes n’exercent pas seulement à titre privé, ils enseignent la psychanalyse dans les universités grâce à leur double étiquette de psychologues ou psychiatres. Ils dirigent des services de psychiatrie, exercent dans des établissements médico-sociaux, et s’expriment en tant qu’experts auprès des tribunaux. Par l’intermédiaire du divan ils peuvent avoir une influence directe sur quantité d’avocats, de magistrats, de journalistes, d’artistes, d’intellectuels, d’hommes et de femmes politiques. Résultat : Culpabiliser la victime, innocenter le bourreau, défendre l’ordre patriarcal contre le droit, prêter au bébé des intentions sexuelles qui sont condamnées lorsqu’elles s’expriment chez une femme. Affirmer qu’une fillette peut être consentante d’un viol ou d’un inceste, voire coupable de ce qu’il lui est arrivé. Insinuer par l’intermédiaire du divan que la vérité est toujours ailleurs, à l’opposé du réel… Dès l’origine du mouvement pourtant, des psychanalystes se sont rebellés contre les diktats freudiens pour questionner cette vision maladive de la sexualité. Ces rares dissidents sont morts les uns après les autres sans avoir fait école, incapables de convaincre leurs confrères de remettre en question les dogmes d’une corporation sectaire, repliée sur elle même dans une démarche de plus en plus hostile au monde réel.
Pendant combien de temps encore ?
SEQUENCE ANIMATION (scènes 46, 47, 48, 49, 50)
46-EXT/JOUR/RUES
Le cadre sinue dans les rues, parmi les passants.
47-EXT/JOUR/PALAIS DE JUSTICE DE PARIS
Une avocate en tenue traverse le cadre. Son visage est agité d’un tremblement schizoïde. Elle gravit les marches du palais de justice. L’avocate gravit les marches du palais de justice. Son visage est flou et tourmenté.
Tout à coup, l’image bascule de haut en bas. Tout est inversé (= vision subjective de l’avocate).
48-INT/JOUR/CABINET DE LA PSYCHANALYSTE
A l’intérieur du bocal du poisson rouge, l’avocate gravit les marches du palais de justice, la tête en bas comme si le bocal était une boule à neige.
Le poisson rouge flotte dans son bocal sur le bureau de la psychanalyste.
49-INT/JOUR/CABINET PSYCHANALYSTE
Tout à coup le poisson rouge apparaît dans le cadre, il nage à l’avant plan dans le cabinet de
la psychanalyste, comme si celui-ci était rempli d’eau.
Les éléments du décor du cabinet défilent et flottent dans l’espace.
Close up : Les mains de Julie s’emparent du bocal du poisson rouge.
50-EXT/JOUR/PONT SAINT MICHEL
Julie étreint le bocal dans ses bras, tandis qu’elle traverse le Pont St Michel.
Thomas l’accompagne. Il se tient tout près d’elle. Le visage de Julie est désormais parfaitement normal et stabilisé. Elle a troqué sa tenue informe pour une tenue simple mais sexy, sans ostentation, comme celles qu’elle portait auparavant.
Thomas et Julie posent le bocal du poisson rouge sur le parapet du pont.
Julie plonge ses mains dans le bocal.
Julie attrape le poisson rouge et le présente à Thomas. Leurs regards se croisent.
JULIE
Grandit petit poisson. Goute à la vraie liberté.
Julie lance le poisson dans la Seine.
En touchant l’eau le poisson rouge se transforme en une baleine qui s’élance dans l’océan.
Julie et Thomas se regardent, stupéfaits.
La baleine bondit dans l’océan.
GENERIQUE DE FIN
Mié KOHIYAMA
–Le Phallus et le Néant: DOCUMENTAIRE RÉQUISITOIRE SUR LES PSYCHANALYSTES À VOIR!–
Chères amies et chers amis, Nous nous sommes retrouvées hier soir avec Natacha au cinéma le Balzac à Paris pour découvrir le nouveau documentaire de Sophie Robert consacré aux psychanalystes et leurs théories.
Un documentaire coup de poing de deux heures qui marque véritablement. Natacha et moi sommes ressorties de cette projection sidérées, sonnées voire nauséeuses.
Ce sentiment n’est évidemment pas lié au film en lui même qui entraîne le spectateur sans le lâcher du début jusqu’à la fin mais aux propos déstructurants, absurdes voire destructeurs des intervenantes.s.
Ce documentaire est le fruit d’un travail de quatre ans de la réalisatrice du « Mur » consacré à l’autisme, qui a rencontré 52 psychanalystes. Au final elle en a retenu 18 au montage. 18 représentatifs de sexe masculin et féminin et de toutes générations. Elle a également lu de très nombreux livres sur le sujet. Son documentaire ne tombe donc pas dans la caricature mais dans la présentation de théories abominables relayées depuis des générations et qui ont fait moult dégâts chez les patients…
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ces théories, on trouve pêle-mêle, l’idée que la femme a « quelque chose en moins » (le phallus), qu’elle est faite pour être « soumise » à l’homme, que l’enfant est « sexualise », que le « pédophile est un père aimant », que l’homosexualité est un « problème »….etc.
Sont également interviewées des victimes d’inceste qui ont été traumatisées par les mots de ces thérapeutes. Mots qui ont constitué un double traumatisme les ayant incités à se taire pendant des années.
Sans dévoiler plus avant le contenu, tous les praticiens interrogés exercent encore dans des lieux de soin de tout premier plan et y compris dans des universités en France.
Et les théories foutraques de ces héritiers de Freud, Lacan ou de Dolto continuent à intoxiquer les esprits dans tous les domaines de l’éducation à la santé en passant par la justice…on comprend mieux le très faible pourcentage de victimes déposant plainte pour viol, le très faible pourcentage de procès aux assises et par dessus tout cette terrible recherche du consentement chez l’enfant à un viol commis par un adulte…!
L’oeuvre de Sophie Robert -comme le disait justement une spectatrice dans le débat qui a suivi- est donc « d’utilité publique ». Si la psychanalyse a déjà été été remise en cause et que les choses changent peu à peu, ces théories restent malheureusement influentes et prédominantes.
La réalisatrice va montrer son film dans plusieurs villes de France lors de projections qui seront toujours accompagnées de débats.
A voir et à faire connaître!
Pascal A. DIETHELM
Bravo, Sophie, pour ce documentaire passionant et, en effet, sidérant. Ton montage est très intelligent et réussi à dynamiser un film dont le matériau de base est pourtant constitué d’interviews souvent insupportables tant la bêtise crasse des psys dépasse les limites de l’imaginable. C’est un défi énorme que as réussi à surmonter dans ce film, et de la plus belle manière. Nul doute que ce film contribuera, comme Le Mur l’a fait, à faire évoluer le société française et qu’il sera l’un des derniers clous dans le cercueil de la psychanalyse institutionnelle en France. Encore bravo et MERCI
Natacha BRAS
Merci encore pour ce film en tant que vice-présidente d’une association de victimes qui sans cesse sont confrontées à ces gens. Merci en tant que victime réduite au silence pendant 20 ans par ces pratiques également. Nous soutiendrons ce film bien entendu. J’ai passé une excellente soirée. Félicitations pour votre immense travail!
Josiane BONADONNA
7 ans après LE MUR qui a contribué grandement à une réelle prise de conscience des effets néfastes de la psychanalyse dans le milieu de l’autisme, LE PHALLUS ET NÉANT sort enfin en salles. Une très belle soirée d’avant-première qui fera date, avec des retrouvailles chaleureuses (trop courtes, comme toujours) mais également de très belles rencontres.
Ce film est fort, on rit bien sûr, face aux déclarations stupéfiantes mais la sidérante confrontation au réel laisse un goût amer. Les théories sur la sexualité concernent tout le monde. La psychanalyse n’est pas seulement inutile et nuisible pour l’autisme. Lors des débats suite à la projection, j’ai entendu s’exprimer le même émoi et la même colère que suite au MUR mais cette fois, ce n’était pas des parents d’enfants autistes, c’était des personnes qui, au contraire de trouver de l’aide ou tout au moins du réconfort, étaient manipulés, poussés vers l’abîme… Sophie Robert fissure un peu plus le mur et j’ai envie de dire, parents concernés par l’autisme, nous ne sommes plus seuls. Merci Sophie et bravo !
Dr Yvan RETIER
En tant que psychiatre je constate que ces dogmes imprègnent encore fortement la psychiatrie française et sont toujours enseignés dans la plupart des facultés de psychologie. S’ils sont cautionnés par les autorités de santé pour soigner des maladies, c’est grâce à des arguments similaires à ceux des gourous qui prônent la liberté de religion. Ceux qui en font usage et commerce nous les livrent ici sur un plateau, et je les en remercie.
Jacques VAN RILLAER
Ce nouveau film de Sophie Robert en freudolacanie va permettre de mieux comprendre la fascination qu’exerce la psychanalyse sur des esprits qui ne s’embarrassent pas de vérifications empiriques méthodiques des énoncés. Il offrira aussi un bon moment de rire, car la théorie de Freud et bien plus encore celle de Lacan ont un côté hautement comique. Lacan, peu avant de mourir, proclamait d’ailleurs cette bonne nouvelle: “Ce qui dans le sexuel importe, c’est le comique. C’est quand un homme est femme qu’il aime, c’est-à-dire au moment où il aspire pour quelque chose qui est son objet. Par contre, c’est au titre d’homme qu’il désire, c’est-à-dire qu’il se supporte de quelque chose qui s’appelle proprement bander. La vie n’est pas tragique. Elle est comique. Et il est assez curieux que, pour désigner ce dont il s’agissait, Freud n’ait rien trouvé de mieux que le complexe d’Œdipe, c’est-à-dire une tragédie. (Une pratique de bavardage. Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien, 1979, 19, p.9).
Richard ABIBON
Psychanalyste lacanien, psychologue auprès d’enfants autistes et handicapés
Jacques ANDRE
Psychanalyste freudien, professeur de psychopathologie à l’université Paris Diderot
Patrick AVRANE
Formé par Françoise Dolto à la psychanalyse d’enfants, vice président de la société de psychanalyse freudienne
Yann BOGOPOLSKY
Psychanalyste d’inspiration kleinienne, a travaillé en prison auprès de détenus incestueux et pédophiles
Emeline CARET
Psychanalyste freudienne, psychologue, exerce en cabinet privé et en Centre Médico-Psychologique auprès d’enfants autistes
Guidino GOSSELIN
Psychanalyste lacanien, psychologue et sexologue
Jean-Michel HIRT
Psychanalyste freudien, professeur de psychopathologie à Paris 13
Eric LAURENT
Psychanalyste lacanien, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne, ancien président de l’association mondiale de psychanalyse
Marie-Christine LAZNIK
Psychanalyste lacanienne, théoricienne de l’autisme au sein du réseau PREAUT
Christine LOISEL-BUET
Psychanalyste freudienne, psychiatre, exerce en centre médico psychologique auprès d’enfants autistes
Geneviève LOISON
Psychanalyste lacanienne, pédopsychiatre référente de la métropole lilloise
Aldo NAOURI
Pédiatre retraité, très influencé par la psychanalyse lacanienne, auteur de nombreux essais sur la toxicité maternelle
Claude PARCHLINIAK
Psychanalyste lacanienne, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne, auteur d’essais sur la femme
Gérard POMMIER
Psychanalyste lacanien, psychiatre, professeur de psychopathologie à Paris 7, Nantes et Strasbourg
Jacqueline SCHAEFFER
Psychanalyste freudienne, professeur de psychologie clinique à Paris 7, auteur d’essais sur le féminin
Monique SCHNEIDER
Psychanalyste freudienne, professeur de philosophie à Paris 7, essayiste
Esthela SOLANO-SUAREZ
Psychanalyste lacanienne, docteur en psychologie, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne
Alexandre STEVENS
Psychanalyste lacanien, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne, pédopsychiatre fondateur de l’institution LE COURTIL qui accueille à Tournai près de 250 enfants et adolescents autistes français
Jean-Pierre WINTER
Psychanalyste lacanien, spécialiste de Françoise Dolto, psychologue clinicien, essayiste
Bande annonce Le Phallus et le Néant
PREMIERES SEANCES
PARIS : mardi 6 novembre 2018 20H au cinema le Balzac (avant première nationale)
LILLE : mardi 15 janvier 2019 à 20H au cinéma Métropole
MARSEILLE : mercredi 16 janvier 2019 à 20H au cinéma le Prado
ARMENTIERES : vendredi 18 janvier 2019 à 20h au Ciné Lumières
EVREUX : lundi 21 janvier 2019 à 20H au cinéma Pathé
ANNECY (CRAN GEVRIER) : mardi 22 janvier 2019 à 20H à la Turbine
GRENOBLE : du 16 au mercredi 23 janvier 2019 à 20H au cinéma La NEF
FERNEY-VOLTAIRE : jeudi 24 janvier 2019 à 20H30 au cinéma Voltaire
ANNEMASSE : vendredi 25 janvier 2019 à 20H au Ciné Actuel
BAYONNE : lundi 28 janvier 2019 à 20H au cinema CGR de Bayonne
AGEN: mardi 29 janvier 2019 à 20H au cinéma CGR
TARBES : mercredi 30 janvier à 20H au parvis méridien
TARBES : jeudi 31 janvier 2019 à 20H au parvis méridien
TARBES : mardi 5 février à 17H30 au parvis méridien
BOURGES : jeudi 31 janvier 2019 à 20H au cinema CGR de Bourges
NIVILLAC : jeudi 31 janvier à 20H45 au cinéma la Couronne
CADILLAC : vendredi 1er février 20H30 cinéma Lux
CREON : samedi 2 février 16H au cinémax Linder
BLANQUEFORT : samedi 2 février 20H30 Cinéma les Colonnes
PERPIGNAN: jeudi 7 février à 19H au cinéma le Castillet
NIMES : vendredi 8 février à 20H au Sémaphore
PARIS : lundi 11 fevrier 2019 à 20h au cinéma Le Balzac
VILLENEUVE D’ASCQ : vendredi 15 février 20H au Kino-ciné
LABOUHEYRE: samedi 16 février 21H au Félix
VANNES : lundi 25 février à 20H au Cinéville Garenne
LE HAVRE : mercredi 27 février à 20H45 au Sirius
MAYENNE : jeudi 28 février à 20H au cinéma Vox
DINAN : vendredi 1er mars à 20H Emeraude cinéma
NANTES (ST PHILIBERT DE GRANDLIEU): mardi 5 mars 20H30 au CinéPhil
MARSEILLE : mardi 5 mars 20H au cinéma le Prado
GUEMENE SUR SCORFF : mercredi 6 mars 20H au ciné Roch
CHERBOURG : jeudi 7 mars à 20H30 au Palace
POITIERS : vendredi 8 mars à 19H30 au cinéma TAP Castille
CHATEAUROUX : lundi 11 mars à 20H au cinema CGR
TOURS : mardi 12 mars à 20H au CGR Tours centre
LYON : vendredi 15 mars à 20H au cinéma Pathé Vaise
MONTIGNY LE BRETONNEUX : vendredi 15 mars à 20H au cinéma Jacques Brel
COMPIEGNE : lundi 18 mars 20H au majestic Compiègne
CHALON SUR SAONE : mardi 19 mars 20H au Mégarama
TROYES : mercredi 20 mars à 20H au CGR de Troyes
MARLY : jeudi 21 mars 20H au Marlymage
COSNE SUR LOIRE : jeudi 21 mars 20H au cinema Eden
DIJON : vendredi 22 mars à 20H au cinema Devosges
MONTPELLIER : mardi 26 mars 19H45 au cinéma Diagonal
CARCASSONNE : jeudi 28 mars à 20H au CGR Colisée
METZ : jeudi 28 mars 20H au cinéma KLUB
ALBI : vendredi 29 mars à 20H30 au cinéma scène nationale
RABASTENS : samedi 30 mars à 20H30 au cinéma la Halle
SAINT SULPICE : dimanche 31 mars à 18H au Sejefy’s
SAINT QUENTIN (Aisne) : lundi 1er avril au cinéma CGR + la semaine du 27 mars
REIMS : lundi 8 avril 20H30 au cinéma Opéra
AVIGNON : mercredi 10 avril 20H au cinéma VOX
PRIVAS : jeudi 11 avril 20H au cinéma le Vivarais
MONTELIMAR : vendredi 12 avril 20H30 cinéma les Templiers
CACHAN : mardi 16 avril 20H au cinéma la Pléiade
CHARLEVILLE-MEZIERES : jeudi 25 avril 19H30 au Métropolis
ARRAS : vendredi 26 avril a 19H30 au Cinémovida
STRASBOURG : lundi 29 avril 20H au cinéma STEX
CLERMONT-FERRAND : mardi 30 avril 20H cinéma Rio
LYON : mardi 7 mai 18H45 cinéma Lumière Bellecour
MONTROUGE : mercredi 15 mai 20H au ciné Montrouge
GENEVE : mardi 21 mai, 20H au cinéLux
SAINT BRIEUC : vendredi 24 mai 2019 20H au cinéma le Club 6